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Revirements en Syrie : L’Iran et la nouvelle donne après Assad

La Syrie sans Assad : quel positionnement pour l'Iran ? Coup de théâtre à Damas, analyses des répercussions régionales après le départ précipité du dirigeant syrien. Le point sur une situation complexe et tendue.

Changement de cap brutal en Syrie. Après plus de 50 ans de règne sans partage de la famille Assad, le régime vient de s’effondrer en quelques jours seulement, laissant le pays face à une nouvelle donne géopolitique incertaine. L’Iran, allié de longue date de Damas, se retrouve dans une position délicate et réaffirme prudemment son attachement à la souveraineté syrienne.

Onze jours qui ont fait basculer la Syrie

Le 8 décembre dernier, une coalition rebelle menée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et soutenue par la Turquie est entrée dans la capitale Damas, annonçant le renversement du président Assad après une offensive fulgurante. En moins de deux semaines, les insurgés ont réussi à s’emparer d’une grande partie du territoire syrien. Lâché par ses alliés traditionnels iranien et russe, Bachar al-Assad a fui à Moscou, mettant fin à 24 années d’un règne autoritaire.

HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda

Si HTS affirme avoir rompu avec le jihadisme international, le groupe reste classé comme organisation terroriste par plusieurs pays occidentaux. Sa prise de contrôle soudaine du pouvoir à Damas suscite de vives inquiétudes sur le plan régional et international.

L’Iran réaffirme son soutien à l’intégrité de la Syrie

Principal allié de Damas avec la Russie pendant la guerre civile syrienne, l’Iran se retrouve aujourd’hui dans une position inconfortable. Téhéran a réagi via son ministère des Affaires étrangères, réaffirmant son attachement à la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie, tout en appelant à ce que le pays ne devienne pas « un repaire pour le terrorisme ».

« Notre position de principe sur la Syrie est très claire : préserver la souveraineté et l’intégrité du pays et permettre au peuple syrien de décider de son avenir sans ingérence étrangère »

a déclaré le porte-parole du ministère iranien, Esmaïl Baghaï.

Cependant, le diplomate iranien a aussi indiqué que son pays n’avait « pas de contact direct » avec les nouveaux dirigeants syriens, laissant planer le doute sur la nature des futures relations entre Téhéran et Damas.

Un soutien crucial pendant la guerre civile

Depuis le début du conflit syrien en 2011, l’Iran et la Russie ont été les principaux soutiens du régime Assad face aux rebelles. Téhéran a notamment déployé des milices alliées comme le Hezbollah libanais pour épauler les forces loyalistes. Ce soutien a été décisif pour permettre à Bachar al-Assad de se maintenir au pouvoir pendant plus d’une décennie de guerre civile qui a fait près de 500 000 morts et des millions de déplacés.

L’avenir des relations irano-syriennes en question

Le renversement inattendu du régime Assad et la prise de contrôle du pays par des groupes rebelles soutenus par la Turquie représentent un revers cinglant pour la stratégie régionale de l’Iran. Téhéran voit un allié de poids lui échapper et doit composer avec de nouveaux interlocuteurs au passé trouble. Si la république islamique maintient officiellement son soutien à la souveraineté syrienne, elle semble pour l’heure adopter une attitude attentiste, le temps de clarifier ses relations avec le nouveau pouvoir en place à Damas.

Une situation régionale bouleversée

Plus largement, la chute du régime syrien rebat les cartes géopolitiques au Moyen-Orient. La Turquie sort renforcée, son soutien ayant été décisif dans la victoire des rebelles. La Russie voit son influence s’éroder et doit gérer l’exil de son protégé Assad. Les monarchies du Golfe, qui soutenaient une partie de l’opposition, pourraient chercher à peser sur le nouveau pouvoir. Quant à l’Iran, il doit repenser son approche régionale pour ne pas se retrouver marginalisé.

Selon une source diplomatique à Damas, des émissaires de plusieurs pays de la région se sont rendus ces derniers jours dans la capitale syrienne pour prendre contact avec les nouvelles autorités du pays. Signe que malgré les incertitudes, la transition post-Assad est en marche et que la Syrie s’apprête à écrire une nouvelle page de son histoire tumultueuse.

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