Parmi les décombres des anciens bastions rebelles syriens, la vie tente timidement de reprendre ses droits. Après des années d’exil forcé, de nombreuses familles se risquent à un retour sur leurs terres natales, mues par l’espoir suscité par la chute du régime d’Assad. Mais le chemin de la reconstruction s’annonce long et semé d’embûches, tant les stigmates de la guerre sont profonds.
Un Difficile Retour au Pays
Pour Omar Kafozi, 74 ans, le retour à Hammouriyé, dans la banlieue de Damas, s’est imposé comme une évidence dès l’annonce du départ des forces loyalistes. Avec sa femme, son fils et sa belle-fille, il a rassemblé ses maigres effets pour regagner ce qu’il reste de leur maison familiale. Un toit éventré, des murs criblés d’impacts, mais surtout un foyer où se reconstruire malgré tout.
Nous sommes revenus avec l’espoir que notre maison serait dans un meilleur état.
Omar Kafozi, habitant d’Hammouriyé
Comme lui, ils sont nombreux à tenter l’aventure du retour, bravant les conditions de vie précaires et l’incertitude du lendemain. Ahmad, le neveu d’Omar, a lui aussi fait le choix de revenir avec sa femme et ses quatre enfants. Faute de logement habitable, il loge pour l’instant chez des proches, le regard rivé sur les immeubles voisins éventrés, vestiges poignants d’un passé douloureux.
L’Espoir d’une Reconstruction
Au milieu des gravats et des stigmates omniprésents, l’heure est à la (re)construction. Pour les autorités locales, l’enjeu est de taille : il faut restaurer les infrastructures essentielles – eau, électricité, communications – pour permettre aux habitants de se projeter à nouveau.
Nous avons ramené environ 106 familles. Le nombre total de familles souhaitant revenir est d’environ 2.000.
Baibars Zein, responsable local
Un défi immense, à la hauteur des espoirs et des attentes de toute une population meurtrie. Car pour ces familles syriennes, il ne s’agit pas seulement de rebâtir des murs, mais bien de reconstruire un avenir. De renouer avec une vie normale, faite de petits bonheurs quotidiens et de projets d’avenir.
Garder Espoir Malgré les Épreuves
Les cicatrices de la guerre ne s’effaceront pas du jour au lendemain. Chacun ici a sa part d’épreuves et de deuils à surmonter, à l’image de Saria Zein qui a perdu sa fille de sept ans dans un bombardement en 2015. Mais face à l’adversité, les Syriens font preuve d’une formidable résilience.
Nous sommes très, très optimistes : l’oppression a disparu. C’est le principal.
Saria Zein, habitant de Hammouriyé
Cet optimisme, on le lit dans les sourires des enfants qui s’amusent à nouveau dans les rues poussiéreuses. On l’entend dans la voix des parents qui rêvent d’offrir un avenir meilleur à leur progéniture. On le voit dans les gestes de solidarité et d’entraide qui se multiplient, malgré le peu de moyens.
Un Chemin Pavé d’Obstacles
La route sera longue pour ces familles syriennes avant de retrouver une vie normale. De nombreux obstacles se dressent encore sur leur chemin : la précarité qui les guette, le manque de ressources, l’instabilité latente de la région, les traumatismes à surmonter…
Mais dans les décombres des fiefs rebelles, l’espoir renaît peu à peu. L’espoir d’une vie meilleure, d’un avenir en paix pour les nouvelles générations. L’espoir qu’au-delà des ruines, la vie finira par triompher. Et c’est sans doute là le plus beau des symboles, la plus belle des victoires pour le peuple syrien.
