C’est une annonce fracassante qui vient de tomber outre-Manche : le gouvernement britannique a décidé de mettre un terme à la vente des cigarettes électroniques jetables, aussi appelées “puffs”. Une loi en ce sens a été présentée mercredi au Parlement, avec une entrée en vigueur prévue dès le 1er juin 2025. Les entreprises auront donc moins de deux ans pour écouler leurs stocks et se préparer à ce changement radical.
Une mesure coup de poing contre un fléau grandissant
Si le gouvernement a décidé de frapper fort, c’est que le phénomène des puffs a pris une ampleur inquiétante ces dernières années, en particulier chez les jeunes. Avec leurs couleurs vives et leurs goûts fruités, ces cigarettes jetables attirent massivement cette population vulnérable.
Selon des chiffres officiels, l’usage de ces produits a explosé de plus de 400% entre 2012 et 2023. Environ 9% des Britanniques en consomment à l’heure actuelle, et surtout, un quart des 11-15 ans avouent avoir vapoté avec une puff l’an dernier. Un constat alarmant pour les autorités sanitaires.
Il est profondément inquiétant qu’un quart des 11-15 ans ait consommé des cigarettes jetables l’année dernière, et nous savons qu’il s’agit d’un produit de choix pour la majorité des enfants qui vapotent aujourd’hui.
Andrew Gwynne, secrétaire d’État à la Santé
Un plan anti-tabac ambitieux
L’interdiction des puffs s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan de lutte contre le tabagisme que le gouvernement compte présenter avant Noël. Le ministre de la Santé Wes Streeting a promis un texte “encore plus ambitieux” que le projet avorté du précédent gouvernement, qui prévoyait déjà d’interdire la vente de cigarettes aux personnes nées après 2009.
Cette stratégie volontariste fait écho aux appels répétés des professionnels de santé. Fin août, le principal syndicat des médecins britanniques avait exhorté le gouvernement à agir face à “l’épidémie de vapotage” chez les jeunes, réclamant une interdiction pure et simple des cigarettes jetables.
Sortir de la “culture du jetable”
Au-delà des enjeux de santé publique, cette décision s’attaque aussi à un fléau environnemental. Comme l’a souligné la ministre chargée de l’Économie circulaire, Mary Creagh, les puffs nourrissent “une culture du jetable” et “dégradent les villes”.
Rien que l’an dernier, près de cinq millions de ces cigarettes à usage unique ont fini dans les poubelles britanniques, soit quatre fois plus que l’année précédente. Un chiffre considérable qui montre l’urgence d’agir sur ce front.
Des défis à relever
Si la mesure est saluée par les acteurs de santé, sa mise en œuvre ne sera pas sans défis. Les fabricants et vendeurs de puffs risquent de se mobiliser pour défendre leur business florissant. Il faudra aussi trouver des alternatives pour les vapoteurs, en particulier les jeunes, afin d’éviter un report vers le tabac traditionnel.
Enfin, la question du marché noir se pose. Avec une telle demande, il est à craindre que des circuits parallèles se mettent en place pour continuer à écouler ces produits, hors de tout contrôle sanitaire et fiscal.
Malgré ces écueils, le gouvernement semble déterminé à aller jusqu’au bout. Cette interdiction des puffs pourrait bien être le premier acte d’une véritable révolution anti-tabac outre-Manche. Reste à voir si l’exemple britannique fera des émules ailleurs en Europe et dans le monde.