À quelques heures d’un scrutin présidentiel américain qui s’annonce historique, la campagne de Kamala Harris met en garde : il faudra s’armer de patience avant de connaître le nom du prochain locataire de la Maison Blanche. Selon l’équipe de la candidate démocrate, les résultats définitifs pourraient en effet se faire attendre plusieurs jours après la clôture des bureaux de vote ce mardi.
Cette élection promet d’être l’une des plus serrées de l’histoire récente des États-Unis. Kamala Harris, actuelle vice-présidente, affronte l’ancien président républicain Donald Trump, bien décidé à retrouver le Bureau ovale après sa défaite contestée de 2020. Les sondages donnent les deux candidats au coude-à-coude dans les États pivots qui décideront de l’issue du scrutin.
Un dépouillement qui pourrait s’étaler sur plusieurs jours
Plus de 75 millions d’Américains ont voté de manière anticipée, que ce soit par correspondance ou dans des bureaux de vote ouverts en amont du jour J. Un record qui complique la tâche des autorités électorales. « De nouveaux bulletins continueront d’être dépouillés pendant plusieurs jours après l’élection », a averti Jen O’Malley Dillon, la présidente de la campagne Harris-Walz, tout en précisant que cela ne serait « évidemment pas un signe de fraude ».
Une course aussi serrée pourrait donc nous laisser sans vainqueur déclaré pendant un certain temps. « Nous pourrions ne pas connaître les résultats de cette élection avant plusieurs jours », a admis O’Malley Dillon. Et de détailler un calendrier possible pour chacun des sept « swing states » les plus disputés :
- Géorgie et Caroline du Nord : résultats attendus dans la nuit de mardi à mercredi.
- Nevada et Pennsylvanie : dépouillement jusqu’aux 8 ou 9 novembre.
- Arizona, Michigan et Wisconsin : entre ces deux extrêmes.
Accusations de fraudes vs craintes de contestation
En toile de fond de ce suspens, les deux camps continuent de s’invectiver sur l’intégrité du scrutin. Côté républicain, on martèle que l’équipe Harris se livrerait déjà à des « fraudes » et des « triches » dans les États clés. Une rhétorique qui rappelle celle employée par Donald Trump en 2020, quand il avait crié sans preuve à une élection « volée ».
De son côté, le parti démocrate redoute que l’ancien président ne conteste aussitôt une éventuelle victoire de Kamala Harris et proclame la sienne. Trump n’a en effet jamais reconnu sa défaite il y a quatre ans. Il est même poursuivi au pénal pour avoir tenté d’inverser les résultats, notamment lors de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.
Nous ne pouvons pas et nous ne laisserons pas Trump dénigrer l’élection ou nos institutions avec ses tentatives répétées de semer le chaos et le doute.
Dana Remus, conseillère en chef de la campagne Harris
La tension est donc à son comble à l’aube de ce scrutin à haut risque pour la démocratie américaine. Les équipes des deux candidats multiplient les mises en garde, attisant un peu plus la fièvre d’une nation déjà profondément divisée. Chaque camp accuse l’autre de vouloir « voler » l’élection, installant un climat délétère.
Un processus électoral « plus facile et plus sûr que jamais »
Malgré ces invectives, le camp démocrate assure que le processus électoral n’a jamais été aussi robuste. « En dépit de tout le bruit que font les républicains pour mettre à mal l’élection et alléguer qu’il y a des fraudes, il est en fait dorénavant plus facile et plus sûr que jamais de voter dans presque chaque État clé depuis des réformes électorales que nous avons votées après 2020 », a affirmé Dana Remus.
De nombreux États ont en effet renforcé leurs procédures après la présidentielle calamiteuse d’il y a quatre ans. Mais cela n’empêche pas les rumeurs et les théories du complot de se propager à toute vitesse sur les réseaux sociaux. De quoi alimenter encore un peu plus la défiance et les tensions dans un pays au bord de la rupture.
À mesure que les heures passent et que l’Amérique retient son souffle, une seule certitude émerge : il faudra s’armer de patience et de sang-froid pour traverser cette nouvelle épreuve démocratique. Un défi de taille pour une nation sous haute tension, suspendue au verdict des urnes et à un dépouillement qui s’annonce long et disputé. Les prochains jours, voire les prochaines semaines, pourraient être décisifs pour l’avenir de la première puissance mondiale.