Le monde du rugby français est une nouvelle fois secoué par les déboires extra-sportifs de l’un de ses joueurs. Mohamed Haouas, pilier du Montpellier Hérault Rugby (MHR), a été placé en garde à vue dans la nuit de dimanche à lundi après avoir été interpellé au volant de son véhicule en état d’ivresse, selon des informations rapportées par une source proche du dossier. Le joueur de 28 ans, qui compte 16 sélections en équipe de France, devra répondre de ses actes devant la justice le 4 février prochain.
Un passé judiciaire déjà chargé
Cette nouvelle affaire vient s’ajouter à une liste déjà longue de démêlés judiciaires pour Mohamed Haouas. En effet, le natif de Montpellier a déjà eu affaire à la justice à plusieurs reprises depuis 2014, alors qu’il n’était pas encore joueur professionnel. Il avait notamment été condamné en 2022 à 18 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende pour des cambriolages commis en 2014.
Mais c’est surtout l’affaire de violences conjugales qui avait fait grand bruit en 2023. Placé en garde à vue pour avoir agressé son épouse sur son lieu de travail, Haouas avait écopé d’un an de prison ferme, peine aménageable. Suite à cet épisode, la Fédération Française de Rugby (FFR) avait mis un terme à sa carrière internationale, tandis que son transfert à Clermont avait été annulé.
L’accompagnement des sportifs en question
Au-delà du cas individuel de Mohamed Haouas, cette nouvelle affaire remet sur le devant de la scène la question de l’accompagnement des sportifs de haut niveau. Comment prévenir ces comportements déviants ? Quels dispositifs mettre en place pour aider les athlètes en difficulté, tant sur le plan sportif que personnel ? Autant d’interrogations qui appellent une réflexion collective de la part des instances du rugby, des clubs et de l’ensemble des acteurs concernés.
Car si les faits reprochés à Mohamed Haouas relèvent avant tout de sa responsabilité individuelle, ils sont aussi le symptôme d’un mal-être plus profond. Propulsés très jeunes sous le feu des projecteurs, soumis à une pression constante de performance, les rugbymen professionnels peuvent parfois se sentir dépassés, en perte de repères. Un constat qui appelle des réponses concrètes, à la fois en termes de prévention et d’accompagnement.
Le MHR face à ses responsabilités
Pour le Montpellier Hérault Rugby, qui avait pourtant conditionné le retour de Mohamed Haouas à un « comportement exemplaire », cette nouvelle affaire est un véritable coup dur. Le club, qui s’était engagé à fournir un soutien à son joueur en collaborant avec le Centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales, va devoir s’interroger sur l’efficacité de son dispositif d’accompagnement.
Car au-delà de l’aspect purement sportif, c’est bien l’image et les valeurs véhiculées par le club qui sont en jeu. En acceptant de réintégrer un joueur au passé judiciaire chargé, le MHR avait pris un pari risqué. Un pari qui semble aujourd’hui bien mal engagé, au vu des derniers événements.
Quelle suite pour Mohamed Haouas ?
Quant à Mohamed Haouas, son avenir apparaît plus incertain que jamais. Déjà privé de sélection nationale et fragilisé par ses précédentes condamnations, le pilier montpelliérain joue sans doute sa dernière carte. La décision de justice attendue le 4 février prochain sera déterminante pour la suite de sa carrière.
Mais au-delà des sanctions sportives ou judiciaires, c’est un véritable travail de fond qui attend le joueur. Un travail sur lui-même, pour comprendre et corriger les comportements qui l’ont conduit à ces situations délicates. Un chemin long et difficile, qui nécessitera un accompagnement étroit et bienveillant de la part de son entourage, professionnel comme personnel.
Un électrochoc pour le rugby français ?
Plus largement, le cas Mohamed Haouas doit servir d’électrochoc pour l’ensemble du rugby français. Au-delà des déclarations d’intention et des mesures ponctuelles, il est temps d’engager une réflexion de fond sur la prise en charge des joueurs en difficulté. Formation, sensibilisation, suivi psychologique… Les pistes d’action sont nombreuses et méritent d’être explorées en profondeur.
Car c’est bien la responsabilité de tout un sport qui est engagée. Au-delà des performances sur le terrain, le rugby véhicule des valeurs – respect, solidarité, dépassement de soi – qui doivent aussi s’incarner en dehors. En prenant à bras le corps la question du suivi de ses joueurs, en les accompagnant dans leur construction en tant qu’hommes et pas seulement en tant que sportifs, le rugby français enverra un signal fort. Celui d’un sport conscient de ses responsabilités, soucieux du bien-être de ses acteurs et déterminé à se remettre en question pour avancer. Un défi de taille, mais un défi à la hauteur des enjeux.