Un lourd silence enveloppe les villages du Sud-Liban. Après 3 semaines de bombardements israéliens d’une rare violence, les habitants déplacés tentent de regagner ce qui fut autrefois leur foyer. Dans les ruelles dévastées, le temps semble s’être arrêté. La vaisselle encore sur la table, les murs criblés d’impacts de balles. Seuls vestiges d’une vie paisible brusquement interrompue.
Le difficile retour des déplacés après le cessez-le-feu
Dès l’entrée en vigueur de la trêve négociée entre le Hezbollah et Israël, Oum Mohamed Bzeih a pris la route vers le sud. Direction Zabqine, son village natal. Avec appréhension, cette veuve de 44 ans découvre l’ampleur des dégâts. Sa maison n’a pas été épargnée par les frappes. « Malgré tout, on est heureux d’être rentrés. On se sent renaître », confie-t-elle, balayant le verre brisé.
Durant l’offensive, près de 900 000 Libanais auraient fui les combats d’après l’ONU. Beaucoup trouvant refuge dans les hauteurs, à l’abri des bombes. Ils sont encore peu nombreux à oser le retour, craignant une reprise des hostilités. Mais pour Oum Mohamed, hors de question d’attendre plus longtemps. Les mains déjà à l’œuvre, elle s’attelle au nettoyage, malgré un cœur lourd à la vue de ses biens dévastés.
Zabqine et Qana, villages meurtris
À Zabqine comme dans tout le sud, le paysage n’est que désolation. Voitures calcinées, maisons éventrées, devantures soufflées. Les stigmates de bombardements d’une rare intensité. « Personne ne peut voir tant de destructions sans pleurer », soupire Ahmad Halloum, 55 ans, errant parmi les décombres de Qana.
Ce village, tristement célèbre, fut par deux fois le théâtre de massacres durant les précédents conflits. En 2006, une cinquantaine d’innocents y périssent sous les bombes. Dix ans plus tôt, 105 civils trouvent la mort dans un abri de l’ONU ciblé par Israël. Des drames ancrés dans les mémoires.
Entre peine et résilience, l’avenir en suspens
« On ne s’attendait pas à toutes ces destructions. Nous avons tout perdu », sanglote Malak, 15 ans, contemplant les ruines de Qana. Cette adolescente aux rêves d’avocate peine à imaginer son futur. Son lycée a lui aussi été réduit en poussière.
Sans les jeunes de la Résistance, on serait encore déplacés.
– Oum Mohamed, habitante de Zabqine
Malgré la peine, la reconstruction s’organise déjà. Unis dans l’adversité, les villageois s’entraident pour redonner vie à leurs foyers. Le Hezbollah, omniprésent dans la région, apporte son soutien à une population qui loue sa « victoire ». Mais derrière les banderoles célébrant les « martyrs », la crainte de nouveaux combats reste vive.
Dans ces villages meurtris du Liban du Sud, le retour à une vie normale s’annonce long et ardu. Entre résilience et incertitudes, les habitants s’accrochent à l’espoir d’une paix durable. Pour que plus jamais ils ne doivent fuir leur terre natale, laissant derrière eux leurs rêves brisés.