Une vidéo choquante, filmée de nuit depuis un balcon, a fait surface sur les réseaux sociaux ce week-end. On y voit quatre policiers encercler un homme en fauteuil roulant dans le quartier défavorisé d’Estall à Papeete, en Polynésie française. Soudain, l’un des agents soulève brutalement le fauteuil, faisant chuter l’homme à terre. Alors qu’il parvient à se rasseoir, visiblement sans présenter de signe d’agressivité, le même policier lui assène un violent coup de poing au visage. Une scène d’une rare violence qui soulève de nombreuses questions.
Quatre policiers mis en examen et suspendus
Suite à la diffusion de ces images, le parquet a rapidement réagi en ouvrant une enquête pour “violences volontaires en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique sur personne vulnérable”. Les quatre fonctionnaires de police, deux gardiens de la paix et deux adjoints de sécurité, ont été placés en garde à vue puis mis en examen, a annoncé lundi la procureure de la République, Solène Belaouar.
Dans la foulée, le Haut-Commissaire de la République en Polynésie française a décidé de suspendre les quatre agents, dans l’attente des résultats de l’enquête administrative interne diligentée par la Direction Territoriale de la Police Nationale. Une mesure conservatoire visant à préserver la sérénité de l’enquête mais aussi l’image de l’institution policière, sérieusement écornée par cet évènement.
Il faut respecter la présomption d’innocence, mais tout le monde a vu la vidéo. Je ne sais pas ce qui a précédé, mais ça ne peut de toute façon pas justifier ces actes.
Solène Belaouar, Procureure de la République
Le ministre de l’Intérieur exige l’exemplarité
Informé de l’affaire, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a fermement condamné ces actes sur son compte Twitter : “Si les faits sont avérés, ils devront être punis sévèrement. Je serai un soutien à toute épreuve de nos forces de l’ordre mais j’attends d’eux la plus grande exemplarité.” Un message sans équivoque adressé aux policiers, dont la mission première est de protéger les citoyens, en particulier les plus vulnérables.
Une victime à entendre, une enquête à mener
Dans les prochains jours, la victime de ces violences policières présumées devrait être auditionnée par les enquêteurs, afin d’apporter son témoignage sur le déroulé précis des faits. Son récit sera déterminant pour comprendre les circonstances exactes de cette agression et les motivations des agents impliqués.
Parallèlement, les investigations sur le terrain et l’exploitation des enregistrements des caméras-piétons des policiers, s’ils existent, devront permettre de faire toute la lumière sur cet évènement qui a profondément choqué la Polynésie et au-delà. L’IGPN, la “police des polices”, pourrait être saisie si des manquements graves à la déontologie étaient avérés.
Une remise en question nécessaire
Au-delà de l’émotion légitime suscitée par ces images, cette affaire rappelle la nécessité absolue pour les forces de l’ordre d’adopter en toute circonstance un comportement exemplaire, conforme aux valeurs de la République et au code de déontologie de la Police Nationale. Garants du respect de la loi, les policiers se doivent d’être irréprochables dans l’exercice de leur mission.
Cet évènement met aussi en lumière la réalité des tensions persistantes entre police et population dans certains quartiers défavorisés. Un constat qui appelle une réflexion de fond sur les moyens de renforcer le lien de confiance, aujourd’hui fragilisé, entre les citoyens et ceux censés les protéger. Formation, prévention, dialogue : les pistes ne manquent pas pour tenter de prévenir ce genre de dérapages inacceptables.
En attendant les conclusions de l’enquête, cette affaire jette une ombre inquiétante sur l’institution policière en Polynésie et questionne la capacité de l’État à y faire respecter l’ordre républicain. Une crise dont les autorités devront impérativement se saisir pour éviter qu’elle ne gangrène durablement le climat social du territoire.