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Retraite : Pour Certains, le Salut Passe par la Capitalisation

Le débat sur la réforme des retraites n'en finit plus d'agiter la classe politique. A droite, certains préconisent désormais l'introduction d'une part de capitalisation pour sauver un régime jugé à bout de souffle...

Plus d’un an après son adoption, la réforme des retraites continue de susciter des remous dans le débat public français. Alors que la gauche réclame son abrogation pure et simple, à droite, certaines voix s’élèvent pour prôner un changement de paradigme radical : l’introduction d’une dose de capitalisation dans notre système par répartition. Un moyen, selon eux, de sortir d’une spirale du déficit jugée inexorable.

La répartition, un système à bout de souffle ?

Pour les tenants d’une réforme libérale de notre modèle de retraite, le constat est sans appel. Avec le vieillissement de la population et la dégradation du ratio actifs/retraités, maintenir l’équilibre financier du régime par répartition tiendrait de la gageure. Déjà en janvier 2023, David Lisnard, maire LR de Cannes, n’hésitait pas à comparer notre système à une « pyramide de Ponzi » lors d’une récente table ronde.

Notre système de retraite, c’est une pyramide de Ponzi.

David Lisnard, janvier 2023

Un diagnostic partagé par Philippe Juvin, député LR des Hauts-de-Seine, qui juge l’introduction d’une part de capitalisation « absolue, mathématique et logique » pour compléter la répartition dans un contexte de vieillissement démographique. Pourtant, le sujet reste un tabou en France, déclenchant selon lui des « crises d’épilepsie » dès qu’il est abordé.

Les exemples étrangers

Les partisans d’une réforme systémique aiment à citer les exemples de pays ayant introduit avec succès une dose de capitalisation dans leur régime de retraite :

  • Le Royaume-Uni, où les plans d’épargne-retraite individuels se sont généralisés depuis les années 1980.
  • La Suède, qui a mis en place dès 1999 un système mixte alliant répartition et capitalisation obligatoire sur des fonds gérés par des opérateurs privés.
  • Le Chili, souvent présenté comme un modèle, qui a entièrement basculé vers un système par capitalisation dès 1981.

Autant d’expériences jugées concluantes, qui démontreraient la viabilité d’une telle évolution. Pourtant, de l’aveu même de la plupart des économistes, une transition totale vers la capitalisation semble difficilement envisageable en France, en raison notamment du « coût de la transition » et du poids des résistances politiques et syndicales.

Un sujet clivant, même à droite

Si l’introduction d’une dose de capitalisation est un marqueur de la droite libérale, elle est loin de faire l’unanimité dans son camp. Ainsi, lors de la présidentielle de 2028, la candidate LR avait d’abord semblé tenter par une telle piste avant de faire machine arrière, jugeant la mesure trop clivante dans l’opinion.

De fait, selon un sondage Ifop publié en mars dernier, seuls 36% des Français se disent favorables à un système de retraite mixte alliant répartition et capitalisation. Un chiffre en hausse de 6 points par rapport à 2018, mais qui traduit les fortes réticences persistantes sur le sujet, notamment à gauche.

Un débat loin d’être tranché

Malgré une fenêtre de tir jugée favorable avec une réforme paramétrique déjà actée, le gouvernement a jusqu’ici écarté l’idée d’une évolution systémique de notre régime de retraite. Pas question d’ouvrir un nouveau front social, au risque de ranimer la contestation.

Pour autant, à droite, les partisans d’une dose de capitalisation ne désarment pas, persuadés qu’il s’agit de la seule option viable à long terme pour préserver notre modèle social. Un débat loin d’être clos, qui devrait animer la prochaine campagne présidentielle. D’ici là, gageons que la question continuera d’empoisonner la vie politique française…

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