Au cœur de la capitale saoudienne, une rencontre diplomatique de haut vol se profile entre les États-Unis et la Russie. Mais attention, prévient d’emblée Washington : il ne faut pas y voir une « négociation » sur le dossier ukrainien. Alors, quel est l’objectif de ce face-à-face qui suscite tant d’interrogations ?
Un suivi de la conversation Trump-Poutine
D’après une source proche du département d’État américain, cette réunion fait suite à l’échange téléphonique entre les présidents Donald Trump et Vladimir Poutine la semaine dernière. L’idée ? Voir s’il est possible « d’aller de l’avant » et d’explorer les pistes de dialogue, sans pour autant engager de véritables tractations sur le conflit en Ukraine.
La porte-parole de la diplomatie américaine, Tammy Bruce, a ainsi tenu à tempérer les attentes :
Je ne pense pas qu’il faille y voir quelque chose qui sera détaillé ni comme une avancée vers une sorte de négociation.
Tammy Bruce, porte-parole du département d’État américain
Rubio et Lavrov en première ligne
Les chefs de la diplomatie des deux pays, Marco Rubio côté américain et Sergueï Lavrov côté russe, mèneront les discussions. Ils seront épaulés par de hauts conseillers :
- Mike Waltz, conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump
- Steve Witkoff, envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient
- Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique de Vladimir Poutine
Un tête-à-tête Rubio-Lavrov en marge de la réunion ? Washington reste évasif, laissant planer le mystère sur une éventuelle rencontre bilatérale entre les deux ministres.
L’Ukraine s’inquiète d’être écartée
Si la réunion de Ryad ne doit pas aboutir à des négociations concrètes sur l’Ukraine, elle pourrait néanmoins « être l’occasion » de préparer le terrain pour de futurs pourparlers, concède Tammy Bruce. Une perspective qui suscite l’inquiétude de Kiev, qui craint d’être mis sur la touche des discussions sur son propre sort.
Côté américain, on s’efforce de rassurer, insistant sur la nécessité de vérifier au préalable si Moscou est « sérieux » dans sa volonté de renouer le dialogue. Un test grandeur nature pour jauger la bonne foi russe, après trois années de quasi-rupture des relations entre les deux puissances.
Un dégel des relations russo-américaines ?
Car c’est bien là l’enjeu de fond de cette rencontre à Ryad : peut-elle marquer un tournant, un début de dégel dans les rapports profondément dégradés entre Washington et Moscou ?
Depuis 2014 et la crise ukrainienne, les deux pays traversent leur pire période de tensions depuis la Guerre Froide. Sanctions économiques, expulsions de diplomates, accusations mutuelles d’ingérence : la liste des griefs est longue de part et d’autre.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump en 2017 n’a pas inversé la tendance, malgré les espoirs initiaux du Kremlin. Au contraire, de nouvelles crises sont venues alourdir le contentieux bilatéral, de l’affaire du Russiagate aux frappes américaines en Syrie.
Dans ce contexte, la réunion de Ryad apparaît comme une tentative prudente de renouer le fil du dialogue, sans véritablement croire à une percée spectaculaire. Une façon pour les deux camps de garder le contact, d’éviter une rupture totale, tout en affichant leur fermeté sur les dossiers qui fâchent.
L’Arabie Saoudite, hôte de cette rencontre américano-russe, espère sans doute jouer un rôle de facilitateur, de pont entre les deux puissances rivales. Un pari diplomatique audacieux pour Ryad, qui cherche à asseoir son statut de puissance régionale incontournable.
Alors, simple coup d’épée dans l’eau ou prémices d’un réchauffement ? Les prochains jours nous en diront plus sur les véritables intentions de Washington et Moscou, et sur leur capacité à dépasser leurs profondes divergences. Une chose est sûre : le monde entier scrutera avec attention les signaux envoyés depuis la capitale saoudienne.