Cinq ans après la disparition brutale de Diego Armando Maradona, les batailles juridiques autour de son héritage continuent de faire les gros titres. Lundi, une cour d’appel argentine a pris une décision lourde de conséquences : la confirmation de la saisie des biens de plusieurs proches de la légende, accusés d’avoir détourné la gestion de sa marque. Cette affaire, qui oppose les enfants du champion du monde 1986 à son ancien avocat et à deux de ses sœurs, met en lumière les zones grises qui entourent souvent l’exploitation post-mortem d’une icône mondiale.
Une Décision Judiciaire qui Protège les Héritiers
La nouvelle est tombée comme un verdict définitif sur un terrain de football. La justice a validé l’inculpation formelle de Matías Morla, l’ex-avocat de Maradona, ainsi que de deux de ses collaborateurs proches. Ils sont poursuivis pour avoir, selon les accusations, géré de manière frauduleuse la marque « Diego Maradona » et tous ses produits dérivés. Une gestion qui, soulignent les plaignants, aurait dû revenir exclusivement aux héritiers après le décès du footballeur.
À leurs côtés dans ce dossier, deux sœurs de l’idole, Rita et Claudia Maradona, ainsi qu’une notaire, sont considérées comme complices. Le jugement rendu public est sans ambiguïté : les agissements des accusés ont porté atteinte aux droits légitimes des enfants de la star. Une atteinte qui prend aujourd’hui la forme d’une sanction financière et patrimoniale concrète.
Des Biens Saisis pour un Montant Colossal
La cour d’appel a maintenu la saisie décidée en première instance. Tous les biens, qu’ils soient matériels ou immatériels, liés à l’exploitation de la marque doivent revenir immédiatement aux héritiers. La somme bloquée est impressionnante : deux milliards de pesos argentins, soit environ 1,37 million de dollars au taux actuel. Les juges ont estimé ce montant « adéquat » au regard des préjudices subis.
Cette mesure conservatoire vise à préserver les actifs pendant que l’instruction se poursuit. Elle empêche toute dissipation supplémentaire et garantit que les enfants de Maradona pourront, le cas échéant, récupérer l’intégralité de ce qui leur revient de droit. Un signal fort envoyé par la justice dans une affaire où l’enjeu financier, mais aussi symbolique, est immense.
Car la marque « Diego Maradona » ne se limite pas à un simple nom. Elle englobe des contrats publicitaires internationaux, des licences pour des produits dérivés, des partenariats commerciaux dans plusieurs pays. Autant de sources de revenus qui continuent de générer des millions bien après la disparition du joueur.
Les Origines d’une Plainte Familiale
Tout commence en 2021, quelques mois seulement après le décès de Maradona. Deux de ses filles, Dalma et Giannina, portent plainte contre Matías Morla et ses associés. Elles leur reprochent de s’être indûment approprié la marque portant le nom de leur père. Très rapidement, les trois autres enfants reconnus de la légende se joignent à la procédure, formant un front uni.
Les plaignants affirment que l’avocat, qui gérait les affaires de Maradona depuis de longues années, a profité de sa position pour détourner à son profit l’exploitation commerciale de l’image du champion. Des contrats signés à l’étranger, des accords de licensing, tout aurait été organisé pour que les bénéfices échappent aux héritiers légitimes.
La réaction de Giannina Maradona à l’annonce de la décision d’appel est éloquente. Sur Instagram, elle a simplement écrit : « Tout finit par arriver ». Une phrase courte, mais lourde de sens, qui traduit le soulagement d’une famille en attente de justice depuis plus de quatre ans.
« Tout finit par arriver »
Giannina Maradona, sur Instagram
Un Nouveau Chapitre Commercial pour les Héritiers
Parallèlement à cette bataille judiciaire, les cinq héritiers ont décidé de reprendre la main sur l’exploitation de la marque. En octobre dernier, ils ont signé un partenariat exclusif avec l’entreprise suédoise Electa Global. L’objectif : commercialiser officiellement des produits sous le nom Maradona, en contrôlant entièrement le processus cette fois.
