Imaginez un instant que vous fouillez dans le grenier poussiéreux d’une vieille bibliothèque. Soudain, vos yeux se posent sur une pile de lettres jaunies par le temps, soigneusement ficelées. En y regardant de plus près, vous découvrez avec stupéfaction qu’il s’agit d’une correspondance secrète entre Gustave Courbet, le célèbre peintre réaliste, et une mystérieuse Parisienne. C’est exactement ce qui est arrivé à Agnès Barthelet, bibliothécaire à Besançon, le 15 novembre 2023.
Un Siècle de Secrets Dévoilés
Cette découverte exceptionnelle lève le voile sur une facette méconnue de la vie de Gustave Courbet, déjà connu pour son audace picturale avec des œuvres comme « L’Origine du monde ». Les lettres, datant de novembre 1872 à avril 1873, révèlent une relation passionnée et torride entre le peintre et Mathilde Carly de Svazzema, une dame de la haute société parisienne.
« Chère Putain (…), tu sais que je donnerais je ne sais quoi en ce moment pour sucer ton c…, mordre tes poils dorés, ta motte et dévorer tes grands tétons pointus. »
– Extrait d’une lettre de Gustave Courbet à Mathilde Carly
Les missives, d’une crudité étonnante pour l’époque, témoignent d’une relation épistolaire brûlante, où les amants se livrent sans retenue à leurs fantasmes les plus intimes. Pourtant, ils ne se rencontreront jamais physiquement.
Courbet, un Homme Désabusé
Au moment de cette correspondance, Gustave Courbet traverse une période sombre de sa vie. Tout juste libéré de prison après son implication dans la Commune de Paris, il est menacé de devoir restaurer à ses frais la colonne Vendôme. Vieillissant, malade et sans perspective d’avenir malgré son succès public, il trouve en Mathilde une lueur d’espoir et une possible renaissance.
« Ces lettres apportent un aperçu intime et fascinant sur la psychologie de Courbet à cette période compliquée de sa vie. »
– Anne Vignot, maire de Besançon
Mathilde, Muse Éphémère
Mathilde Carly de Svazzema, cette Parisienne sulfureuse, apparaît comme une figure centrale dans la vie de Courbet à cette époque. Mariée mais délaissée par son époux, elle trouve en Gustave un confident et un amant de plume. Leurs échanges, d’une intensité rare, révèlent une femme libérée et audacieuse, n’hésitant pas à exprimer ses désirs les plus crus.
« J’aurai mon c… tout prêt à recevoir les sensations qu’il te plaira lui faire éprouver. »
– Extrait d’une lettre de Mathilde Carly à Gustave Courbet
Pourtant, après cinq mois d’une relation épistolaire torride, Courbet, se sentant abusé, y mettra un terme brutal. Peu après, craignant une nouvelle arrestation, il quittera définitivement la France pour la Suisse en juillet 1873.
Un Trésor Longtemps Enfoui
Comment une telle correspondance a-t-elle pu rester secrète pendant plus d’un siècle ? Les lettres auraient été confiées vers 1905 à la bibliothèque de Besançon par les héritiers du Dr Blondon, exécuteur testamentaire de Courbet. Consigne avait été donnée de ne pas les rendre publiques en raison de leur caractère sulfureux. Le secret s’est transmis de conservateur en conservateur, jusqu’à sombrer dans l’oubli.
« Ce sont les seules lettres référencées et connues de Courbet au contenu érotique. On y lit beaucoup de sensibilité et sa conception très moderne des relations hommes-femmes. »
– Henry Ferreira-Lopez, directeur des bibliothèques de Besançon
Aujourd’hui, plus de 135 ans après leur rédaction, la ville de Besançon a décidé de lever le voile sur ce trésor caché. Une exposition intitulée « Courbet, les lettres cachées. Histoire d’un trésor retrouvé » sera organisée du 21 mars au 21 septembre 2025.
Cette découverte exceptionnelle nous offre un éclairage nouveau sur la vie intime et la psychologie de Gustave Courbet, figure majeure de l’art du XIXe siècle. Elle témoigne également de l’audace et de la liberté d’une époque, où les conventions sociales et la morale publique masquaient souvent des réalités plus crues. Un pan de l’histoire de l’art qui se dévoile, pour notre plus grand plaisir et notre plus grande fascination.