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Rugbymen Inculpés de Viol en Argentine : La Justice Examine un Non-Lieu

Un dénouement proche pour les rugbymen français inculpés de viol en Argentine ? Après 5 mois d'enquête, la justice examine la demande de non-lieu des avocats. Les versions s'opposent, le rugby français retient son souffle...

L’affaire des rugbymen français inculpés de viol aggravé en Argentine pourrait bientôt connaître son épilogue. Après près de cinq mois d’une procédure éprouvante, rythmée par des reports d’audiences et des recours en tous genres, la justice argentine examine ce lundi la demande d’abandon des poursuites formulée par les avocats des deux internationaux, Hugo Auradou et Oscar Jegou.

Un huis clos décisif à Mendoza

C’est au pôle judiciaire de Mendoza, dans l’ouest du pays, que se joue peut-être la fin d’un feuilleton judiciaire qui tient en haleine le rugby français. Loin des terrains et des supporteurs, les avocats de la plaignante, une Argentine de 39 ans mère de deux enfants, et ceux des joueurs débattront à huis clos du non-lieu demandé fin août par la défense des deux jeunes hommes. Un réquisitoire auquel le parquet devrait lui aussi se rallier, ayant annoncé qu’il plaiderait l’abandon des poursuites au vu des éléments de l’instruction.

Une décision pourrait être rendue dans la foulée de l’audience par la juge qui préside les débats. Plus vraisemblablement, elle devrait être mise en délibéré pour quelques jours, selon des sources proches du dossier. Quelle qu’elle soit, elle sonnera comme un tournant majeur dans cette affaire retentissante.

Deux joueurs dans l’incertitude

À plus de 11 000 kilomètres de là, Hugo Auradou et Oscar Jegou, 21 ans tous les deux, ont retrouvé un semblant de normalité. Autorisés à rentrer en France début septembre après le feu vert de la justice argentine, ils ont repris le fil de leur carrière de rugbymen professionnels. Le premier dès octobre, le second depuis novembre. Ce week-end encore, tous deux étaient sur le pré pour disputer des rencontres de Top 14 avec leurs équipes. Mais derrière ce retour apparent à la normale, une épée de Damoclès continue de peser au-dessus de leurs têtes. Inculpés de viol aggravé car commis en réunion, un crime passible de 8 à 20 ans de réclusion en Argentine, ils risquent gros si leur demande de non-lieu est rejetée et qu’un procès est ordonné. Une hypothèse que le parquet, visiblement, n’envisage plus.

Des versions radicalement opposées

Les faits présumés remontent à la nuit du 6 au 7 juillet, dans une chambre d’hôtel de Mendoza où le XV de France venait de disputer un test-match contre les Pumas, suivi d’une soirée arrosée. Depuis le début, Auradou et Jegou clament leur innocence, assurant que les relations sexuelles avec la plaignante, rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties et exemptes de toute violence.

Une version en tous points contredite par l’accusation, qui dénonce un viol avec une « violence terrible ». Dans ce genre d’affaires, la question du consentement est souvent au coeur des débats. Mais ici, le fossé est apparu béant entre deux récits radicalement opposés. Avec pour seul point de convergence : des actes sexuels avérés dans la chambre d’hôtel, sur fond d’alcoolisation massive.

Une accusation fragilisée

Au fil des investigations, de l’examen des témoignages, des images de vidéosurveillance et des échanges de messages, « il ressort clairement (…) que l’accusation initiale a perdu de sa force », avait souligné le parquet pour justifier le retour des joueurs dans l’Hexagone. Après un peu plus d’une semaine de détention préventive début juillet, ils avaient passé près d’un mois assignés à résidence avant de pouvoir rentrer.

Il s’agit d’une dénonciation scandaleuse, d’un mensonge éhonté avec des visées financières, sans quoi il n’y a pas d’autre explication.

– Maître German Hnatow, avocat des joueurs

Une thèse battue en brèche par l’avocate de la plaignante, pour qui sa cliente n’était pas consentante et a subi d’atroces violences. Tout au long de la procédure, elle a dénoncé une justice partiale, influencée par le fait qu’un des avocats des rugbymen est le frère du ministre argentin de la Justice. Son autre client s’est retiré du dossier.

Une affaire qui secoue le rugby français

Au-delà du sort judiciaire des deux joueurs, c’est tout le rugby français qui continue de digérer l’onde de choc de « la nuit de Mendoza ». Un tourbillon dans lequel a été emporté un autre international, Melvyn Jaminet, sanctionné pour avoir tenu des propos racistes sur ses réseaux sociaux lors de ce déplacement.

Si les trois victoires des Bleus pendant la tournée d’automne ont quelque peu fait retomber la pression, les instances n’en ont pas moins promis un « après-Mendoza ». Avec à la clé une grande réflexion sur le cadre de vie des joueurs, leur consommation d’alcool, le déroulement des tournées, la prévention des comportements déviants et les sanctions.

Un chantier de longue haleine, alors que le procès des deux joueurs, lui, pourrait ne jamais voir le jour. Réponse imminente dans le prétoire de Mendoza.

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