Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche s’annonce d’ores et déjà explosif et viral, si l’on en croit ses récentes publications sur les réseaux sociaux. En effet, le président élu vient de semer la panique à l’international en annonçant via deux simples posts l’imposition de taxes douanières massives sur les produits canadiens, mexicains et chinois dès son entrée en fonction.
Un nouveau mandat au rythme des réseaux sociaux
Ces annonces choc, survenues à des heures surprenantes sur Truth Social, le réseau fétiche de Donald Trump, donnent un avant-goût de ce que pourrait être son prochain mandat présidentiel :
- Des décisions majeures dévoilées de façon impromptue sur les réseaux sociaux, à toute heure du jour et de la nuit
- Des sujets très divers abordés sans filtre, de la politique étrangère aux nominations ministérielles
- Des alliés pris de court et des marchés chamboulés au gré des humeurs présidentielles
Un mode de communication déjà éprouvé lors de son précédent passage à la Maison Blanche, quand diplomates, journalistes et chefs d’entreprise scrutaient anxieusement chaque tweet présidentiel, souvent annonciateur de mesures fracassantes ou de limogeages inopinés.
Des alliés pris de court
L’annonce de taxes de 25% sur tous les produits canadiens et mexicains, assorties d’une condition sur la lutte contre les drogues et l’immigration clandestine, a provoqué l’émoi des principaux partenaires commerciaux des États-Unis. Quelques secondes plus tard, c’était au tour de la Chine d’être visée par une augmentation de 10% des droits de douane.
D’Ottawa à Mexico en passant par Pékin, les réactions oscillent entre stupeur, colère et appels au dialogue. Même les alliés européens retiennent leur souffle, craignant d’être les prochains sur la liste. Comme le souligne un diplomate sous couvert d’anonymat:
Avec Trump, il faut s’attendre à tout, tout le temps. Un tweet peut bouleverser des mois de négociations commerciales.
Des marchés affolés
Sans surprise, les marchés financiers ont immédiatement accusé le coup. L’action du constructeur automobile Stellantis, très implanté en Amérique du Nord, a dévissé en bourse dans la foulée des annonces trumpiennes. Plus globalement, c’est la perspective d’une nouvelle guerre commerciale qui inquiète les investisseurs.
Les marchés détestent l’incertitude et l’imprévisibilité. Avec un président qui twitte plus vite que son ombre, il va falloir s’accrocher.
– Un analyste financier new-yorkais
Une méthode Trump pour « orienter le débat »
Au-delà de l’impact économique et diplomatique, c’est bien un style présidentiel que Donald Trump semble imposer, en 280 caractères et à coups d’annonces spectaculaires. Comme l’analyse le politologue Julian Zelizer:
Il voit les réseaux sociaux comme un outil pour façonner et orienter le débat public. Et il continuera à les utiliser ainsi.
De son diagnostic Covid à l’assassinat d’un général iranien, en passant par les décisions les plus controversées de son mandat, c’est bien souvent sur Twitter que Donald Trump officiait, court-circuitant les canaux traditionnels de la communication présidentielle.
L’ère de la Real-politik 2.0
Finie la diplomatie feutrée et les arbitrages secrets des conseillers, place à l’instantanéité et la réactivité permanente du locataire de la Maison Blanche, pour le meilleur et souvent pour le pire. Une Real-politik 2.0 en somme, qui promet d’ébranler bien des certitudes.
À l’heure où les démocraties occidentales s’interrogent sur la régulation des réseaux sociaux et leur influence sur le débat public, le cas Trump pourrait bien être un laboratoire grandeur nature des dérives de la politique à l’ère du tout numérique. Un nouveau monde dont il faudra bien, bon gré mal gré, écrire les règles.