L’ancien président du Racing Club Narbonnais et ex-international australien Rocky Elsom est dans la tourmente. Condamné ce vendredi par le tribunal correctionnel de Narbonne à cinq ans de prison pour abus de biens sociaux, il fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt international. Une affaire qui ébranle le monde du rugby et met en lumière les dérives financières qui peuvent gangrener les clubs.
Un ancien Wallaby introuvable
Rocky Elsom, 40 ans, n’est pas un inconnu dans le monde du rugby. Ancien capitaine des Wallabies, la légendaire équipe nationale australienne, il compte 75 sélections au poste de troisième ligne. Une carrière brillante qui l’a mené jusqu’à la présidence du Racing Club Narbonnais en 2015.
Mais c’est dans l’exercice de ces fonctions que l’ancien international va déraper. Jugé coupable de faux, usage de faux et surtout d’abus de biens sociaux, il a été condamné à une lourde peine de prison. Seulement voilà, pendant toute la procédure, Rocky Elsom est resté introuvable et injoignable. D’où le mandat d’arrêt international lancé à son encontre.
Des dépenses injustifiées
Parmi les faits qui lui sont reprochés, Rocky Elsom aurait notamment versé 79 000 euros à un ancien entraîneur sans aucune justification. Il aurait également embauché un directeur général fantôme, vivant en Australie, payé 7 200 euros par mois sans jamais venir à Narbonne ni effectuer de prestation pour le club.
La présidente du tribunal a prononcé une peine supérieure aux réquisitions de la procureure à hauteur de deux ans de prison ferme.
– Me Patrick Tabet, avocat de la partie civile
En plus de sa condamnation à de la prison ferme, l’ex-président devra verser 705 000 euros de dommages et intérêts au liquidateur judiciaire du club. Une somme colossale qui témoigne de l’ampleur du préjudice.
Un club historique en perdition
Cette affaire est un nouveau coup dur pour le Racing Club Narbonnais. Ce club emblématique du rugby français, champion de France en 1936 et 1979, a connu de grandes difficultés financières ces dernières années. Difficultés qui ont mené à sa mise en liquidation judiciaire et à sa relégation en Fédérale 1 en 2018.
Aujourd’hui, le club évolue en Nationale, l’antichambre de la Pro D2, après avoir échoué de peu à monter la saison dernière. Mais les stigmates des années Elsom sont encore bien présents. Cette condamnation est un nouveau chapitre sombre de l’histoire récente du club audois.
Le rugby français face à ses dérives
Au-delà du cas Rocky Elsom, cette affaire met en lumière les dérives qui peuvent exister dans le rugby professionnel. Pressions financières, enjeux sportifs, les tentations sont nombreuses pour contourner les règles et abuser des biens du club.
- Plusieurs clubs professionnels ont connu des difficultés financières majeures ces dernières années.
- La DNACG, gendarme financier du rugby, a durci ses contrôles et ses sanctions.
- La gouvernance des clubs est de plus en plus scrutée pour éviter les dérives.
Le rugby français n’est pas exempt de tout reproche en la matière. Il doit redoubler de vigilance pour assainir sa gestion et retrouver une crédibilité écornée par ce type d’affaires. La condamnation de Rocky Elsom doit servir d’électrochoc et rappeler à tous les dirigeants leurs devoirs et leurs responsabilités.
Une image écornée
Pour le Racing Club Narbonnais, cette condamnation est un nouveau coup dur qui vient ternir un peu plus son image. Le club va devoir se reconstruire sportivement mais aussi redorer son blason. Une tâche ardue qui nécessitera l’implication de tous, dirigeants, joueurs et supporters.
Quant à Rocky Elsom, sa cavale ne devrait pas durer éternellement. Avec un mandat d’arrêt international, il est activement recherché et devra un jour ou l’autre répondre de ses actes devant la justice. Une bien triste fin pour celui qui fut l’un des meilleurs joueurs de sa génération.
Cette affaire est un véritable séisme pour le rugby français. Elle rappelle que les dérives financières et de gouvernance ne sont jamais bien loin, y compris dans un sport qui se veut exemplaire. Transparence, rigueur et éthique doivent plus que jamais être les maîtres mots des dirigeants pour éviter ce type de scandales qui entachent l’image de tout un sport.