C’est un coup de filet sans précédent qui vient d’être réalisé à Culiacan, ville du nord-ouest du Mexique tristement connue pour être le fief du puissant cartel de Sinaloa. Selon un communiqué du ministère de la Sécurité publique, les autorités ont mis la main sur l’impressionnante quantité de 4 700 litres de méthamphétamine liquide, ainsi que 269 kilos de méthamphétamine solide.
Cette saisie, qualifiée de « plus importante de l’administration actuelle », représente un manque à gagner colossal de 1,462 milliard de pesos, soit environ 72 millions de dollars, pour les organisations criminelles. Un véritable camouflet pour le cartel de Sinaloa, en proie à des luttes intestines entre différentes factions rivales.
Le fentanyl et les armes, autres fléaux
Mais le trafic de méthamphétamine n’est pas le seul défi auquel sont confrontées les autorités mexicaines. Dans l’État de Jalisco, deux individus ont été interpellés pour leur implication présumée dans le trafic de fentanyl, un opioïde de synthèse extrêmement puissant et addictif, ainsi que pour possession d’armes à feu.
Un cocktail explosif qui illustre la diversification des activités des cartels, promptes à s’adapter à la demande des marchés illicites. Et ce, malgré les pressions croissantes exercées par le voisin américain, qui n’hésite pas à agiter la menace de droits de douane si des mesures concrètes ne sont pas prises.
Des annonces en cascade pour rassurer Washington
Face aux critiques acerbes du président Donald Trump, qui accuse régulièrement le Mexique « d’inonder les États-Unis de drogues et de migrants », les autorités mexicaines ont multiplié les effets d’annonce ces derniers mois. Arrestations en série de membres de cartels, saisies spectaculaires de stupéfiants… Tout est bon pour tenter de prouver sa bonne volonté et éviter une guerre commerciale aux conséquences désastreuses.
Une stratégie payante, du moins à court terme, puisque la Maison-Blanche a accepté de reporter l’imposition de droits de douane de 25% après que la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum se soit engagée à déployer 10 000 militaires supplémentaires à la frontière. Depuis le début de ce déploiement le 5 février, près de 5 tonnes de méthamphétamine, 55 kilos de fentanyl et 489 armes à feu ont été saisis, selon un rapport officiel.
Le flux d’armes, l’autre demande du Mexique
Mais pour le gouvernement mexicain, la lutte contre le narcotrafic ne peut se concevoir sans une action résolue côté américain pour tarir le flux d’armes qui alimente les violences. Un sujet épineux outre-Atlantique, où le lobby des armes pèse de tout son poids pour défendre le sacro-saint deuxième amendement de la Constitution.
Malgré ces difficultés, les autorités des deux pays semblent déterminées à renforcer leur coopération face à ce défi commun. La récente saisie record de Culiacan en est une illustration éloquente, même si le chemin vers un démantèlement durable des cartels s’annonce encore long et périlleux.
Le Mexique est largement contrôlé par les cartels de la drogue. C’est assez triste à dire, et s’ils voulaient de l’aide pour cela, nous la leur donnerions.
Donald Trump, président des États-Unis
Un impact économique majeur pour les cartels
Au-delà de l’aspect sécuritaire, cette saisie exceptionnelle porte un coup dur au portefeuille des organisations criminelles. Avec un manque à gagner estimé à plus de 72 millions de dollars, c’est toute une manne financière qui s’envole en fumée pour les trafiquants.
De quoi fragiliser leurs réseaux et leur capacité de nuisance, même si l’hydre du crime organisé a démontré par le passé sa formidable capacité de résilience et d’adaptation. Les cartels mexicains, au premier rang desquels celui de Sinaloa, ont en effet su diversifier leurs sources de revenus au fil des années, investissant des pans entiers de l’économie légale pour recycler leurs profits illicites.
L’ombre des « narcopoliticiens »
Cette puissance financière leur a également permis de tisser des liens avec certains segments corrompus de la classe politique, les fameux « narcopoliticiens » qui ferment les yeux sur le trafic en échange de généreux pots-de-vin. Un système de connivence qui gangrène les institutions et entrave les efforts de lutte contre le crime organisé.
Malgré ces défis de taille, la saisie record de Culiacan démontre que des victoires sont possibles quand une réelle volonté politique est à l’œuvre. Elle devra cependant s’accompagner d’une stratégie globale et de long terme pour espérer enfin briser l’emprise des cartels sur le pays. Un combat de longue haleine qui nécessitera détermination, courage et coopération internationale. Les enjeux en valent la peine : la sécurité et l’avenir du Mexique en dépendent.