Un nouveau procès vient de s’achever à Rotherham, ville anglaise tristement célèbre pour les scandales à répétition d’exploitation sexuelle de mineures par des gangs. Sept hommes ont été reconnus coupables d’une série d’abus sur deux adolescentes vulnérables âgées de 11 à 16 ans au moment des faits, au début des années 2000. Un verdict qui met une nouvelle fois en lumière l’ampleur de ce fléau au Royaume-Uni, et l’incapacité des autorités à y mettre fin malgré les révélations choc.
Un mode opératoire bien rodé pour piéger des proies fragiles
Les victimes, placées en foyers, étaient une cible facile pour les prédateurs. Alcool, drogues, cadeaux, les techniques de manipulation pour les attirer dans leurs filets sont toujours les mêmes. Avant de les forcer à subir viols et agressions dans des endroits sordides : parcs, cimetières, parkings, et même derrière une crèche. L’horreur absolue pour ces jeunes filles déjà abîmées par la vie.
Mohammed, Yasser, Abid… La liste des bourreaux s’allonge
Sept noms viennent s’ajouter à la longue liste des membres de gangs ayant exploité des mineures à Rotherham : Mohammed Amar, Yasser Ajaib, Mohammed Zameer, Mohammed Siyad, Abid Saddiq, Tahir Yasin et Ramin Bari. Âgés de 34 à 49 ans, ils ont été reconnus coupables de viols, agressions sexuelles, atteintes à la pudeur, et trafic à des fins d’exploitation sexuelle. Des crimes odieux qui leur vaudront de 12 à 13 ans de prison.
« Ces sept hommes savaient que ces jeunes filles pouvaient être exploitées – ils ont ciblé les victimes et, à l’aide de drogues et d’alcool, les ont préparées à des relations sexuelles. »
Zoe Becker, responsable juridique du Crown Prosecution Service
Malgré les scandales, l’exploitation de mineures perdure
Ce procès n’est que le énième épisode d’un scandale qui éclabousse le Royaume-Uni depuis des années. Rotherham, Telford, Rochdale, Oxford, Newcastle… Dans de nombreuses villes, des réseaux criminels, souvent d’origine pakistanaise, ont pu violer et prostituer des milliers d’adolescentes en toute impunité pendant des décennies. Face à l’ampleur de ces crimes, la passivité des institutions – police, services sociaux, responsables locaux – est pointée du doigt.
- Au moins 1400 enfants victimes d’exploitation sexuelle à Rotherham entre 1997 et 2013
- 18 700 jeunes filles exploitées au Royaume-Uni en 2018-2019 selon les estimations
- Les plaintes des victimes souvent ignorées par crainte de paraitre “racistes”
Le gouvernement promet des actes, les associations restent vigilantes
Après chaque nouveau scandale, le gouvernement promet des mesures fortes mais peine à passer aux actes. La ministre de l’intérieur Priti Patel a récemment dénoncé la peur du “politiquement correct” qui aurait conduit à fermer les yeux sur ces crimes odieux. Mais sa volonté affichée de combattre ce fléau suffira-t-elle ? Les associations, elles, ne relâchent pas la pression et appellent à briser enfin l’omerta et l’impunité qui entourent ces réseaux de prédateurs sexuels. Pour que de nouvelles générations d’adolescentes vulnérables ne tombent pas entre leurs griffes.
