Chaque année, le même spectacle se répète sur le court Philippe-Chatrier de Roland-Garros : des loges VIP désespérément vides, et ce malgré des matchs de haut vol. Un paradoxe qui ne cesse d’agacer les passionnés de tennis et les téléspectateurs, d’autant plus quand les autres courts font salle comble. Pourquoi ce phénomène perdure-t-il année après année ?
Une rengaine aussi vieille que le tournoi
Le problème ne date pas d’hier. Les archives regorgent de critiques sur ces places premium désertées par leurs prestigieux détenteurs. Des sièges pourtant très prisés et vendus à prix d’or, entre 55 et 450 euros. De quoi rendre perplexe les milliers de fans qui auraient tout donné pour y assister.
Les loges vides au bord du Central sont, chaque année, la seule promesse française assurée de faire encore le spectacle en deuxième semaine.
Un constat ironique mais réaliste
Même les plus grandes affiches boudées
Cette année encore, l’exaspération était à son comble. Alizé Cornet a joué son dernier match en simple sur un Chatrier en partie dégarni. Idem pour la défaite de Caroline Garcia, numéro 1 française, malgré une météo clémente qui avait contraint l’annulation des rencontres sur les courts annexes.
Pire, le choc entre Iga Swiatek et Naomi Osaka, deux quadruples vainqueurs de Grand Chelem, n’a pas attiré les foules. Tout comme le premier match en nocturne entre les légendes Andy Murray et Stanislas Wawrinka. Seul le duel épique Nadal-Zverev a fait le plein, jusqu’en tribune présidentielle.
Le Central sonne creux, les autres courts s’enflamment
Pendant que le court principal affiche des allures de cathédrale, l’ambiance est bouillante sur les courts annexes. Gradins animés, spectateurs survoltés, l’atmosphère y est incomparable. Depuis la pandémie et les jauges réduites, le public ne se prive plus pour mettre le feu, parfois même un peu trop.
L’alcool en tribunes, c’est terminé !
Amélie Mauresmo, la directrice du tournoi, qui a dû sévir
La faute aux nouveaux partenaires ?
L’explication serait à chercher du côté de la rénovation du Central en 2019. Pour financer les travaux et l’ajout d’un toit rétractable, la direction a dû faire appel à de nouveaux partenaires et investisseurs. Résultat, impossible de déplacer les loges en hauteur pour que leur vacuité passe plus inaperçue, comme c’est le cas dans d’autres tournois du Grand Chelem.
Roland-Garros en chiffres
- Capacité du court Philippe-Chatrier : 15 225 places
- Prix des places en loges : de 55 à 450 euros
- Durée des travaux de rénovation : 2018 à 2019
La chasse aux privilèges est ouverte
Face au bad buzz récurrent, la Fédération Française de Tennis a promis de s’attaquer au problème. Des mesures incitatives pour occuper les sièges, un meilleur ciblage dans l’attribution des loges, les idées fusent pour éradiquer ces zones de vide.
Car au-delà de la polémique, c’est l’image du tournoi qui en pâtit. Difficile de légitimer ces privilèges quand le court se vide aux pires moments. Une situation d’autant plus gênante à l’heure où le tennis français peine à trouver sa relève.
Les organisateurs sauront-ils corriger le tir l’année prochaine ? C’est tout le mal qu’on leur souhaite. En attendant, gageons que les exploits des champions continueront de faire vibrer le public, avec ou sans VIP.