Ce contrat marque un tournant. Il permet aux enfants de la légende de monétiser légitimement l’héritage de leur père, tout en veillant à ce que son image soit utilisée avec respect. Des vêtements, des objets collectors, des collaborations : les possibilités sont nombreuses pour perpétuer la mémoire du numéro 10.
Cette initiative montre aussi leur détermination à tourner la page des conflits passés. Plutôt que de subir une exploitation qu’ils estiment illégitime, ils choisissent de construire eux-mêmes l’avenir commercial de la marque familiale.
Un Contexte Plus Large : les Procédures autour de la Mort
Cette affaire sur la marque ne doit pas faire oublier qu’une autre procédure, bien plus grave, est en cours. Plusieurs professionnels de santé sont poursuivis pour leur responsabilité présumée dans le décès de Maradona, survenu le 25 novembre 2020.
La légende est morte à 60 ans d’une crise cardiorespiratoire compliquée d’un œdème pulmonaire. Il se trouvait alors en convalescence dans une résidence au nord de Buenos Aires, après une opération neurochirurgicale. Les conditions de sa prise en charge médicale font l’objet d’une enquête approfondie.
Un premier procès avait été programmé, mais il a été annulé en mai dernier suite à la récusation d’une juge. Un nouveau tribunal a été constitué et les audiences reprendront le 17 mars 2026. Les familles attendent toujours des réponses claires sur les circonstances exactes de cette fin tragique.
L’Héritage Immortel d’une Icône
Au-delà des conflits juridiques, cette affaire rappelle à quel point Diego Maradona reste une figure incontournable. Cinq ans après sa mort, son nom continue de résonner dans le monde entier. Des stades portent son nom, des murals géants ornent les murs de Buenos Aires, des documentaires retracent sa vie tumultueuse.
Mais cet héritage est aussi financier. La marque Maradona représente une valeur inestimable, nourrie par la passion de millions de supporters. Protéger cette valeur, c’est aussi préserver la mémoire d’un joueur qui a marqué l’histoire du football comme peu d’autres.
Les décisions judiciaires récentes constituent une étape importante dans ce processus. Elles garantissent que ceux qui ont aimé et soutenu Maradona de son vivant puissent continuer à bénéficier de son aura, à travers les générations.
Vers une Résolution Définitive ?
La confirmation de la saisie des biens n’est qu’une étape. Le procès sur le fond devra encore déterminer les responsabilités exactes de chaque accusé. Des peines plus lourdes pourraient être prononcées si les faits de gestion frauduleuse sont pleinement établis.
Pour les héritiers, cette décision représente déjà une victoire symbolique. Elle reconnaît leur droit exclusif sur l’exploitation commerciale du nom de leur père. Elle met aussi fin à une période d’incertitude qui durait depuis trop longtemps.
Dans le même temps, elle envoie un message clair à tous ceux qui gèrent les intérêts d’une personnalité publique : la confiance placée par une icône doit être honorée, même après sa disparition. L’histoire de Maradona, faite de génie et de tourments, continue d’écrire ses chapitres, cette fois dans les tribunaux.
Une chose est certaine : le nom de Diego Maradona restera gravé dans le marbre du football mondial. Et grâce à la détermination de ses enfants, son héritage sera préservé pour les générations futures, loin des zones d’ombre qui ont trop longtemps plané.
À retenir : La justice argentine protège activement les droits des héritiers de Maradona face aux accusations de détournement de sa marque. Une saisie de plus d’un million de dollars et le retour des actifs aux enfants marquent un tournant décisif dans cette longue bataille juridique.
Le football perd parfois ses héros trop tôt, mais leur empreinte demeure. L’affaire actuelle montre que même après la fin, les luttes pour préserver cette empreinte peuvent être acharnées. Espérons que la justice permette enfin à la famille Maradona de tourner cette page douloureuse et de célébrer sereinement le génie éternel de leur père.
Car au fond, c’est cela l’essentiel : que le souvenir de Diego, le gamin des quartiers pauvres devenu dieu du ballon rond, reste pur et accessible à tous ceux qui l’ont admiré. Les tribunaux auront leur mot à dire sur les aspects matériels. Le cœur des supporters, lui, a déjà tranché depuis longtemps.









