ActualitésCulture

Rêve Américain Bouillonnant sur Grand Écran dans “La Cocina”

Dans les cuisines bouillonnantes de New York, "La Cocina" explore les rêves brisés et les tensions de l'Amérique d'aujourd'hui. Un regard poignant sur l'envers du décor, à découvrir bientôt sur grand écran...

Dans les arrière-cuisines survoltées de New York se joue une partition amère du rêve américain. C’est le décor choisi par le réalisateur mexicain Alonso Ruizpalacios pour son film “La Cocina”, une plongée saisissante dans les coulisses d’un restaurant à la fois lieu de brassage et de friction des cultures.

Derrière les sourires de facade des serveurs se cachent les visages fatigués d’une équipe hétéroclite, pour la plupart immigrés, trimant en cuisine. Au cœur de ce microcosme, Julia, interprétée par Rooney Mara, et Pedro, incarné par Raul Briones, deux destins que tout semble opposer mais que l’espoir d’un avenir meilleur réunit.

Un miroir tendu à l’Amérique d’aujourd’hui

En trame de fond, une campagne électorale sous haute tension qui s’apprête à livrer son verdict. Immigration et droit à l’avortement, les thèmes brûlants qui agitent l’Amérique sont aussi ceux qui taraudent les protagonistes du film, pris dans leurs propres dilemmes intimes.

Les cuisines sont un bon moyen de comprendre les dynamiques que nous vivons dans les rues.

Alonso Ruizpalacios, réalisateur

Car pour le cinéaste, c’est bien dans le huis clos étouffant des cuisines que se révèle toute la complexité d’une société. Un concentré d’humanité où la pression extrême fait ressortir le meilleur comme le pire, les rêves grandioses comme les blessures inavouées.

Un casting international pour une histoire universelle

Pour incarner cette mosaïque de destins, Alonso Ruizpalacios a réuni un casting cosmopolite mené par Rooney Mara, actrice américaine deux fois nommée aux Oscars, et Raul Briones, comédien mexicain montant. À leurs côtés, des acteurs de diverses origines donnent chair à cette symphonie urbaine.

Choix artistique fort, le noir et blanc vient sublimer cette photographie crue de l’envers du rêve américain. Un parti-pris esthétique qui inscrit “La Cocina” dans une certaine intemporalité et souligne la permanence de son propos, comme le souligne Alonso Ruizpalacios :

Il y a quelque chose d’intemporel dans cette histoire. Elle est toujours pertinente 70 ans après.

Alonso Ruizpalacios, réalisateur

Zoom sur les invisibles de la restauration

Plus qu’un simple décor, la cuisine du restaurant devient un personnage à part entière. Véritable poumon de l’intrigue, elle rythme la vie de ces hommes et femmes de l’ombre qui s’échinent pour un salaire de misère pendant que les clients savourent insouciamment leurs plats en salle.

Inspiré de l’expérience personnelle du réalisateur qui a lui-même travaillé comme plongeur pendant ses études, “La Cocina” se veut un hommage vibrant à ces petites mains de la restauration, trop souvent invisibilisées. Une humanité cabossée mais dignement debout malgré les aléas et les déconvenues.

L’humain dans toute sa complexité

Mais loin des clichés misérabilistes, Alonso Ruizpalacios a aussi voulu montrer ses personnages dans toute leur épaisseur et leurs contradictions. Ni héros ni victimes, ils sont avant tout des êtres de chair et de sang, avec leurs parts d’ombre assumées.

Souvent dans ce type de film, pour que les Américains puissent réfléchir sur leur propre racisme et leurs préjugés, on simplifie l’autre en le transformant en saint – ça ne m’intéresse pas.

Alonso Ruizpalacios, réalisateur

Un pari audacieux pour ce long-métrage qui ne cherche pas à édulcorer son propos mais à bousculer le spectateur dans ses certitudes. Pas de manichéisme donc dans ce “Rêve américain sauce piquante”, mais une vraie volonté d’explorer la complexité humaine dans un contexte sous haute pression.

Le choc des cultures, au delà des clichés

En se focalisant sur les rapports de force entre employés américains et mexicains, “La Cocina” met en lumière sans fard le choc culturel et les préjugés qui gangrènent encore trop souvent les relations sociales aux États-Unis. Un constat d’autant plus glaçant qu’il entre en résonance avec l’actualité brûlante du pays.

Mais au delà du simple constat, le film cherche aussi à déconstruire les stéréotypes en donnant à voir l’humanité partagée derrière les différences. Des petits gestes de solidarité aux amitiés improbables qui se nouent au cœur de l’adversité, “La Cocina” esquisse les contours d’un vivre-ensemble possible, à mille lieues de la rhétorique clivante des politiques.

“La Cocina”, un film nécessaire

Œuvre inclassable, à la fois chronique sociale et drame intimiste, “La Cocina” s’impose comme un miroir sans concession tendu à l’Amérique d’aujourd’hui. Un film nécessaire et salvateur qui, en interrogeant frontalement nos parts d’ombre, ouvre aussi la voie à une humanité réconciliée.

Âpre mais porté par un souffle d’espoir, ce long-métrage coup de poing met en lumière ceux que l’on ne veut pas voir et réhabilite la portée politique du 7e art. Une pépite à découvrir absolument sur les écrans dès le 10 novembre aux États-Unis, en attendant une date de sortie espérée en France.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.