C’est une affaire qui secoue le rugby français. Deux jeunes joueurs prometteurs du XV de France, actuellement en tournée en Argentine, ont été inculpés vendredi de viol aggravé par le parquet de Mendoza. Oscar Jégou, troisième ligne de La Rochelle, et Hugo Auradou, deuxième ligne de Pau, risquent entre 8 et 20 ans de prison.
Une soirée qui vire au drame
Selon les premiers éléments de l’enquête, les faits se seraient déroulés dans la nuit de samedi à dimanche dernier, après la victoire des Bleus face aux Pumas argentins (30-27). Les deux joueurs, âgés de 23 ans, auraient rencontré une jeune femme lors d’une soirée arrosée et l’auraient ensuite agressée sexuellement dans la chambre d’hôtel d’Auradou.
La victime présumée, âgée d’une vingtaine d’années, a porté plainte dès le lendemain. Elle a affirmé avoir été violée par les deux hommes et a fourni un certificat médical attestant de blessures compatibles avec des violences sexuelles. Jégou et Auradou ont d’abord été placés en garde à vue puis présentés à un juge.
Inculpation et placement en détention
Au terme d’une audience de mise en accusation, le parquet de Mendoza a procédé vendredi à «l’inculpation formelle» des deux Français pour «violence sexuelle avec pénétration, aggravée par la participation de deux personnes». Un chef d’accusation passible de 8 à 20 ans de réclusion en Argentine.
Dans l’attente de l’examen d’une demande de placement en résidence surveillée déposée par leurs avocats, «les deux joueurs resteront en détention», a précisé le parquet dans un communiqué. Ils ont été transférés dans une prison de la province de Mendoza.
Premières réactions des institutions
Du côté de la Fédération Française de Rugby (FFR), qui chapeaute la tournée du XV de France, c’est la consternation. Dans un communiqué laconique publié vendredi soir, elle dit avoir «pris connaissance des faits reprochés» et se tenir «à la disposition de la justice argentine».
Le staff des Bleus, sous le choc, a décidé dès mercredi d’écarter les deux joueurs du groupe et de les renvoyer en France «par mesure conservatoire». Mais il entend respecter la présomption d’innocence et «laisser la justice faire son travail».
Les clubs d’Oscar Jégou et Hugo Auradou, qui sont sous contrat professionnel, ont également réagi avec circonspection. Dans des communiqués similaires, le Stade Rochelais et la Section Paloise disent «prendre acte de la situation» et se tenir «à disposition des autorités compétentes» pour faire la lumière sur cette affaire.
De lourdes répercussions à prévoir
Quelles que soient les suites judiciaires, ce nouveau scandale risque de ternir durablement l’image du rugby français, déjà éclaboussé ces dernières années par des affaires de violences sexuelles impliquant des joueurs.
Il va falloir tirer les leçons de ce type de dérapages inacceptables et renforcer la prévention et la sensibilisation des joueurs sur ces questions.
Un dirigeant de la FFR
Sur le plan sportif aussi, les répercussions pourraient être lourdes pour les deux internationaux, considérés comme de grands espoirs à leur poste. Même s’ils évitent la prison, une suspension de longue durée semble inévitable, ce qui compromettrait sérieusement leurs chances de disputer la Coupe du monde 2023 en France.
Cette affaire sordide vient en tout cas rappeler que le sport de haut niveau n’est pas un monde à part, protégé des dérives et des turpitudes de la société. Et que la notoriété ne met pas à l’abri des poursuites judiciaires quand des lignes rouges sont franchies. Les jeunes rugbymen français en font aujourd’hui l’amère expérience.