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Sali Berisha, ex-président albanais, libéré de sa résidence surveillée

Rebondissement dans l'affaire Sali Berisha en Albanie : l'ex-président, assigné à résidence depuis décembre pour corruption présumée, vient d'être remis en liberté. Mais il n'est pas tiré d'affaire pour autant, les poursuites se poursuivent malgré les accusations de motivations politiques. L'opposition crie victoire, affaire à suivre...

Un rebondissement inattendu vient de se produire dans l’affaire qui secoue la scène politique albanaise depuis plusieurs mois. Sali Berisha, figure incontournable du paysage politique du pays et ancien président, a été remis en liberté ce mercredi après avoir été assigné à résidence depuis le 30 décembre dernier. Une décision qui sonne comme une victoire pour l’opposition, mais qui ne signifie pas pour autant la fin des ennuis judiciaires pour l’homme politique.

Une libération sous conditions

C’est le tribunal spécial contre la corruption et le crime organisé qui a annoncé la nouvelle dans un communiqué laconique publié en milieu de journée : « Le Tribunal a décidé d’accepter la demande de Sali Berisha et de révoquer la mesure de rétention à domicile ». Une libération qui intervient près de 4 mois après le placement en résidence surveillée de l’ancien président, une mesure à laquelle il s’était opposé.

Mais attention, cette remise en liberté ne signifie pas pour autant l’abandon des poursuites à l’encontre de Sali Berisha. Le leader du Parti démocratique, principal parti d’opposition, reste visé par une enquête pour corruption, soupçonné d’avoir favorisé son gendre lors de la privatisation d’un complexe sportif appartenant à l’État en 2008, alors qu’il était Premier ministre.

Le spectre des motivations politiques

Depuis le début de l’affaire en octobre dernier, Sali Berisha a toujours clamé son innocence, qualifiant les accusations portées contre lui de « purement politiques ». Selon l’ancien président, ces poursuites seraient orchestrées par l’actuel Premier ministre Edi Rama, son principal opposant politique. Une théorie du complot qui n’a jusqu’ici pas convaincu la justice.

La libération de M. Berisha est une victoire de l’opposition.

Gazmend Bardhi, chef du groupe parlementaire du Parti démocratique

Malgré son assignation à résidence, qui lui interdisait théoriquement de communiquer avec quiconque en dehors des membres de sa famille vivant avec lui, Sali Berisha n’a jamais vraiment cessé ses activités politiques. Chaque soir, il s’adressait à ses partisans réunis au pied de son immeuble, multipliant les discours contre le gouvernement. Il donnait également quotidiennement des conférences de presse en ligne.

Une figure controversée de la politique albanaise

Premier président albanais démocratiquement élu après la chute du communisme dans les années 90, Sali Berisha est un acteur central de la vie politique du pays depuis plus de trois décennies. Après son mandat présidentiel, il a dirigé le gouvernement de 2005 à 2013.

Mais son parcours est loin d’être exempt de controverses. Depuis 2022, il est frappé d’une interdiction d’entrée aux États-Unis et au Royaume-Uni en raison de son implication présumée dans des affaires de corruption, des accusations qu’il a toujours rejetées en bloc. Des sanctions qui n’ont pas entamé sa combativité politique.

Quel avenir politique pour Sali Berisha ?

Si sa remise en liberté est incontestablement une bouffée d’oxygène pour Sali Berisha, son avenir politique reste incertain. L’enquête pour corruption le visant se poursuit et une éventuelle condamnation pourrait sonner le glas de sa carrière, lui qui à 78 ans reste l’une des principales figures de l’opposition.

Pour l’heure, l’ancien président peut savourer sa « victoire » contre ce qu’il considère comme une instrumentalisation de la justice. Mais nul doute que ses adversaires politiques, au premier rang desquels le Premier ministre Edi Rama, suivront de près les prochains développements judiciaires. L’affaire Berisha est loin d’avoir livré tous ses secrets.

Un symbole des difficultés de la lutte anticorruption

Au-delà du cas personnel de Sali Berisha, cette affaire illustre les difficultés de la lutte contre la corruption en Albanie. Régulièrement épinglé par les rapports internationaux, le pays peine à se défaire de la mainmise des intérêts particuliers et des réseaux clientélistes sur la vie publique.

La libération de l’ancien président, même si elle n’est que conditionnelle, risque d’être perçue comme un signal négatif, un nouveau revers pour ceux qui espèrent assainir la vie politique albanaise. Un combat de longue haleine qui nécessitera une volonté politique sans faille et un soutien indéfectible de la communauté internationale.

Une chose est sûre : toute l’Albanie suivra avec attention les prochains rebondissements de l’affaire Berisha. Au-delà du sort d’un homme, c’est la crédibilité de tout le système judiciaire et politique qui est en jeu. Les prochains mois seront décisifs.

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