Un vent de changement souffle sur la présence militaire française en Afrique. Selon des informations obtenues par une source proche du dossier, un rapport détaillant les contours d’un partenariat de défense renouvelé entre la France et ses alliés africains a été remis lundi au président Emmanuel Macron. Cette refonte stratégique, menée par Jean-Marie Bockel, envoyé personnel du président pour l’Afrique, vise à redéfinir les relations militaires dans un esprit de co-construction et de respect de la souveraineté des États africains.
Vers une réduction significative des forces prépositionnées
L’un des changements majeurs préconisés par ce rapport est une diminution conséquente des troupes françaises stationnées de manière permanente dans les bases militaires en Afrique. Hors Djibouti, la France dispose actuellement d’emprises militaires dans quatre pays : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Tchad et le Gabon. Le nouveau dispositif envisagé ne conserverait qu’une centaine de soldats dans chacun de ces pays, contre plusieurs centaines actuellement.
Cette évolution répond à une volonté de s’adapter aux besoins exprimés par les partenaires africains en matière de coopération militaire. L’objectif est de passer d’une logique de présence à une logique de partenariat, en misant sur une offre de coopération sur-mesure et co-construite.
Un rapport fondé sur une large consultation
Pour établir ses recommandations, Jean-Marie Bockel s’est entretenu non seulement avec les autorités des pays concernés, mais aussi avec des représentants de la société civile. Cette démarche inclusive vise à prendre en compte les attentes des populations et à favoriser l’appropriation des nouvelles orientations. Seul le Sénégal n’a pu être consulté en raison du calendrier électoral chargé de ces derniers mois.
Les recommandations s’inscrivent dans la volonté de mise en œuvre d’un partenariat de défense renouvelé, répondant aux besoins exprimés par nos partenaires, et coconstruit avec eux, dans le plein respect de leur souveraineté.
L’Élysée
Adapter l’offre de coopération aux besoins des partenaires
Au-delà de la réduction des effectifs, le rapport préconise de faire évoluer l’offre de coopération militaire pour mieux répondre aux attentes des pays africains. Il s’agira notamment de renforcer les actions de formation, d’entraînement et d’équipement des armées partenaires. L’accompagnement dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée sera aussi une priorité.
Cette nouvelle approche se veut plus agile et réactive, avec la possibilité de déployer rapidement des renforts depuis la France en cas de crise. Elle mise aussi sur une meilleure coordination avec les autres partenaires internationaux engagés dans la sécurité en Afrique, notamment l’Union européenne et les Nations unies.
Un changement de paradigme attendu
Si ce rapport est suivi d’effets, il marquera un tournant dans la relation militaire entre la France et l’Afrique. Après des décennies de présence souvent perçue comme une ingérence, Paris semble décidé à rééquilibrer ses liens avec le continent en misant sur un partenariat d’égal à égal. Une évolution rendue nécessaire par les critiques croissantes contre la politique africaine de la France, notamment au Sahel.
Reste à voir comment ces orientations seront accueillies par les dirigeants et les opinions publiques africaines. La réussite de ce nouveau modèle dépendra en grande partie de la capacité de la France à convaincre de la sincérité de sa démarche et à respecter ses engagements. Un défi de taille, alors que la défiance envers l’ancien colonisateur reste vive dans de nombreux pays.
Ce rapport n’est qu’une première étape. Sa mise en œuvre nécessitera un dialogue approfondi avec chaque pays partenaire pour définir les modalités concrètes de cette refondation. Mais il trace les contours d’une nouvelle ère dans les relations de défense entre la France et l’Afrique, tournée vers davantage de responsabilité partagée et de respect mutuel. Une petite révolution qui pourrait bien changer la donne sécuritaire sur le continent.