Près du village de Houla dans le sud du Liban, une scène poignante se déroule. Des dizaines de familles déplacées par la guerre dévastatrice entre le Hezbollah et Israël l’année dernière attendent anxieusement, parquées près de véhicules militaires libanais. Leur espoir ? Pouvoir enfin regagner leurs foyers, leurs vies d’avant. Mais l’incertitude plane, lourde et oppressante, alors qu’Israël vient d’annoncer le maintien de ses troupes dans la région malgré l’accord de cessez-le-feu.
Un retour en suspens pour les déplacés de Houla
Hommes, femmes, enfants, tous scrutent l’horizon, guettant le départ des soldats israéliens de leur village natal. Houla, comme tant d’autres localités du sud du Liban, reste encore sous emprise partielle des forces d’occupation malgré la fin officielle des hostilités. Les habitants ignorent s’ils seront autorisés par l’armée israélienne à franchir le pas, à retrouver leurs racines.
Face à cette situation tendue, l’armée libanaise se déploie en première ligne. Des soldats gardent l’entrée du village, un drapeau national flotte fièrement dans le vent. Des ambulances sont positionnées, prêtes à intervenir en cas de dérapage. Car la veille déjà, des tensions ont éclaté lorsque des habitants ont tenté de forcer le passage vers Houla.
Israël maintient des positions stratégiques malgré l’accord de cessez-le-feu
Le nœud du problème ? L’annonce choc d’Israël de conserver des troupes dans cinq « positions stratégiques » au sud du Liban, dont une près de Houla, surplombant la frontière. Et ce, au mépris du délai imparti pour un retrait total de la zone selon les termes de l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre.
Nous avons le droit de retourner dans nos maisons après un an d’exil forcé.
– Amine Koteich, un fermier déplacé
Tirs nourris et évacuations d’urgence
Dimanche, la tension est montée d’un cran lorsque plusieurs habitants ont réussi à franchir les barrages libanais et israéliens pour pénétrer dans Houla. Pris pour cible par des tirs nourris des soldats israéliens, ils ont dû se terrer toute la nuit dans des maisons. Une jeune femme, Khadija Atoui, a tragiquement perdu la vie dans ces circonstances.
Nous sommes entrés, et soudain il y a eu des tirs. Les femmes, les enfants et les jeunes ont couru dans toutes les directions. Certains se sont réfugiés dans les vallées, d’autres se sont cachés dans les maisons.
– Fadi Koteich, un habitant pris sous les tirs
Face à l’escalade, l’armée libanaise a dû procéder à l’évacuation des civils coincés à Houla lundi après-midi. La mère de Khadija, Haïfa Hussein, a hurlé sa douleur et son incompréhension devant les soldats et les habitants massés à l’extérieur du village, réclamant de pouvoir récupérer le corps de sa fille.
L’armée libanaise appelle à la prudence
Consciente des risques, l’armée libanaise exhorte la population à ne pas s’aventurer dans les villages où elle ne s’est pas encore déployée, « afin de préserver leur sécurité ». Un appel à la prudence qui sonne comme un aveu d’impuissance face à une situation explosive, où le droit légitime des déplacés à retrouver leurs foyers se heurte à la réalité implacable d’une occupation qui perdure.
Pour les familles massées aux abords de Houla, l’attente se poursuit, suspendue aux décisions des grandes puissances et au bon vouloir de l’armée israélienne. Une attente insoutenable, entre espoir et résignation, symbole d’un Liban meurtri qui peine à panser les plaies d’une guerre dévastatrice.