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Russie, Iran et Turquie Coordonnent Pour Stabiliser la Syrie

La Russie, l'Iran et la Turquie, acteurs majeurs du conflit syrien, intensifient leurs échanges diplomatiques pour tenter de stabiliser la Syrie face à la forte poussée des rebelles. Parviendront-ils à ramener la paix dans ce pays meurtri par des années de guerre ?

Alors que la Syrie est secouée par une puissante offensive rebelle, la Russie, l’Iran et la Turquie, trois acteurs clés du conflit, intensifient leurs efforts diplomatiques pour tenter de stabiliser la situation. Selon Moscou, les chefs de la diplomatie des trois pays sont en « contact étroit » afin de coordonner leurs actions.

Un Processus de Paix Fragile Menacé

Depuis le 27 novembre, une coalition de groupes rebelles dominée par l’organisation islamiste radicale Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a lancé une offensive fulgurante dans le nord-ouest de la Syrie. En quelques jours, ils ont pris le contrôle de dizaines de localités et d’une grande partie de la ville d’Alep, poursuivant leur progression vers le sud jusqu’aux portes de Hama.

Cette nouvelle flambée de violences menace le fragile cessez-le-feu instauré en 2020 sous l’égide de la Russie et de la Turquie. Elle risque de réduire à néant les efforts diplomatiques entrepris ces dernières années pour tenter de mettre fin à un conflit qui a déjà fait près d’un demi-million de morts depuis 2011.

Le Format d’Astana en Première Ligne

Face à cette situation préoccupante, les ministres des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, iranien Mohammad Javad Zarif et turc Mevlüt Çavuşoğlu, qui forment le trio des pays garants du processus de paix dit d’Astana, sont en première ligne. D’après la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, ils sont « en contact étroit » pour tenter de stabiliser la situation.

Nous espérons que tous les Etats qui ont une influence sur la situation sur le terrain en Syrie l’utiliseront dans l’intérêt du rétablissement de la sécurité et de la stabilité dans ce pays dès que possible.

Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe

Le processus d’Astana, lancé en 2017 en parallèle des négociations sous l’égide de l’ONU à Genève, a permis d’instaurer plusieurs zones de désescalade et de réduire l’intensité des combats ces dernières années. Mais avec la reprise de l’offensive rebelle, son avenir semble aujourd’hui plus incertain que jamais.

Divisions et Jeux d’Influence

Si la Russie, l’Iran et la Turquie affichent leur volonté commune de stabiliser la Syrie, leurs intérêts divergent sur le terrain. Moscou et Téhéran sont les principaux soutiens du régime de Bachar al-Assad, qu’ils ont aidé militairement à reprendre le contrôle de larges pans du territoire. Ankara en revanche appuie certains groupes rebelles et cherche surtout à contenir les milices kurdes qu’elle considère comme une menace à sa sécurité.

Malgré ces divisions, les trois pays sont conscients qu’une dégradation supplémentaire de la situation pourrait avoir des conséquences désastreuses, avec des risques de déstabilisation régionale et une possible résurgence de l’État islamique. Selon une source diplomatique citée par l’agence Ria Novosti, un conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei serait actuellement à Moscou pour des consultations à haut niveau.

Un Conflit Interminable

Déclenchée en 2011 par la répression sanglante de manifestations pacifiques anti-régime, la guerre civile syrienne s’est complexifiée au fil des années avec l’implication de multiples acteurs régionaux et internationaux. Malgré plusieurs rounds de négociations à Genève et Astana, aucune solution politique globale n’a pu être trouvée.

Les récents succès militaires de l’opposition armée, bien que significatifs, ne devraient pas changer fondamentalement la donne selon les experts. Le régime de Damas contrôle toujours la majeure partie du pays avec le soutien de ses alliés russes et iraniens. Surtout, aucune des parties ne semble prête à faire les concessions nécessaires pour mettre fin durablement aux hostilités.

Dans ce contexte, les efforts diplomatiques de Moscou, Téhéran et Ankara pour stabiliser la situation apparaissent comme un énième pari sur un conflit qui a déjoué jusqu’ici toutes les tentatives de règlement. Mais face aux souffrances interminables du peuple syrien et aux risques de nouvelles déflagrations, la communauté internationale ne peut qu’espérer que cette fois sera la bonne.

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