Un nouveau triste record vient d’être atteint dans la lutte contre le narcotrafic en France. Selon des révélations du nouveau Directeur général de la police nationale (DGPN) lors d’une audition au Sénat, les saisies de cocaïne ont plus que doublé en 2024 par rapport à l’année précédente, dépassant les 45 tonnes sur les 10 premiers mois de l’année. Un chiffre alarmant qui soulève de nombreuses inquiétudes sur l’ampleur du trafic et ses conséquences.
L’envers du décor des saisies records
Si les forces de l’ordre se félicitent de ces résultats, fruit d’un travail acharné sur le terrain, l’envers du décor est bien plus sombre. Car derrière ces 45 tonnes de poudre blanche se cachent des réalités tragiques :
- Une hausse des règlements de comptes sanglants entre trafiquants, faisant de nombreuses victimes collatérales
- Une cocaïne de plus en plus pure et addictive, causant des ravages sanitaires
- Des réseaux criminels toujours plus organisés et violents, défiant les autorités
Le DGPN a d’ailleurs révélé un chiffre préoccupant : si le nombre de morts liés aux règlements de comptes a baissé par rapport à 2023 (43 contre 72 sur la même période), 80 à 90% de ces homicides restent directement liés aux trafics de drogues.
Police et justice sur tous les fronts
Face à ce fléau, policiers, gendarmes et magistrats se mobilisent sans relâche. Outre les saisies records, le DGPN a mis en avant d’autres indicateurs encourageants :
- Plus de 18 100 trafiquants interpellés en 2023, et déjà 17 300 sur les 10 premiers mois de 2024
- Plus de 16 100 opérations anti-deal menées par la police depuis janvier, dont certaines “coups de poing” labellisées “Place nette”
- 29 des principaux barons de la drogue français mis hors d’état de nuire, dont certains arrêtés à l’étranger
Les résultats sont incontestables. Pour autant, nous n’avons jamais considéré que les opérations “Place nette” se suffisaient à elles-mêmes
Louis Laugier, Directeur général de la police nationale
Nouvelles drogues, nouveaux défis
Le “marché” de la drogue ne cesse hélas d’innover. Outre la cocaïne, dont la pureté augmente dangereusement, de “nouvelles drogues” posent un immense défi aux autorités. Selon le DGPN, les saisies d’amphétamines et de méthamphétamines ont bondi de 33% en 2024.
Face à l’hydre du narcotrafic, police et justice réclament de nouveaux outils. Devant les sénateurs, Louis Laugier a plaidé pour des évolutions législatives :
- Activer à distance les appareils connectés des trafiquants
- Anonymiser les enquêteurs sur les dossiers sensibles
- Basculer la corruption dans le régime de la criminalité organisée
- Étendre la garde à vue initiale à 48h pour les affaires de grand banditisme
Un combat de longue haleine
Malgré les coups portés aux réseaux criminels, nul ne se fait d’illusion : la guerre contre la drogue sera encore longue et difficile. Les 45 tonnes saisies ne représentent sans doute qu’une petite partie des quantités importées. Pour remporter ce combat, il faudra s’attaquer aux racines profondes du mal : la misère sociale, le délitement des valeurs, le culte de l’argent facile.
La répression ne suffira pas. Il faut un sursaut collectif, redonner un sens et un avenir à notre jeunesse. C’est tout l’enjeu des prochaines années.
Un haut-gradé de la police, sous couvert d’anonymat
En attendant, le ballet tragique des saisies records et des règlements de comptes mortels risque hélas de se poursuivre. Avec son lot de vies brisées et d’espoirs envolés dans les volutes de la “blanche”. Un constat amer, qui doit tous nous interpeller sur ce fléau trop longtemps ignoré.