Salomé Zourabichvili, la présidente géorgienne qui défie le gouvernement au nom des aspirations pro-européennes de son peuple, a un parcours des plus fascinants. Née à Paris de parents réfugiés ayant fui les bolchéviques, rien ne la destinait à devenir la première femme présidente de Géorgie. Et pourtant, après une carrière diplomatique de près de 30 ans pour la France, elle a choisi de se lancer corps et âme dans la politique géorgienne.
Un Destin Forgé par l’Histoire et l’Exil
Issue d’une famille d’intellectuels géorgiens en exil, Salomé Zourabichvili a grandi bercée par les récits de son aïeul Niko Nikoladzé, éminent écrivain libéral qui luttait déjà pour l’indépendance de la Géorgie face à l’Empire russe. Après des études de sciences politiques, elle a suivi les traces familiales en embrassant une carrière diplomatique au service de la France.
Une Diplomate Accomplie
Pendant près de trois décennies, Salomé Zourabichvili a représenté la France avec brio aux quatre coins du globe. De l’ONU à Washington en passant par le Tchad, elle s’est forgée une solide expérience diplomatique. Son dernier poste l’a menée dans son pays d’origine, la Géorgie, en tant qu’ambassadrice de France en 2004.
L’Appel de la Politique Géorgienne
Après la Révolution des Roses de 2003 qui a renversé le président Chevardnadzé, le nouveau leader pro-occidental Mikheïl Saakachvili nomme Salomé Zourabichvili ministre des Affaires étrangères. Mais rapidement, des dissensions apparaissent. Accusant le gouvernement de dérive autoritaire, elle est limogée en 2005 malgré le soutien populaire.
Une Opposante Déterminée
Loin de se décourager, Salomé Zourabichvili rejoint alors l’opposition en tant que députée et devient l’une des plus féroces critiques de Saakachvili. Après un passage remarqué comme experte de l’Iran à l’ONU, elle revient sur le devant de la scène géorgienne en 2016, bien décidée cette fois à peser sur le destin de son pays.
L’Élection à la Présidence
En 2018, avec le soutien initial du parti au pouvoir, elle est élue présidente de la Géorgie, devenant la première femme à occuper cette fonction. Mais très vite, elle s’oppose au gouvernement qui s’éloigne des ambitions européennes. Mettant son veto à des lois liberticides, multipliant les prises de parole, elle devient le porte-étendard de l’opposition pro-UE.
Un Combat pour la Démocratie
Bravant le pouvoir en place qui tente de la destituer, Salomé Zourabichvili refuse de quitter ses fonctions tant que de nouvelles élections ne seront pas organisées. Acclamée par la foule des manifestants pro-européens, elle se pose en « seule institution légitime » du pays face à un gouvernement qu’elle accuse de faire le jeu de Moscou.
« Je dois m’engager dans un combat politique qui ne m’a jamais attirée, que je n’ai jamais pratiqué, et qui m’est imposé »
– Salomé Zourabichvili dans « Une femme pour deux pays »
À 72 ans, celle qui a perdu son mari en 2012 n’a pas hésité à troquer une retraite paisible pour un destin national des plus tumultueux. Un engagement courageux et désintéressé qui force le respect, au service de la démocratie et de l’ancrage européen de la Géorgie. Le combat d’une vie pour Salomé Zourabichvili, présidente atypique et résolument engagée.