Imaginez un pays où 80 % de l’électricité provient du charbon, une ressource qui fait tourner l’économie mais étouffe l’air. Maintenant, picturez une promesse internationale de 13,8 milliards de dollars pour aider ce même pays à changer de cap, à se tourner vers un avenir plus vert. Et puis, d’un coup, un allié majeur se retire, laissant un vide d’un milliard. C’est l’histoire qui secoue l’Afrique du Sud aujourd’hui, avec l’annonce fracassante du retrait des États-Unis du Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP). Que s’est-il passé ? Et surtout, qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir énergétique du continent africain ?
Un partenariat ambitieux mis à l’épreuve
L’aventure du JETP a débuté en 2021, lors de la COP26 à Glasgow. Ce rendez-vous mondial sur le climat a vu naître une alliance inédite entre l’Afrique du Sud et plusieurs puissances occidentales : l’Union européenne, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et, bien sûr, les États-Unis. L’objectif ? Soutenir financièrement la première économie africaine dans sa sortie progressive du charbon, un défi colossal pour un pays parmi les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au monde.
Mais voilà, trois ans plus tard, un coup de théâtre vient bouleverser cet élan. D’après une source proche du dossier, les États-Unis ont décidé de se retirer, réduisant les fonds promis de 13,8 à 12,8 milliards de dollars. Une décision qui soulève des questions : pourquoi ce revirement ? Et comment l’Afrique du Sud, qui mise sur cette aide pour transformer son modèle énergétique, va-t-elle rebondir ?
Les dessous du retrait américain
Le milliard que Washington avait mis sur la table n’était pas une somme anodine, mais il ne s’agissait pas non plus d’un chèque en blanc. Selon des informations officielles, cette contribution était principalement composée d’investissements commerciaux potentiels, sans prêts à taux préférentiel. En clair, pas d’aide directe, mais des promesses d’opportunités économiques qui, visiblement, n’ont pas convaincu ou ne se sont pas concrétisées.
Ce retrait pourrait refléter un changement de priorités internes aux États-Unis, peut-être lié à des contraintes budgétaires ou à une réorientation stratégique. Mais pour l’Afrique du Sud, c’est un signal inquiétant : peut-elle compter sur ses partenaires internationaux dans une transition aussi coûteuse ? Après tout, les besoins financiers pour amorcer ce virage énergétique sont estimés à 98 milliards de dollars sur cinq ans.
Un plan qui reste solide malgré tout ?
Face à cette défection, les autorités sud-africaines affichent une détermination sans faille. Un ministre en charge de l’énergie a récemment déclaré à la presse :
Notre engagement pour une transition énergétique juste ne dépend pas des autres puissances.
– Un haut responsable sud-africain
Cette assurance repose sur une stratégie claire : diversifier les sources de financement. Le secteur privé et les institutions financières internationales pourraient combler le vide laissé par les États-Unis. Mais est-ce réaliste ? Avec 90 000 emplois liés au charbon, la transition ne se limite pas à une question d’argent : c’est un bouleversement social et économique.
Le charbon : un pilier à remplacer
En Afrique du Sud, le charbon n’est pas qu’une source d’énergie, c’est un mode de vie. Il alimente 80 % des besoins électriques et soutient des dizaines de milliers de familles. Pourtant, cette dépendance a un coût environnemental énorme, plaçant le pays dans le top 12 des émetteurs mondiaux de CO2. La sortie du charbon, prévue sur 20 ans, est donc une nécessité autant qu’un défi titanesque.
Le JETP devait poser les premières pierres de cet édifice vert. Avec des partenaires comme la France, qui a déjà déboursé 700 millions d’euros sur le milliard promis, l’élan semblait bien parti. Mais le retrait américain pourrait ralentir cette dynamique, obligeant Pretoria à repenser ses alliances et ses priorités.
Quels impacts concrets sur la transition ?
Concrètement, la perte d’un milliard de dollars ne paralyse pas le JETP, mais elle complique les choses. Voici les enjeux majeurs à surveiller :
- Ralentissement des projets : Moins de fonds, c’est moins de centrales solaires ou éoliennes à court terme.
- Pression sur les partenaires : L’UE et les autres pays devront-ils compenser ?
- Confiance ébranlée : Ce retrait peut décourager d’autres investisseurs.
Malgré cela, des experts estiment que l’Afrique du Sud a les cartes en main pour rebondir. Le pays dispose d’un potentiel énorme en énergies renouvelables, comme le solaire et l’éolien, et d’un secteur privé prêt à s’engager. Reste à savoir si la volonté politique suivra.
Un modèle pour l’Afrique et le monde
Le JETP sud-africain n’est pas un cas isolé. Conçu comme un prototype, il a inspiré des accords similaires avec l’Indonésie, le Vietnam et le Sénégal. Ce retrait américain pourrait-il freiner cette vague mondiale ? Pas forcément. D’autres nations pourraient voir une opportunité de prendre le leadership dans ce domaine, renforçant leur influence sur la scène climatique.
Pour l’Afrique du Sud, c’est aussi une chance de prouver sa résilience. Si elle parvient à avancer malgré ce coup dur, elle pourrait devenir un modèle pour les pays en développement confrontés aux mêmes dilemmes : comment concilier économie, emploi et écologie ?
Et maintenant ?
Le retrait des États-Unis du JETP est un tournant, mais pas une fin. L’Afrique du Sud doit maintenant jongler entre ses ambitions climatiques et ses réalités économiques. Les prochains mois seront décisifs : les partenaires restants tiendront-ils leurs promesses ? Le privé prendra-t-il le relais ? Une chose est sûre : cette saga énergétique est loin d’être terminée, et ses rebondissements pourraient redéfinir l’avenir de tout un continent.
Une transition énergétique réussie pourrait faire de l’Afrique du Sud un phare pour l’Afrique.