Le Vendée Globe 2024 nous offre un duel épique entre les skippers français Yoann Richomme et Charlie Dalin. Après plusieurs jours au coude à coude en tête de la course, Richomme a réussi à reprendre l’avantage et compte désormais une quinzaine de milles d’avance sur son compatriote à l’approche du légendaire Cap Horn.
Les deux marins livrent une bataille acharnée depuis leur entrée dans le Pacifique sud, se relayant en tête au gré des conditions météorologiques capricieuses de ces eaux hostiles. Une lutte éreintante que Richomme décrit avec une pointe d’humour :
On va passer le Cap à Noël, c’est génial ! Mais bon, depuis quelques jours, je vis dans un réfrigérateur avec beaucoup d’humidité.
Yoann Richomme
Malgré la fatigue et les conditions éprouvantes, les deux skippers maintiennent un rythme d’enfer. Ils volent littéralement au-dessus des flots déchaînés à bord de leurs monocoques high-tech, frôlant les 20 nœuds de moyenne. L’enjeu est de taille : passer en tête le cap Horn et basculer le premier dans l’Atlantique pourrait s’avérer décisif pour la victoire finale.
Le point Nemo, l’antichambre des mers du sud
Avant de pouvoir contempler le rocher tant rêvé du cap Horn, Richomme, Dalin et leur poursuivant immédiat Sébastien Simon doivent d’abord négocier le fameux point Nemo. Ce pôle maritime d’inaccessibilité, situé dans le Pacifique sud, est l’endroit de la planète le plus éloigné de toute terre. Un lieu tant redouté des navigateurs, où la moindre avarie peut tourner à la catastrophe, loin de tout secours.
Pour corser encore l’affaire, les marins doivent longer la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA), une limite virtuelle à ne surtout pas franchir sous peine de pénalités. Un détour qui les oblige à composer avec des conditions dantesques, entre vents violents, vagues démesurées et température glaciale.
Un Noël au bout du monde
Si tout se déroule comme prévu, Richomme et Dalin devraient franchir le cap Horn aux alentours de Noël, un « cadeau » dont ils se seraient bien passés. Car le passage de ce lieu mythique n’a rien d’une sinécure. Véritable juge de paix du Vendée Globe, il a souvent été le théâtre de drames et d’abandons.
Mais cette année, les skippers semblent en avance sur les temps de passage canoniques. Armel Le Cléac’h, le recordman de l’épreuve, avait mis 47 jours pour rallier la pointe sud du continent américain en 2017. Un temps que Richomme et Dalin devraient améliorer de 3 jours si les conditions restent clémentes.
La bascule dans l’Atlantique, dernière ligne droite
Une fois le Horn doublé, les navigateurs entreprendront la remontée de l’Atlantique vers les Sables d’Olonne, terme de ce tour du monde en solitaire. Mais il faudra encore négocier les pièges de la mer, comme l’anticyclone de Sainte-Hélène qui pourrait redistribuer les cartes.
Pour Richomme, Dalin et les autres prétendants à la victoire, l’équation sera simple mais pas facile pour autant : ne rien lâcher, attaquer sans relâche et espérer que Dame Fortune leur sourira. Les milles qui les séparent de la ligne d’arrivée seront sans doute les plus longs et éprouvants de ce Vendée Globe, à la hauteur de cet évènement hors norme qu’est la course autour du monde en solitaire et sans escale.
La suite de ce duel haletant au prochain épisode, quelque part entre le Cap Horn et les Sables d’Olonne. Un finish qui s’annonce d’ores et déjà irrespirable et indécis jusqu’au bout !