En marge de la COP29 qui se tient actuellement à Bakou en Azerbaïdjan, le Royaume-Uni a créé la surprise en annonçant des objectifs climatiques très ambitieux. Le nouveau Premier ministre travailliste Keir Starmer, arrivé en force dans la capitale azérie, a en effet dévoilé mardi un engagement fort de son pays à réduire ses émissions de gaz à effet de serre “d’au moins 81%” d’ici 2035 par rapport au niveau de 1990. Une annonce saluée prudemment par les ONG environnementales.
Le Royaume-Uni veut reprendre le leadership climatique
Avec cette prise de position, Londres aspire clairement à s’afficher comme un moteur de la diplomatie climatique sur la scène internationale. Keir Starmer, un des rares dirigeants du G20 présent à Bakou, a appelé les autres pays à suivre l’exemple britannique et à “présenter des objectifs ambitieux”. “Un problème mondial nécessite également un partenariat mondial et une coopération internationale responsable”, a-t-il martelé lors d’une conférence de presse.
Depuis l’arrivée au pouvoir des travaillistes en juillet, le nouveau gouvernement a promis de placer le climat “au centre” de sa diplomatie, tournant ainsi le dos à l’approche jugée trop tiède des précédents gouvernements conservateurs, très critiqués pour leur manque d’implication au niveau mondial sur ces enjeux. Un changement de cap symbolisé par la présence de plusieurs ministres britanniques à la COP29, dont celui de l’Énergie Ed Miliband.
Un engagement aligné avec les recommandations des experts
Sur le fond, la nouvelle contribution nationale britannique (NDC) qui sera soumise à l’ONU d’ici février prochain est conforme aux recommandations formulées le mois dernier par le Committee on Climate Change (CCC), l’organisme indépendant chargé de conseiller le gouvernement. Cet engagement à -81% d’émissions en 2035 s’inscrit dans l’objectif de neutralité carbone en 2050.
Le CCC a salué l’annonce de Keir Starmer tout en appelant à une “action urgente pour accélérer le déploiement de solutions bas carbone”. Son président par intérim Piers Forster a rappelé que le Royaume-Uni doit d’abord “revenir dans les clous” pour tenir son précédent engagement de -68% d’émissions en 2030. Le chemin est encore long.
Les ONG vigilantes sur la mise en œuvre
Du côté des ONG environnementales, la prudence est aussi de mise. Si plusieurs d’entre elles comme Greenpeace ont salué des objectifs “relativement ambitieux” et la volonté affichée de leadership, toutes préviennent que les promesses devront rapidement se traduire en actes. “Les objectifs doivent être soutenus par des actions audacieuses”, a ainsi averti Greenpeace.
“Il est important que le pays redevienne un leader mondial en matière de climat”
— Un porte-parole de Downing Street
Pour prouver son sérieux, Londres a d’ores et déjà annoncé plusieurs mesures depuis juillet, comme la fin du gel sur le développement de l’éolien terrestre, le lancement de nouveaux projets d’éolien offshore et de solaire, ou encore l’engagement à ne plus délivrer de nouvelles licences d’exploration d’hydrocarbures en mer du Nord. Une nouvelle entreprise publique dotée de près de 10 milliards d’euros doit aussi être lancée pour financer la décarbonation du mix électrique d’ici 2030.
Le Royaume-Uni veut prendre “une longueur d’avance” dans la course aux emplois verts
Au-delà de la lutte contre le changement climatique, l’ambition de Londres est aussi industrielle. Keir Starmer l’a reconnu sans détour : “La course est lancée pour les emplois du futur dans l’énergie propre. Je ne veux pas être dans le peloton, je veux prendre une longueur d’avance”. Le Royaume-Uni espère ainsi tirer son épingle du jeu dans la compétition mondiale pour attirer les investissements verts, à l’heure où l’Union européenne finalise son pacte vert et où les États-Unis déploient à marche forcée leur grand plan climat.
Convaincre sur la scène internationale ne sera toutefois pas simple pour Londres. Malgré la fermeture en septembre de sa dernière centrale à charbon, une première pour un pays du G7, le Royaume-Uni souffre encore d’un déficit de crédibilité climatique hérité des années Boris Johnson, qui s’est illustré par ses revirements et son manque d’allant. Keir Starmer entend bien tourner cette page et imposer son pays comme un acteur majeur de la diplomatie verte. Sa mise sera scrutée de près, à commencer par les résultats concrets de son action.