Chaque 5 décembre, une coutume surprenante se déroule sur la petite île allemande de Borkum, en mer du Nord. Lors de la fête de « Klaasohm » (l’oncle Nicolas), les femmes sont traditionnellement fessées avec des cornes de vache par de jeunes hommes déguisés. Mais cette année, suite à une vive polémique médiatique, la pratique a été bannie au nom de la lutte contre les violences faites aux femmes.
Indignation après un documentaire choc
C’est la diffusion d’un documentaire sur la chaîne publique ARD qui a mis le feu aux poudres. On y voit des images troublantes de femmes frappées sur les fesses par des « Klaasohm », le visage dissimulé derrière d’imposants masques de peau de mouton et de plumes. Le scandale a été tel que certains vacanciers ont même annulé leurs réservations sur l’île.
Excuses du maire et mesures fermes
Face à l’ampleur de la polémique, les autorités de Borkum ont dû réagir. Le maire Jürgen Akkermann a présenté ses excuses pour ne pas avoir agi plus tôt contre ces violences. La société organisatrice de l’événement a également annoncé que les fessées seraient dorénavant interdites.
La fête s’est déroulée pacifiquement cette année. Nous avions sensiblement accru notre présence sur l’île.
Thomas Memering, chef de la police de Borkum
Une tradition aux origines obscures
Si la fête de « Klaasohm » existe depuis au moins 200 ans, ses racines exactes demeurent incertaines. Elle symboliserait le retour des hommes de la pêche et leur reprise de contrôle sur un territoire laissé aux femmes. Mais pour l’association organisatrice, les coups de corne de vache « n’ont jamais été au cœur du festival » censé « réunir la communauté insulaire ».
Une polémique qui dépasse les frontières
Au-delà de Borkum, la polémique a mis en lumière l’existence de coutumes similaires dans d’autres îles frisonnes, notamment aux Pays-Bas voisins. Elle soulève la question plus large de la perpétuation de traditions pouvant porter atteinte à la dignité humaine.
Le documentaire donnait une image déformée de la tradition. Frapper les femmes n’a jamais été au cœur du festival.
Un porte-parole de l’association organisatrice
Un déroulement pacifique sous surveillance
Cette année, environ 500 personnes ont pris part aux festivités de la Saint Nicolas sur Borkum, sous l’œil vigilant des forces de l’ordre. De nombreux spectateurs étaient également présents. Malgré les craintes, l’événement s’est déroulé dans le calme, pour la satisfaction des autorités.
Reste à savoir si cette polémique sonnera le glas définitif d’une coutume jugée d’un autre âge par beaucoup. Ou si les défenseurs de la tradition parviendront à la faire évoluer pour mieux respecter l’intégrité de tous. Un débat qui illustre la difficile conciliation entre héritage culturel et valeurs contemporaines.