Robert Habeck, ministre de l’Économie et du Climat, incarne aujourd’hui le visage des Verts allemands. Après trois années tumultueuses au sein du gouvernement d’Olaf Scholz, il se lance avec ambition dans la bataille des législatives anticipées du 23 février 2025. Son parcours questionne l’avenir d’un parti écologiste en plein doute, tiraillé entre compromis politiques et idéaux environnementaux.
Un Ministre au Cœur des Tempêtes
À la tête d’un super ministère de l’Économie et du Climat, ce docteur en philosophie a dû piloter le paquebot industriel allemand dans la tourmente provoquée par la guerre en Ukraine. L’interruption des livraisons de gaz russe a notamment été un défi majeur. Malgré son pragmatisme et ses talents d’orateur, Robert Habeck a souffert d’un affaiblissement du parti, crédité de seulement 10 à 12% des intentions de vote dans les sondages.
Le Parti de l’Interdit ?
Les Verts ont rapidement été étiquetés comme « le parti de l’interdit » par leurs détracteurs, incarnant les réglementations et la bureaucratie pesant sur les citoyens et les entreprises. Robert Habeck a dû reculer sur plusieurs projets phares, comme sa loi sur le remplacement des chaudières au gaz et au fioul. Critiqué à droite pour une politique qui aurait enfoncé l’économie allemande dans la crise, il l’est aussi à gauche pour avoir fait trop de concessions.
Une Transition Énergétique en Demi-Teinte
Malgré les compromis, Robert Habeck a tenu bon sur la transition énergétique. La part des énergies renouvelables dans la production électrique allemande est passée de 42% en 2021 à plus de 60% au premier semestre 2023. Cependant, certains objectifs climatiques ont été revus à la baisse sous la pression du parti libéral. Ses voyages au Qatar ou en Asie centrale pour trouver des alternatives au gaz russe ont également fait grincer des dents.
Ces compromis ont épuisé le parti écologiste qui manque aujourd’hui d’un cap clair.
– Tagesspiegel
Courage et Clarté sur la Scène Internationale
Cependant, les Verts ont aussi démontré du courage sur de nombreux dossiers, avec un discours réaliste sur la Russie et la Chine, plus clair que celui du chancelier Scholz. Robert Habeck et sa collègue Annalena Baerbock ont été les fers de lance des livraisons d’armes à l’Ukraine, convertissant leur parti historiquement pacifiste. Récemment, Habeck a lancé un appel enflammé pour une politique de sécurité européenne commune.
100 Jours pour Convaincre
Ancien auteur à succès de livres pour enfants et de romans, Robert Habeck a 100 jours pour défendre son bilan avec le style direct et décontracté qui le caractérise. Très présent sur les réseaux sociaux, il y est aussi très exposé, ayant déposé plus de 700 plaintes pour menaces et incitation à la haine depuis avril. Un combat de plus pour cet homme qui voit en Volodymyr Zelensky « une sorte d’âme sœur ». La campagne des législatives s’annonce intense pour ce quinquagénaire qui devra remotiver des troupes écologistes déboussolées, tout en rassurant une opinion publique allemande inquiète de son avenir énergétique et économique. Un défi de taille pour celui qui incarne à la fois la crise et l’espoir d’une révolution verte.
