C’est un véritable exode qui se joue actuellement à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Alors que l’investiture de Donald Trump approche à grands pas, des centaines de migrants d’Amérique latine tentent le tout pour le tout pour atteindre le sol américain avant qu’il ne soit trop tard. Une course effrénée contre la montre s’est engagée pour ces hommes, femmes et enfants, prêts à braver tous les dangers pour concrétiser leur rêve américain tant qu’il est encore possible.
Un périple semé d’embûches et d’incertitudes
Depuis la ville mexicaine de Tapachula, proche de la frontière guatémaltèque, des milliers de migrants ont entamé un périple incertain et éprouvant de plus de 2000 kilomètres. Leur objectif : rallier coûte que coûte la frontière américaine avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump le 20 janvier prochain. Ce trek de l’espoir est le troisième du genre depuis l’élection de Trump début novembre.
Dans la peur et la précipitation, ces migrants de diverses nationalités avancent en caravane, unis par l’espoir d’une vie meilleure mais aussi la crainte d’un avenir assombri par les promesses de Trump. Parmi eux, de nombreux Vénézuéliens fuyant la crise économique et politique qui ravage leur pays. Comme l’explique Alexandre Altuve, l’un d’entre eux : « Ce n’est un secret pour personne ce qui se passe politiquement au Venezuela, il n’y a pas d’avenir pour notre génération. »
Fuir un quotidien devenu invivable
Pour ces migrants, le rêve américain apparaît comme la seule échappatoire à un quotidien fait de violences, de pénuries et d’absence totale de perspectives. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez, puis de son successeur Nicolas Maduro, le Venezuela a vu plus de 7 millions de ses citoyens prendre le chemin de l’exil.
Nous sommes dans un compte à rebours, tout est incertain. Nous espérons que ce soit de la volonté de Dieu et non de la nôtre.
– Romersi Alvarez, migrante vénézuélienne
Mais le chemin est long et dangereux. Beaucoup n’atteindront jamais leur destination. La traversée de l’Amérique centrale est un véritable parcours du combattant : violence des gangs, racket des passeurs, risque d’enlèvement, épuisement physique et moral mettent à rude épreuve la détermination des candidats à l’exil.
Une politique migratoire qui se durcit
Si l’afflux de migrants aux portes des États-Unis est un phénomène ancien, il connaît actuellement une intensité inédite, alimentée par les déclarations fracassantes de Donald Trump. Le président élu a en effet promis une politique migratoire d’une fermeté sans précédent :
- Construction d’un mur à la frontière mexicaine
- Expulsion de millions de sans-papiers
- Restriction drastique des conditions d’asile et d’immigration légale
Autant de menaces qui font craindre le pire aux candidats à l’exil, bien décidés à tenter leur chance avant qu’il ne soit trop tard. Car une fois les mesures anti-immigration mises en place, franchir la frontière relèvera de l’impossible. C’est un véritable compte à rebours qui est enclenché.
Le Mexique, un pays de transit sous pression
Coincé entre l’enclume des pays d’Amérique centrale et le marteau américain, le Mexique se retrouve en première ligne face à cet afflux migratoire inédit. Pays de transit pour les migrants cherchant à rejoindre les États-Unis, il doit composer avec la pression de Washington qui l’accuse de laxisme dans le contrôle de ses frontières.
En réaction, le gouvernement mexicain a durci le ton, multipliant les contrôles, les interpellations et les expulsions de clandestins. Mais rien n’y fait, les candidats à l’exil continuent d’affluer, toujours plus nombreux à mesure que la date fatidique du 20 janvier approche.
Unis dans l’adversité
Face aux obstacles et aux incertitudes, les migrants font preuve d’une solidarité et d’une entraide à toute épreuve. Au sein des caravanes qui progressent vers le nord, on s’épaule, on se soutient, on partage le peu que l’on a. Cette union dans l’adversité apparaît comme la clé de la résilience de ces hommes et de ces femmes qui ont tout quitté pour un avenir meilleur.
On s’entraide, on reste soudés. C’est notre force face à toutes les épreuves. Seuls, on n’y arriverait pas.
– Carlos, migrant hondurien
Ensemble, ils puisent la force d’avancer, de surmonter la fatigue, la peur, les doutes. Ensemble, ils gardent l’espoir d’atteindre un jour cette terre promise qui les fait tant rêver. Les États-Unis, eldorado inaccessible pour une vie enfin digne.
Un avenir plus qu’incertain
Mais combien sont-ils à pouvoir concrétiser ce rêve américain devenu presque inaccessible ? Si certains parviennent à franchir la frontière et à entamer une nouvelle vie, beaucoup se retrouvent bloqués au Mexique, refoulés par les gardes-frontières ou tout simplement à bout de forces.
Et même pour ceux qui atteignent leur destination, l’avenir s’annonce difficile. Sans papiers, menacés d’expulsion, exploités par des employeurs peu scrupuleux, nombre de ces migrants risquent de connaître désillusion et déception sur cette terre qu’ils ont tant idéalisée.
Car le durcissement annoncé de la politique migratoire américaine fait planer le spectre d’une véritable chasse aux clandestins. Expulsions massives, séparation des familles, fin des régularisations : le rêve peut rapidement virer au cauchemar.
Une situation intenable appelée à perdurer
Au-delà du sort de ces milliers de migrants pris dans la tourmente de l’Histoire, c’est la question de la gestion des flux migratoires qui se pose avec acuité. Car tant que subsisteront misère, violence et absence de perspectives dans les pays d’origine, des hommes et des femmes continueront de tout quitter pour tenter leur chance ailleurs.
Les murs et les barbelés n’ont jamais arrêté ceux qui fuient la faim et la guerre. Pas plus que la répression ne règlera un problème qui appelle des solutions politiques, économiques et humaines de long terme. Des solutions de coopération entre pays d’origine, de transit et de destination. Des solutions donnant à chacun des perspectives d’avenir sur sa terre natale.
En attendant, ils sont des milliers à vivre l’angoisse et l’incertitude aux portes du rêve américain. Des milliers à se démener pour saisir leur chance avant qu’il ne soit trop tard. Avant que ne se referme peut-être définitivement ce qui apparaît à leurs yeux comme la seule promesse d’une vie meilleure. La promesse d’un eldorado devenu forteresse imprenable.