Les élections législatives 2024 risquent fort de laisser la France dans une situation politique instable. Alors que les urnes ont livré leur verdict ce dimanche, les projections laissent entrevoir une Assemblée nationale morcelée, où aucune force politique ne serait en mesure de gouverner seule. Un scénario qui fait craindre une nouvelle période de blocages et de tensions, deux ans seulement après la précédente législature.
Une Assemblée nationale à la proportionnelle
Selon la projection Ifop pour Le Figaro, le Nouveau Front populaire arriverait en tête avec 180 à 215 sièges, devant le camp présidentiel Ensemble! (150 à 180 députés) et le Rassemblement national (120 à 150 élus). Les Républicains et divers droite se maintiendraient avec 60 à 65 parlementaires. Mais aucun de ces blocs n’atteindrait la majorité absolue, fixée à 289 sièges.
Un émiettement qui résulte notamment de la percée du Rassemblement national, crédité d’un gain potentiel d’au moins 30 députés, et du recul sévère de la coalition Ensemble! qui perdrait plus de 70 sièges. La gauche unie sous la bannière du Nouveau Front populaire progresserait elle aussi sensiblement.
La conséquence d’une abstention record
Avec seulement 46% de participation selon les estimations, ces élections législatives ont été marquées par une abstention massive. Un désaveu cinglant pour la classe politique dans son ensemble, qui peine à mobiliser les électeurs malgré l’importance de l’enjeu.
Les Français nous envoient un message très clair. Ils ne font plus confiance à leurs représentants pour améliorer leur quotidien et préparer l’avenir du pays.
Louis Marcon, politologue
Emmanuel Macron fragilisé
Deux mois après sa défaite cuisante aux élections européennes et sa décision de dissoudre l’Assemblée, Emmanuel Macron sort très affaibli de ces législatives. Sans l’appui d’une majorité claire, le président voit sa capacité à mener des réformes d’ampleur sérieusement réduite.
La constitution d’une coalition gouvernementale s’annonce complexe au vu du rapport de force à l’Assemblée. Certains, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon, appellent déjà Emmanuel Macron à “s’en aller” pour “sortir de l’impasse“. Une chose est sûre, les tractations vont bon train en coulisses pour tenter de sortir de l’ornière.
Un paysage politique durablement recomposé ?
Ces élections législatives 2024 actent une triple rupture dans la vie politique française. D’abord, la fin de l’hégémonie des partis traditionnels de gouvernement, Les Républicains et le Parti socialiste, au profit de trois blocs antagonistes.
Ensuite, l’ancrage du Rassemblement national comme une force politique majeure, au coude à coude avec la majorité présidentielle. Enfin, l’avènement d’une gauche radicale, écologiste et eurosceptique, incarnée par la NUPES devenue Nouveau Front populaire.
Autant de bouleversements qui augurent de profonds changements de fond dans le débat public et les politiques menées. La France semble bel et bien entrée dans une nouvelle ère, dont nul ne peut prédire l’issue à ce stade.