Après plus de 60 ans de présence militaire au Tchad, la France amorce son retrait du pays. Vendredi dernier, un premier contingent de 120 soldats français a quitté la capitale N’Djamena à bord d’un Airbus A330, marquant ainsi le début d’un mouvement historique. Cette évacuation fait suite à la décision surprise des autorités tchadiennes de mettre fin à l’accord de coopération militaire qui liait les deux pays depuis la fin de la période coloniale.
Un départ précipité qui soulève des questions
Le retrait des troupes françaises du Tchad intervient dans un contexte tendu, alors que l’influence d’autres puissances, notamment celle de la Russie, ne cesse de croître dans la région du Sahel. Selon une source proche du dossier, la décision de N’Djamena aurait pris Paris de court, entraînant une évacuation précipitée du personnel militaire et du matériel.
Ce départ soulève de nombreuses interrogations quant à l’avenir de la stabilité dans cette zone particulièrement sensible. En effet, la présence française au Tchad constituait un élément clé de la stratégie de Paris au Sahel, offrant un point d’ancrage essentiel après les retraits forcés du Mali, du Burkina Faso et du Niger ces dernières années.
Une coopération militaire de longue date
Depuis l’indépendance du Tchad en 1960, des troupes et des avions de combat français ont été stationnés dans le pays de manière quasi-ininterrompue. Cette présence a joué un rôle crucial dans la formation et l’entraînement des militaires tchadiens, ainsi que dans le maintien de la stabilité politique du pays.
L’appui aérien fourni par la France s’est avéré décisif à plusieurs reprises pour stopper des rébellions cherchant à s’emparer du pouvoir. Avec près d’un millier de personnels répartis sur trois emprises militaires, dont une majorité sur le camp Kossei, l’armée française était un acteur incontournable de la sécurité au Tchad.
Un retrait logistique complexe
Le retrait des troupes françaises du Tchad représente un défi logistique de taille. Selon le ministère tchadien des Armées, des tonnes d’équipements militaires soigneusement conditionnés et entreposés à l’aéroport militaire de N’Djamena seront transportés par un Antonov 124 dans les jours à venir.
Les véhicules militaires provenant des bases françaises de Faya Largeau, Abéché et N’Djamena seront quant à eux rapatriés en France via le port de Douala, avec une échéance attendue d’ici janvier. Un responsable de l’armée française cité par le ministère tchadien a précisé que le trajet maritime prendrait environ trois semaines.
Quelles conséquences pour la stabilité régionale ?
Le départ des troupes françaises du Tchad soulève de nombreuses inquiétudes quant à l’évolution de la situation sécuritaire dans la région. Avec la montée en puissance de groupes terroristes et l’instabilité politique qui règne dans plusieurs pays du Sahel, le vide laissé par le retrait de la France pourrait avoir des conséquences dramatiques.
De plus, l’influence grandissante de la Russie dans la zone, qui se pose en alternative à la présence occidentale, risque de modifier profondément les équilibres géopolitiques. Face à ces défis, la communauté internationale devra redoubler d’efforts pour accompagner les pays du Sahel dans leur quête de stabilité et de développement.
Un tournant historique pour la France et le Tchad
Le retrait des troupes françaises du Tchad marque un tournant historique dans les relations entre les deux pays. Après plus de 60 ans de coopération militaire étroite, cette décision unilatérale de N’Djamena met fin à un partenariat qui a façonné l’histoire récente du Tchad et de la région.
Si les raisons profondes de ce revirement restent encore à éclaircir, il est certain que ce départ précipité aura des répercussions majeures sur la stabilité du Sahel et sur la stratégie française en Afrique. Plus que jamais, la France devra repenser son approche et trouver de nouveaux leviers pour maintenir son influence dans cette région clé.
Dans ce contexte incertain, il est essentiel que la communauté internationale reste mobilisée aux côtés des pays du Sahel pour les aider à relever les défis sécuritaires, politiques et économiques auxquels ils sont confrontés. Car au-delà du retrait des troupes françaises du Tchad, c’est l’avenir de toute une région qui se joue aujourd’hui.
