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Risque d’un nouveau conflit au Liban : quel rôle pour la France ?

La situation s'envenime à la frontière israélo-libanaise. Alors qu'Israël veut en chasser le Hezbollah, la France pourrait-elle s'ériger en médiateur entre la milice chiite pro-iranienne et l'État hébreu pour éviter un nouveau conflit ? Décryptage.

Depuis le 7 octobre 2023, la situation s’est considérablement dégradée le long de la frontière entre Israël et le Liban. Ce jour-là, le mouvement islamiste palestinien Hamas a lancé une attaque meurtrière contre le sud d’Israël, resté sans défense. Quelques semaines plus tard, c’est au tour du Hezbollah, la milice chiite libanaise pro-iranienne, d’entrer dans la danse. Par solidarité avec le Hamas, le Hezbollah s’est senti obligé d’agir contre l’État hébreu, qui avait entre-temps envahi la bande de Gaza pour y éradiquer le Hamas, causant de nombreuses victimes civiles.

Le Hezbollah et le Hamas, deux branches du même “axe de résistance” anti-israélien

Le Hamas et le Hezbollah font en effet partie du même « axe de résistance » contre Israël, patiemment construit par l’Iran depuis 25 ans. Malgré leurs différences, l’un étant sunnite et palestinien, l’autre chiite et libanais, les deux mouvements partagent une idéologie islamiste radicale et un objectif commun : la destruction de l’État d’Israël.

Face à la situation explosive dans le sud du Liban, où le Hezbollah a massivement déployé ses combattants et ses roquettes le long de la frontière israélienne, Tsahal a décidé de passer à l’offensive. L’objectif affiché est de repousser la milice chiite à plus de 5 km de la ligne bleue, la frontière tracée par l’ONU après le retrait israélien du Liban en 2000.

L’extension de la “doctrine Dahiya”

Pour ce faire, Israël applique la « doctrine Dahiya », du nom d’un quartier du sud de Beyrouth massivement bombardé en 2006 car considéré comme un bastion du Hezbollah. En clair, il s’agit de frappes massives et disproportionnées visant à détruire les infrastructures du Hezbollah, mais touchant inévitablement les populations civiles. Une stratégie pour le moins discutable au regard du droit international humanitaire.

“Si les dirigeants du Hezbollah se cachent parmi la population, alors nous n’avons pas d’autre choix que de frapper les zones civiles.”

– Un haut gradé israélien

Le Liban, éternelle victime collatérale des conflits régionaux

Pris en étau entre le Hezbollah et Israël, l’État libanais peine à garder le contrôle de son territoire. Affaibli par des années de crise politique et économique, le gouvernement n’a plus les moyens de contenir la milice chiite, devenue un véritable État dans l’État. Quant à l’armée libanaise, elle se garde bien d’intervenir, de peur de subir les foudres du Hezbollah.

Résultat : ce sont les civils libanais qui font les frais de ces affrontements par procuration entre l’Iran et Israël sur leur sol. Selon l’ONU, plus de 50 000 personnes ont déjà fui les combats pour se réfugier à Beyrouth ou dans la plaine de la Bekaa. Les dégâts matériels sont également considérables, avec des centaines de maisons et d’infrastructures détruites par les bombardements.

La France, potentiel médiateur dans la crise ?

Face à cette escalade dangereuse, la communauté internationale semble impuissante. Seule la France, forte de ses liens historiques avec le Liban, semble en mesure de jouer un rôle de médiateur. Paris entretient en effet un dialogue privilégié avec toutes les parties, des autorités libanaises au Hezbollah en passant par Israël.

Selon nos informations, des émissaires français multiplient actuellement les navettes entre Beyrouth, Tel-Aviv et Téhéran pour tenter de trouver une issue diplomatique. L’idée serait d’aboutir à un accord sur un retrait simultané du Hezbollah et de Tsahal de part et d’autre de la frontière, sous supervision de la FINUL, la force de l’ONU déployée au Liban.

“La France est prête à prendre toutes ses responsabilités pour aider à une désescalade et éviter un embrasement régional.”

– Emmanuel Macron, Président français

Mais la tâche s’annonce ardue. D’un côté, le Hezbollah n’entend pas se retirer sans avoir infligé des pertes significatives à Israël, au risque de perdre sa crédibilité de “résistance”. De l’autre, le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou, sous pression de son aile droite, refuse toute concession avant une victoire claire sur le terrain.

Vers un nouveau cycle de violences au Moyen-Orient ?

À défaut d’une solution politique rapide, le risque est grand de voir ce conflit localisé dégénérer en une confrontation régionale bien plus large, sur le modèle de la guerre de 2006. À l’époque déjà, une opération ciblée d’Israël contre le Hezbollah avait débouché sur 33 jours de combats acharnés et des destructions massives au Liban.

  • Un scénario catastrophe qui menace aujourd’hui de se répéter, voire de s’aggraver avec l’implication croissante de l’Iran et de ses alliés sur le terrain.
  • La poudrière du Moyen-Orient n’a décidément pas fini de nous faire trembler, en dépit des efforts diplomatiques déployés.

Au final, seul un règlement politique global des contentieux de la région, de la question palestinienne au dossier nucléaire iranien en passant par les guerres en Syrie et au Yémen, permettrait de sortir durablement de l’engrenage des violences. Mais cela nécessiterait une véritable volonté de paix de toutes les parties, encore loin d’être acquise. D’ici là, la médiation française reste plus que jamais indispensable pour éviter le pire au Liban et dans toute la région.

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