Au cœur de l’océan Atlantique, à 920 kilomètres à l’ouest des îles Canaries, un véritable coup de filet a été réalisé par les autorités espagnoles. Ce mardi, un bateau de pêche battant pavillon panaméen a été intercepté, dissimulant dans ses cales un chargement illicite d’une ampleur rarement égalée : 4 tonnes de cocaïne pure, réparties en une centaine de paquets d’environ 40 kilos chacun. Les 15 membres d’équipage ont immédiatement été placés en état d’arrestation.
Cette opération coup de poing n’est pas le fruit du hasard. Selon une source proche de l’enquête, c’est un renseignement fourni début novembre par la redoutable agence américaine anti-drogue, la DEA, qui a mis la puce à l’oreille des policiers espagnols. Les Américains avaient eu vent d’un vaste transfert de cocaïne qui devait se dérouler entre deux navires en haute mer. Le bateau intercepté était déjà dans le collimateur des autorités, ayant été sanctionné par le Panama pour de graves infractions et s’étant vu retirer sa licence de pêche.
Les Canaries, porte d’entrée de la cocaïne en Europe
Ce n’est pas un hasard si cette saisie record a eu lieu au large de cet archipel espagnol situé au large des côtes africaines. Par sa position géographique, les Canaries sont considérées par les experts comme l’une des principales portes d’entrée de la cocaïne sur le Vieux Continent. Les liens historiques avec l’Amérique latine, où la drogue est produite, en font un point de transit stratégique pour les narcotrafiquants.
Début octobre déjà, 4 tonnes de poudre blanche avaient été découvertes sur un cargo tanzanien lors d’une opération conjointe des douanes françaises et espagnoles. Et en février dernier, une identique quantité avait été saisie sur une petite embarcation avec à son bord un quatuor hétéroclite composé d’un Espagnol, d’un Marocain, d’un Moldave et d’un Roumain.
13 tonnes à Algésiras, la prise historique
Mais la prise la plus spectaculaire reste celle du 14 octobre dernier, dans le port d’Algésiras en Andalousie. 13 tonnes de cocaïne avaient été découvertes, camouflées dans un conteneur de bananes. Un record absolu pour le pays, qualifié par les autorités de “plus grande saisie de l’histoire du trafic de drogue en Espagne”. De quoi donner le tournis quand on sait qu’un gramme de cocaïne se négocie entre 60 et 80€ dans la rue.
Le combat contre le narcotrafic est une lutte de tous les instants qui mobilise d’immenses ressources. Chaque saisie est une victoire mais il faut rester humble et déterminé car les trafiquants rivalisent d’ingéniosité.
Un responsable policier.
Une coopération internationale indispensable
Face à un trafic mondialisé, qui brasse des milliards de dollars et n’hésite pas à corrompre pour arriver à ses fins, la réponse policière se doit d’être coordonnée au niveau international. L’information initiale ayant mené à cette saisie près des Canaries provenait d’ailleurs de la DEA américaine, preuve que le partage de renseignements est primordial.
Europol, l’agence européenne de police criminelle, joue aussi un rôle clé pour connecter les services des différents pays membres. En juin dernier, une opération simultanée dans 6 pays, dont l’Espagne, avait permis de démanteler un “super cartel” à l’origine d’un tiers du trafic de cocaïne en Europe. Plus de 49 tonnes avaient été saisies.
Mais la tâche est immense et les saisies, même spectaculaires, ne semblent pas tarir le flot de poudre qui inonde le Vieux Continent. La cocaïne n’a jamais été aussi disponible et consommée en Europe selon l’observatoire européen des drogues. Les bénéfices sont tels que les cartels sud-américains multiplient les routes et les cachettes, du véhicule-citerne au sous-marin en passant par les mules et les cargaisons de fruits.
Le risque zéro n’existe pas. Ils considèrent les pertes comme le coût des affaires. Mais notre harcèlement permanent les fragilise. Nous touchons aussi leurs finances en saisissant leurs avoirs. C’est un travail de longue haleine.
Un enquêteur spécialisé.
Ces 4 tonnes de cocaïne pêchées au large des Canaries sont donc un coup dur mais pas fatal pour les trafiquants. Le combat continue, sur terre comme sur mer, pour tenter d’endiguer ce fléau qui ronge nos sociétés et enrichit le crime organisé. Avec un gramme se négociant plus de 60€ dans la rue, l’appât du gain restera un moteur puissant pour les narcotrafiquants malgré les risques encourus. Aux forces de l’ordre de redoubler d’efforts et de coopération pour garder un coup d’avance dans cette interminable partie de cache-cache.