En cette fin novembre, le village du Père Noël à Rovaniemi en Laponie finlandaise devrait être recouvert d’un épais manteau blanc. Pourtant, cette année, la neige se fait désespérément attendre. Seuls subsistent un ciel gris, une pluie battante et des températures anormalement douces pour la région, situant le thermomètre autour de 2°C. Un phénomène qui inquiète les lutins du Père Noël, mais aussi les nombreux touristes venus chercher l’atmosphère féérique de Noël.
L’Arctique, région la plus impactée par le réchauffement climatique
Selon une étude publiée dans la revue Nature en 2022, l’Arctique se réchaufferait près de quatre fois plus vite que le reste de la planète. Un constat alarmant, qui se vérifie particulièrement ces derniers mois en Laponie finlandaise, où les records de douceur s’enchaînent. En novembre, le mercure a même atteint les 11,1°C dans la ville d’Utsjoki, effaçant le précédent record de 11°C datant de 1975.
Ce bouleversement climatique n’est pas sans conséquence pour la faune locale, et notamment pour les rennes, animaux emblématiques de la région. Avec des hivers plus doux et imprévisibles, la neige fond puis regèle, formant des couches de glace successives qui empêchent les rennes d’accéder à leur nourriture principale, le lichen.
« Nous constatons que le changement climatique est réel. Il affecte la vie ici dans l’Arctique, notamment les rennes », confie l’un des Pères Noël officiant à Rovaniemi.
Un Noël sans neige, la déception des touristes
Malgré ce contexte préoccupant, les visiteurs continuent d’affluer du monde entier à Rovaniemi, dans l’espoir d’y vivre la magie de Noël et d’apercevoir, qui sait, quelques aurores boréales. L’an dernier, le village du Père Noël a même enregistré un nombre record de nuitées, dépassant le million.
Mais cette année, l’absence de neige en met plus d’un au désarroi. « Je m’attendais à ce qu’il y ait beaucoup plus de neige. Je veux dire, on sent l’atmosphère de Noël… mais je pensais que ça ressemblerait un peu plus au Père Noël », témoigne Wenguel, une touriste américaine quelque peu déçue.
Au bureau de poste, les lutins croulent sous les lettres
Dans ce contexte inhabituel, l’activité du bureau de poste du Père Noël ne faiblit pas. Chaque année, ce sont plus de 500 000 lettres en provenance du monde entier qui parviennent aux lutins postiers. Un chiffre qui peut monter jusqu’à 30 000 missives quotidiennes au plus fort du mois de décembre.
Si les lutins assurent lire chacune d’entre elles avec attention, ils notent une évolution dans les souhaits exprimés cette année. Selon Heidi Mustonen, qui officie au bureau de poste depuis 20 ans :
« Cette année, beaucoup de gens ont souhaité la paix. »
Un vœu bien compréhensible en ces temps troublés, mais sur lequel même le Père Noël et ses fidèles assistants ont malheureusement peu de prise. En revanche, peut-être pourront-ils exaucer cet autre souhait, formulé par Heidi elle-même : que la neige vienne enfin recouvrir le village et égayer le paysage, rendant à ce lieu toute sa magie.
La magie de Noël, plus forte que le réchauffement ?
Car après tout, comme le rappelle malicieusement l’un des Pères Noël locaux :
« Mes rennes peuvent voler, donc il n’y a pas de problème ! »
Une façon de positiver et de garder espoir malgré les bouleversements actuels. Parce qu’au fond, c’est peut-être ça aussi, la véritable magie de Noël : continuer à croire et à s’émerveiller, envers et contre tout. Même quand la neige vient à manquer.
