L’étau se resserre autour de l’ancien président américain Donald Trump. Son ex-avocat et fidèle lieutenant, Rudy Giuliani, vient d’être reconnu coupable d’entrave à la justice par un tribunal fédéral de New York. Une condamnation qui fait suite à une retentissante affaire de diffamation liée à la présidentielle de 2020.
Accusations infondées de fraude électorale
Tout commence quelques jours après la victoire de Joe Biden en novembre 2020. Refusant de reconnaître sa défaite, Donald Trump et son équipe, emmenée par Rudy Giuliani, se lancent dans une vaste campagne de désinformation. Leur cible : le processus électoral, qu’ils accusent d’être entaché de fraudes massives.
L’épicentre de cette offensive se situe en Géorgie, un État-clé remporté d’une courte tête par Joe Biden. S’appuyant sur une vidéo anodine montrant deux agentes électorales en train d’échanger un objet, Rudy Giuliani affirme qu’il s’agit de preuves de bourrage d’urnes.
Elles se passent une clé USB comme s’il s’agissait de doses d’héroïne ou de cocaïne, pour truquer les résultats.
Rudy Giuliani, ex-avocat de Donald Trump
Des accusations graves, relayées par Donald Trump lui-même, qui vaudront aux deux employées afro-américaines Ruby Freeman et Wandrea Moss un torrent de menaces et d’insultes racistes. Or l’objet échangé n’était en réalité… qu’une simple pastille pour la gorge !
148 millions de dollars de dommages et intérêts
Pour ces allégations mensongères, Rudy Giuliani a été condamné en août et décembre derniers à verser 148 millions de dollars de dommages et intérêts aux deux victimes. Une somme colossale qu’il est bien en peine de rassembler malgré son train de vie fastueux.
Sur ordre de la justice, l’ancien maire de New York a dû mettre aux enchères une partie de ses biens les plus précieux : appartement de luxe à Manhattan, Mercedes décapotable, montres et bijoux de collection… Tout y passe, ou presque. Un maillot dédicacé par la légende du baseball Joe DiMaggio aurait mystérieusement disparu.
Manquements à ses obligations de transparence
Mais les ennuis judiciaires de Rudy Giuliani ne s’arrêtent pas là. Ce lundi, un juge fédéral a estimé qu’il avait fait obstruction à l’enquête sur son patrimoine, en omettant de déclarer certains actifs et revenus. Un manquement à ses obligations de transparence qui lui vaut donc une condamnation pour entrave à la justice.
L’ex-avocat de Donald Trump a bien tenté de transférer son domicile fiscal en Floride, dans un condominium proche de Mar-a-Lago, la résidence de l’ancien président. Mais la justice n’a pas été dupe de cette tentative de soustraction à ses créanciers new-yorkais. Il devra retourner s’expliquer devant le tribunal de Manhattan le 16 janvier prochain.
Giuliani, l’homme qui murmurait à l’oreille de Trump
Figure trouble et controversée, Rudy Giuliani aura été jusqu’au bout l’un des plus ardents défenseurs des thèses complotistes de Donald Trump sur une prétendue fraude électorale. Une fidélité qui lui aura coûté sa réputation et sa fortune, lui qui fut pourtant dans les années 1980 un des procureurs les plus médiatiques et puissants des États-Unis.
Après le 11 septembre 2001, devenu « America’s mayor » pour sa gestion des attentats en tant que maire de New York, il caressera même l’espoir d’accéder à la Maison Blanche. Espoir douché par des campagnes présidentielles ratées en 2008 et 2016.
De l’avis des analystes, cet ancien pourfendeur du crime organisé est aujourd’hui l’homme qui a soufflé les pires décisions à l’oreille de Donald Trump, alimentant son discours conspirationniste avec les pires fake news. Avec la chute de Rudy Giuliani, c’est donc un pan entier du trumpisme qui s’effondre.
Trump sera-t-il le prochain sur la liste ?
Affaibli par plusieurs mises en examen, notamment pour avoir emporté illégalement des archives classifiées de la Maison Blanche, Donald Trump apparaît de plus en plus isolé alors qu’il tente de retrouver un nouveau mandat en 2024.
Après la condamnation pour fraude fiscale du groupe Trump mi-décembre, puis l’inculpation début janvier de son gérant financier Allen Weisselberg, la justice resserre progressivement son emprise sur le cercle restreint de l’ex-président. Son ancien directeur de cabinet Mark Meadows est notamment cité dans l’affaire des archives classifiées.
Donald Trump lui-même pourrait bientôt être mis en cause pour son rôle dans l’assaut du Capitole, qui a fait 5 morts et 140 blessés le 6 janvier 2021. La commission d’enquête parlementaire l’a en effet renvoyé devant le ministère de la Justice pour incitation à l’insurrection, obstruction à une procédure officielle, complot à l’encontre de l’État et fausses déclarations.
Celui qui fut le 45e président des États-Unis, aura-t-il le même destin que son ex-avocat Rudy Giuliani ? Seul l’avenir le dira, mais une chose est sûre : le filet de la justice américaine se referme chaque jour un peu plus sur Donald Trump et ses affidés. De quoi redistribuer les cartes dans la course à la Maison Blanche pour 2024.
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