Trente ans après la fin de la Guerre Froide, les relations entre les États-Unis et la Russie semblent à nouveau sur le point de basculer. L’annonce par Washington du déploiement prochain de missiles à longue portée sur le sol allemand a en effet déclenché une vive réaction du Kremlin, qui y voit les prémices d’un retour à la confrontation Est-Ouest.
Des missiles pour “garantir la paix” ?
C’est à partir de 2026 que les États-Unis prévoient de positionner ces nouveaux armements en Allemagne, leur permettant de frapper plus loin que les systèmes actuellement en place en Europe. Une décision justifiée par la Maison Blanche et le gouvernement allemand comme relevant de la dissuasion et visant à préserver la paix sur le Vieux Continent.
Cela s’inscrit dans la dissuasion et cela garantit la paix, c’est une décision nécessaire et importante, prise au bon moment.
– Olaf Scholz, Chancelier allemand
Mais à Moscou, c’est une toute autre lecture qui est faite de cette initiative. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a ainsi dénoncé un retour pur et simple aux heures les plus sombres de la Guerre Froide :
L’Allemagne, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni participent directement au conflit autour de l’Ukraine. Tous les attributs de la Guerre froide reviennent, avec une confrontation, avec un affrontement direct.
– Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin
L’ombre de la crise ukrainienne
Derrière ces passes d’armes verbales, c’est bien sûr le conflit en Ukraine qui est en toile de fond. Depuis l’invasion russe de février 2022, les pays occidentaux ont massivement soutenu Kiev, tant sur le plan financier que militaire. Un appui que Moscou perçoit comme une ingérence directe visant à provoquer sa défaite.
Dans ce contexte, le déploiement de missiles américains en Allemagne apparaît comme une nouvelle étape dans l’escalade des tensions. D’autant que ces armements pourraient théoriquement atteindre le territoire russe en cas de conflit ouvert.
Vers une nouvelle course aux armements ?
Au-delà du cas ukrainien, c’est la question plus large de l’équilibre stratégique en Europe qui se pose. Pendant des décennies, celui-ci a reposé sur un savant jeu de dissuasion mutuelle entre l’Est et l’Ouest, chaque camp veillant à ne pas se laisser distancer par l’autre dans la course aux armements.
Or, avec ce retour de missiles américains à longue portée sur le sol européen, on peut craindre une relance de cette compétition militaire. Une perspective inquiétante au moment où le dialogue semble plus que jamais rompu entre Moscou et les capitales occidentales.
L’Allemagne au cœur des enjeux
Hasard de l’histoire ou symbole lourd de sens, c’est l’Allemagne qui a été choisie pour accueillir ces nouveaux missiles américains. Berlin, épicentre de la Guerre Froide, pourrait-elle redevenir malgré elle le théâtre d’un affrontement Est-Ouest ?
Le chancelier Olaf Scholz s’est en tout cas employé à justifier ce choix et à rassurer son opinion publique. Mais dans un pays encore très marqué par son passé récent, la pilule pourrait avoir du mal à passer. Surtout si la situation internationale continue de se dégrader.
Quelle réponse de l’OTAN ?
Face à ces développements préoccupants, tous les regards se tournent désormais vers l’OTAN. L’Alliance atlantique, dont le sommet se tient actuellement à Washington, va-t-elle avaliser cette décision américaine ? Et surtout, saura-t-elle trouver les mots pour apaiser les tensions avec Moscou ?
Des questions cruciales pour l’avenir de la sécurité et de la stabilité en Europe. Car si le retour des missiles de la Guerre Froide en Allemagne est acté, c’est un engrenage périlleux qui pourrait s’enclencher. Avec le risque d’une nouvelle escalade militaire aux conséquences potentiellement dévastatrices.
