Il était parti par la petite porte de l’Élysée en 2017, loin des fastes et de la popularité. Mais ce dimanche, François Hollande a signé un retour tonitruant sur le devant de la scène politique. L’ancien président socialiste vient en effet de remporter haut la main l’élection législative dans la première circonscription de Corrèze, son fief historique. Sous les couleurs du Nouveau Front populaire, il s’est imposé avec 43,3% des voix face à ses adversaires LR et RN. Une victoire qui en dit long sur ses ambitions.
Un come-back minutieusement préparé
Loin d’être un coup de poker, ce retour de François Hollande à l’Assemblée est le fruit d’une stratégie patiemment élaborée. Après une traversée du désert de plusieurs années, l’ancien président a senti que le vent tournait, avec la montée des périls extrémistes. C’est donc logiquement qu’il a décidé d’apporter son soutien au Nouveau Front populaire, cette alliance des gauches bâtie pour contrer le Rassemblement national.
Si j’ai pris cette décision, c’est parce que j’ai estimé que la situation était grave, plus qu’elle ne l’a jamais été.
François Hollande
En choisissant de se présenter en Corrèze, sa terre d’élection depuis des décennies, François Hollande misait sur un pari relativement sûr. Mais l’ampleur de sa victoire dès le premier tour constitue une demi-surprise, qui conforte sa stature d’homme providentiel à gauche.
Un rôle central au Palais Bourbon
Sitôt élu, l’ancien président sera appelé à jouer un rôle crucial au sein du groupe parlementaire du Nouveau Front populaire. Fort de son expérience et de son aura, il pourrait en prendre la tête, ou du moins en devenir une figure de proue. Une position idéale pour peser sur les débats de la nouvelle assemblée, et porter la contestation face à un exécutif qui s’annonce fragilisé.
Cette élection signe aussi les retrouvailles de François Hollande avec certains de ses anciens camarades socialistes, comme Olivier Faure. Mais elle l’oblige aussi à composer avec les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon et les écologistes, dont il a pu critiquer les positions par le passé. Un exercice d’équilibriste auquel l’ex-président est cependant rompu.
Cap sur 2027 ?
Reste la question qui agite tous les observateurs : ce retour fracassant de François Hollande n’est-il que le prélude à une candidature à la présidentielle de 2027 ? Si l’intéressé s’en défend pour l’instant, rares sont ceux qui n’y voient pas un indice clair de ses intentions.
Sa victoire confortable en Corrèze pourrait en tout cas constituer un premier jalon vers ce duel tant attendu avec Marine Le Pen. Un hypothétique “match retour” que beaucoup, à gauche, appellent de leurs vœux, tant la menace extrémiste semble désormais prégnante. Sur ce créneau de la gauche républicaine et rassembleuse, François Hollande semble en tout cas avoir une longueur d’avance.
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : avec ce come-back tonitruant, l’ancien président est redevenu en quelques heures un acteur incontournable du paysage politique français. Un séisme dont on n’a sans doute pas fini de mesurer les répliques.
