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Rupture d’un câble télécom: Berlin et Helsinki évoquent une menace russe

Berlin et Helsinki tirent la sonnette d'alarme sur une potentielle "guerre hybride" après la mystérieuse coupure d'un câble sous-marin stratégique. Une nouvelle forme de menace se profile-t-elle à l'horizon ? L'enquête est en cours...

L’Europe retient son souffle. Lundi, les gouvernements allemand et finlandais ont exprimé leur vive inquiétude et évoqué la possibilité d’une “guerre hybride”, en réaction à la rupture d’un câble sous-marin de télécommunication crucial reliant leurs deux pays. Cet incident troublant, survenu dans les eaux de la mer Baltique, soulève de sérieuses interrogations quant à la menace que représenterait la Russie pour les infrastructures stratégiques européennes.

Une enquête approfondie en cours

Face à cet événement aux causes encore non élucidées, les ministres des Affaires étrangères allemand et finlandais, Annalena Baerbock et Elina Valtonen, ont publié une déclaration commune. Elles ont souligné qu’une “enquête approfondie” était en cours pour déterminer l’origine de la rupture du câble C-Lion1, qui s’étend sur 1172 kilomètres entre Helsinki et Rostock.

Selon une source proche du dossier, l’opérateur du câble, le groupe technologique finlandais Cinia, aurait détecté lundi un “défaut” ayant entraîné la coupure de toutes les connexions par fibre optique transitant par cette infrastructure. Un représentant de l’entreprise a insisté sur le fait qu’une telle rupture était très improbable sans “impact extérieur”.

Des soupçons de dommages intentionnels

Pour les ministres Baerbock et Valtonen, cet incident suscite immédiatement des soupçons de dommages portés intentionnellement. Elles estiment que la sécurité européenne est aujourd’hui menacée non seulement par “la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine”, mais aussi par les “guerres hybrides menées par des acteurs malveillants”.

Ces propos font écho à l’utilisation croissante par les pays européens du terme “guerre hybride” pour qualifier les actions de déstabilisation attribuées à Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022. Face à la recrudescence de ces attaques, certains appellent à renforcer la coopération en matière de renseignement au sein de l’UE, comme le préconisait récemment l’ancien président finlandais Sauli Niinistö dans un rapport remis à la Commission européenne.

Une région sous haute surveillance

Cet incident rappelle la fermeture en octobre dernier d’un gazoduc sous-marin entre la Finlande et l’Estonie, endommagé par l’ancre d’un cargo chinois. Il fait aussi inévitablement écho au mystérieux sabotage des gazoducs russes Nord Stream en mer Baltique en septembre 2022, une affaire qui n’a toujours pas été élucidée malgré les accusations visant l’Ukraine rapportées par le Wall Street Journal.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Finlande a considérablement renforcé la surveillance des incidents en mer Baltique. Cette région est devenue un véritable point chaud géostratégique, les infrastructures critiques sous-marines y étant particulièrement exposées aux actes de malveillance.

Vers une nouvelle ère d’insécurité ?

Au-delà de son impact sur les télécommunications, la rupture du câble C-Lion1 cristallise les craintes grandissantes en Europe d’une nouvelle forme de conflictualité. Avec la multiplication des incidents suspects visant des infrastructures stratégiques, c’est tout un continent qui s’interroge sur sa vulnérabilité face aux menaces hybrides.

Alors que l’enquête sur les causes de la rupture se poursuit, Berlin et Helsinki ont clairement exprimé leur volonté d’y voir clair et de ne rien laisser au hasard. Leur mise en garde contre la “guerre hybride” résonne comme un appel à la vigilance collective face à un risque protéiforme qui pourrait durablement bouleverser la donne sécuritaire en Europe.

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