Une nouvelle polémique secoue la France autour de Salah Hamouri, avocat franco-palestinien controversé. Selon des sources proches du dossier, une conférence qu’il devait donner lundi soir en banlieue lyonnaise a été interdite par les services de l’État, provoquant l’ire de ses soutiens qui y voient une atteinte à la liberté d’expression.
Prévue pour rassembler plus de 250 personnes, cette conférence intitulée “Les espaces de la résistance palestinienne entre occupation, prison et exil” est organisée par le collectif Urgence Palestine. Mais la préfecture a estimé dans un arrêté que l’événement intervenait dans un “contexte géopolitique particulièrement tendu” et que des “propos antisémites” ou “attisant sciemment et explicitement la haine” pourraient y être tenus.
Les autorités françaises redoutent également de probables “confrontations violentes” entre pro-palestiniens et membres de la communauté juive qui s’inquiètent fortement de la tenue de cette conférence. Le spectre de contre-manifestations plane.
Salah Hamouri conteste l’interdiction devant la justice
Face à cette décision préfectorale de dernière minute, l’avocat de Salah Hamouri, Me Vincent Brenghart, a immédiatement saisi la justice administrative en urgence. Il avait déjà obtenu gain de cause devant celle-ci en juin dernier, lors de l’interdiction d’une précédente conférence de son client.
Pour la défense de Salah Hamouri, cet arrêté porte clairement “atteinte à la liberté d’expression” et se base sur des motifs “hypothétiques” et “abstraits”. Une analyse rejetée par les autorités françaises.
Salah Hamouri, une figure clivante
Âgé de 39 ans, l’avocat franco-palestinien est devenu ces dernières années une figure controversée, suscitant autant le soutien des pro-palestiniens que l’hostilité d’une partie de la communauté juive et des autorités israéliennes.
Israël le soupçonne en effet de liens avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), considéré comme une organisation terroriste par l’État hébreu et l’Union européenne. Des accusations que Salah Hamouri a toujours niées.
Une succession d’interdictions en France
Ce n’est pas la première fois que les interventions publiques de Salah Hamouri font polémique en France. En janvier 2023, le maire de Lyon avait déjà annulé une table ronde à laquelle il devait participer à l’Hôtel de Ville.
Et en juin dernier, la justice française avait dû trancher en urgence pour autoriser la tenue d’une autre de ses conférences, initialement interdite par un arrêté municipal à Lyon. Le tribunal administratif avait alors donné raison à Salah Hamouri.
Enquête en France sur son expulsion d’Israël
Parallèlement, la justice française a ouvert mi-juillet une enquête sur les conditions de détention et d’expulsion de Salah Hamouri par Israël en 2022, suite à une plainte déposée par l’avocat au printemps.
Il y dénonce une “détention arbitraire” et des “tortures” subies lors de son incarcération dans les geôles israéliennes. Des accusations graves qui restent à prouver mais témoignent de la bataille judiciaire et médiatique qu’il mène.
Quel avenir pour Salah Hamouri en France ?
Cette nouvelle interdiction montre en tout cas que la présence de Salah Hamouri en France reste extrêmement sensible et clivante. Si ses soutiens crient à la censure, ses détracteurs voient en lui un provocateur attisant les tensions communautaires.
Au-delà de ce cas individuel, c’est toute la question de la liberté d’expression et de ses limites qui est reposée, dans un contexte de vives tensions autour du conflit israélo-palestinien. La justice, saisie en urgence, devra une nouvelle fois trancher et dire si les craintes des autorités justifient de telles interdictions.
En attendant, Salah Hamouri reste déterminé à faire entendre sa voix et sa cause, malgré les obstacles. Son combat judiciaire et politique est loin d’être terminé et continuera sans nul doute de faire couler beaucoup d’encre en France et au-delà. Un feuilleton qui n’a pas fini de diviser.