C’est désormais officiel : les élections législatives anticipées qui devaient se tenir le 24 novembre en Guinée-Bissau sont reportées. Le président Umaro Sissoco Embalo vient d’annuler par décret le scrutin initialement prévu, sans fixer de nouvelle date pour le moment. Une décision qui fait suite aux recommandations du gouvernement estimant que les conditions n’étaient pas réunies pour organiser le vote dans les temps.
Selon une source proche de la présidence, un nouveau décret devrait prochainement arrêter une nouvelle date pour la tenue de ces législatives anticipées. L’ajournement était prévisible depuis plusieurs jours, le ministre de l’Administration territoriale Aristides Ocante da Silva ayant affirmé la semaine dernière que le délai était trop court pour résoudre les difficultés logistiques et financières.
Un pays en proie à une instabilité chronique
Ce report intervient dans un contexte politique particulièrement tendu en Guinée-Bissau. Le président Embalo avait dissous le Parlement en décembre dernier, quelques jours seulement après des affrontements armés qu’il a présentés comme une tentative de coup d’État. Un énième épisode illustrant l’instabilité chronique qui mine ce petit pays d’Afrique de l’Ouest depuis son indépendance.
Une coalition menée par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), principal opposant au président, détenait jusqu’alors la majorité absolue au Parlement. Cela obligeait Umaro Sissoco Embalo à une cohabitation houleuse avec ses adversaires politiques depuis les dernières législatives de juin 2023.
Un pays gangrené par la pauvreté et la corruption
Malgré un retour progressif à l’ordre constitutionnel depuis la présidentielle de 2014, la Guinée-Bissau demeure l’un des pays les plus pauvres au monde. Elle est également considérée comme l’un des États les plus gangrenés par la corruption, régulièrement secouée par des putschs ou des coups de force.
L’élection d’Umaro Sissoco Embalo à la tête du pays fin 2019 n’a pas mis fin aux turbulences. Son mandat de 5 ans et la date de la prochaine élection présidentielle font d’ailleurs l’objet de controverses dans la classe politique bissau-guinéenne.
Quelles conséquences pour la stabilité du pays ?
Le report des élections législatives risque de prolonger la crise politique et institutionnelle qui paralyse la Guinée-Bissau. Sans Parlement fonctionnel, le président Embalo dispose de fait des pleins pouvoirs pour gouverner, une situation dénoncée par l’opposition qui y voit une dérive autocratique.
De nombreux observateurs craignent que ce nouvel épisode ne décrédibilise un peu plus le processus démocratique et n’aggrave les tensions dans le pays. La communauté internationale, notamment la CEDEAO et l’ONU, appelle toutes les parties à la retenue et au dialogue pour trouver une issue pacifique à cette crise.
Une chose est sûre : l’avenir politique de la Guinée-Bissau s’annonce encore bien incertain. Ce nouveau report électoral pourrait ouvrir la voie à une nouvelle période d’instabilité dans ce pays qui peine décidément à tourner la page des soubresauts qui ont jalonné son histoire depuis l’indépendance.