Alors que la guerre fait rage en Ukraine depuis plus d’un an, la question de la responsabilité de la Russie pour les crimes commis revient sur le devant de la scène. Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a affirmé lors d’une visite dans le pays que Moscou devra rendre des comptes, quel que soit le futur accord de paix.
Une paix juste et durable passe par la justice
Pour M. Borrell, un simple cessez-le-feu ne suffira pas. La paix, pour être durable, doit s’accompagner de justice. C’est un avertissement à ceux qui voudraient mettre fin au conflit à tout prix, quitte à fermer les yeux sur les exactions.
Ce qui compte c’est que la guerre se termine d’une manière où il y ait des comptes à rendre, que ce ne soit pas seulement une reconstruction économique, mais que chacun soit comptable
Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE
Ces propos font écho aux craintes de l’Ukraine et de certains pays européens. Avec l’élection de Donald Trump, connu pour vouloir une fin rapide du conflit, beaucoup redoutent que Kiev soit poussé à des concessions territoriales.
Geler les avoirs russes pour financer la reconstruction
Au-delà des poursuites judiciaires, M. Borrell a suggéré d’utiliser les quelque 300 milliards de dollars d’actifs russes gelés par les Occidentaux pour reconstruire l’Ukraine. Une piste pour faire payer à Moscou une partie des dégâts.
Cela pourrait être utilisé pour payer ces comptes à rendre et pour l’indemnisation des gens qui ont souffert, pour les destructions produites par l’invasion russe
Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE
Le défi des poursuites judiciaires internationales
Mais amener les responsables russes devant la justice reste un véritable casse-tête. Malgré les 140 000 dossiers de crimes de guerre ouverts par l’Ukraine et les mandats d’arrêt contre Vladimir Poutine et des hauts gradés, les efforts pour créer un tribunal international piétinent.
Pour l’instant, Kiev peut compter sur le soutien de ses alliés pour rassembler des preuves et mener ses propres enquêtes. Mais obtenir que les principaux responsables répondent de leurs actes nécessitera une volonté politique internationale sur le long terme.
Eviter l’impunité, un enjeu crucial pour l’avenir
Au-delà du cas ukrainien, c’est la crédibilité de la justice internationale qui est en jeu. Laisser les crimes de guerre et contre l’humanité impunis serait un dangereux précédent. Cela reviendrait à donner un blanc-seing aux agresseurs.
La communauté internationale se doit donc d’être au rendez-vous. Les victimes ukrainiennes, comme toutes les victimes de conflits, ont droit à la vérité, à la justice et à la réparation. C’est à ce prix que des paix durables pourront être bâties.
Au final, ce qui fera la différence entre une paix des braves et une paix des lâches, ce n’est pas seulement quand et comment la guerre s’arrêtera. C’est aussi et surtout ce que nous ferons ensuite des crimes qui ont été commis.
Un défi immense attend donc l’Ukraine et la communauté internationale au lendemain de la guerre. Mais un défi à la hauteur des souffrances endurées et des principes à défendre. Car sans justice, la paix ne sera qu’un vain mot.