La récente décision de la Chine de limiter ses exportations de métaux rares vers les États-Unis pourrait avoir de lourdes répercussions sur les secteurs américains des énergies renouvelables et de la défense, selon des experts. Cette mesure, annoncée mardi par Pékin, intervient à quelques semaines du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, faisant craindre une nouvelle escalade des tensions commerciales entre les deux superpuissances.
Des composants critiques pour l’industrie américaine
Parmi les matériaux concernés figurent le gallium, le germanium et l’antimoine, indispensables à la fabrication de panneaux solaires, de puces électroniques et de nombreuses technologies civiles et militaires. Le graphite, crucial pour les batteries de véhicules électriques, est lui aussi dans le viseur de Pékin.
Si la Chine invoque des motifs de « sécurité nationale », ces restrictions font surtout suite à de nouvelles mesures américaines visant elles aussi à entraver la production de composants électroniques. Bien que l’ampleur de l’impact reste à déterminer, certains analystes préviennent que cela pourrait faire grimper les coûts et créer une grande incertitude pour les entreprises américaines.
Un coup dur pour la défense et les énergies propres
Premier producteur mondial de gallium, germanium et antimoine, la Chine avait déjà fait chuter ses exportations vers les USA via des restrictions antérieures. Désormais, une licence est requise pour exporter ces minéraux, et les ventes à usage militaire sont bannies.
Des interdictions de minéraux cruciaux ne feraient que permettre à la Chine de devancer les États-Unis dans le développement de ces capacités militaires.
– Gracelin Baskaran et Meredith Schwartz, chercheuses au CSIS
Au-delà de la défense, ces mesures pourraient aussi freiner l’industrie américaine des énergies propres et des véhicules électriques, récemment soutenue par de grands plans d’investissement de l’administration Biden. La fabrication d’un véhicule électrique nécessite en moyenne 61,7 kg de graphite, bien plus que pour un modèle thermique.
Renforcer l’indépendance stratégique des USA
Face à ce défi, les États-Unis tentent d’attirer des investissements pour développer leurs propres capacités de production de composants clés. Mais ces efforts ne ciblent pas encore suffisamment certains minéraux comme le germanium.
Pékin a aussi instauré des « licences glissantes » de 3 mois pour empêcher la constitution de stocks. Si Washington a commencé à augmenter ses réserves de graphite et gallium, une stratégie coordonnée avec ses alliés semble manquer pour réduire la dépendance à la Chine sur le long terme.
Enfin, développer hors de Chine des filières de traitement de ces minerais critiques s’avère complexe et coûteux. Sans garanties de subventions pérennes, peu d’entreprises sont prêtes à se lancer face à la domination chinoise. Un véritable défi stratégique pour l’industrie américaine dans les années à venir.