Et si dire adieu au sexe était une forme de liberté ? À une époque où la sexualité semble omniprésente, certaines personnes choisissent de s’en détourner, non par contrainte, mais par conviction. Ce choix, souvent perçu comme radical, soulève des questions sur notre rapport à l’intimité, aux relations et à soi-même. Une femme de 52 ans, professeure de lettres et mère célibataire, a franchi ce pas il y a six mois. Son histoire, marquée par une infection sexuellement transmissible (IST), révèle une réflexion profonde sur le sens de ses relations et sur ce qu’elle souhaite pour son avenir.
Quand le Corps Dit Stop : Une Décision Déclenchée
Pour cette femme, tout a basculé avec un diagnostic inattendu : une chlamydiose, une IST contractée auprès d’un partenaire occasionnel. Si l’infection a été traitée rapidement grâce à des antibiotiques, elle a agi comme un électrochoc. « J’étais furieuse, mais surtout déçue », confie-t-elle. Ce n’était pas seulement une question de santé, mais un signal que quelque chose dans sa vie intime ne fonctionnait plus.
Ce moment a marqué le début d’une pause, peut-être définitive, dans sa vie sexuelle. Après des années d’expériences en demi-teinte, elle a décidé de tout arrêter. « Le sexe, dans ma vie, n’apportait rien de vraiment positif. Pourquoi continuer ? » Cette question, simple en apparence, cache une réflexion complexe sur les attentes sociales, les désirs personnels et les réalités du quotidien.
Une Vie Intime en Pointillé
Élever seule deux enfants pendant plus de vingt ans n’a pas laissé beaucoup de place à une vie amoureuse épanouie. Entre les responsabilités parentales et une carrière exigeante, les rencontres étaient rares et souvent compliquées. « Avec deux enfants à la maison, je n’avais ni le temps ni l’espace pour des relations sérieuses », explique-t-elle. Les moments d’intimité, lorsqu’ils survenaient, étaient fugaces, souvent vécus comme des parenthèses dans un quotidien effréné.
« Sexuellement, c’était parfois agréable, mais toujours précipité. Pas de nuits entières, juste des instants volés. J’avais l’impression d’être dans une machine à laver. »
Ces expériences, bien que parfois satisfaisantes sur le plan physique, laissaient un goût d’inachevé. Les relations éphémères, bien qu’excitantes, manquaient de profondeur. Avec le temps, elle a commencé à se demander si le jeu en valait la chandelle. « J’ai réalisé que je courais après quelque chose qui ne me correspondait pas vraiment », admet-elle.
Les IST : Un Réveil Brutal
La découverte de la chlamydiose a été un tournant. Cette infection, bien que courante et traitable, a mis en lumière une réalité souvent occultée : les risques liés à la sexualité. Selon les données de Santé publique France, les IST comme la chlamydiose sont en augmentation, avec plus de 100 000 cas signalés chaque année en France. Les femmes, en particulier, peuvent subir des complications graves si ces infections ne sont pas détectées à temps.
Chiffres clés sur les IST en France :
- Chlamydiose : 100 000 cas annuels, en hausse de 20 % en 5 ans.
- Gonorrhée : 15 000 cas par an, résistances aux antibiotiques en augmentation.
- VIH : Environ 6 000 nouvelles infections chaque année.
Source : Santé publique France, 2024
Pour elle, cet épisode a été plus qu’un problème médical. Il a révélé une forme de vulnérabilité qu’elle ne voulait plus accepter. « J’ai pris conscience que je mettais ma santé en jeu pour des relations qui ne m’apportaient rien de durable », explique-t-elle. Ce constat l’a poussée à repenser ses priorités et à envisager une vie sans sexualité.
Un Choix Socialement Incompris
Dans une société où la sexualité est souvent glorifiée, choisir l’abstinence volontaire peut sembler déroutant. Les médias, les publicités et même les conversations quotidiennes véhiculent l’idée qu’une vie épanouie passe nécessairement par une sexualité active. Pourtant, pour certains, dire non au sexe est une manière de reprendre le contrôle.
« Les gens pensent que c’est bizarre, que je me prive de quelque chose d’essentiel », raconte-t-elle. Mais pour elle, ce choix est tout sauf une privation. Au contraire, il s’agit d’une libération. En mettant fin aux relations sexuelles, elle a retrouvé du temps et de l’énergie pour se consacrer à elle-même, à ses passions et à ses enfants.
Avantages de l’abstinence volontaire | Inconvénients perçus |
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Moins de stress lié aux relations | Jugement social |
Focus sur soi et ses projets | Sentiment d’isolement potentiel |
Réduction des risques pour la santé | Perte d’une forme d’intimité |
Redéfinir l’Intimité
Renoncer au sexe ne signifie pas renoncer à l’intimité. Pour cette femme, cette décision a été l’occasion de redécouvrir d’autres formes de connexion. « J’ai toujours aimé les discussions profondes, les moments passés avec mes amis ou mes enfants. Ces relations sont bien plus riches que ce que j’ai connu dans mes rencontres amoureuses », affirme-t-elle.
Elle s’est également tournée vers des activités qui la nourrissent intellectuellement et émotionnellement. La lecture, l’écriture et les voyages occupent désormais une place centrale dans sa vie. « Je me sens plus libre, plus en phase avec moi-même », confie-t-elle. Ce recentrage sur soi est une démarche que beaucoup de personnes adoptent après avoir remis en question leur rapport à la sexualité.
Un Phénomène Plus Large ?
Le choix de l’abstinence volontaire n’est pas isolé. Dans plusieurs pays, notamment au Japon, un nombre croissant de personnes, jeunes et moins jeunes, se détournent de la sexualité et des relations amoureuses. Ce phénomène, parfois appelé sekkusu shinai shokogun (syndrome de l’absence de sexe), reflète une lassitude face aux pressions sociales et aux attentes liées à la vie amoureuse.
En France, bien que moins documenté, ce mouvement semble également prendre de l’ampleur. Les réseaux sociaux regorgent de témoignages de personnes qui revendiquent leur choix de vivre sans sexe, souvent pour des raisons similaires : fatigue des rencontres décevantes, volonté de se recentrer sur soi, ou encore méfiance envers les risques sanitaires.
« Je ne dis pas que je ne retomberai jamais amoureuse. Mais pour l’instant, le sexe, c’est un chapitre clos. Et je vais bien comme ça. »
Les Défis de l’Abstinence
Si ce choix peut être libérateur, il n’est pas sans défis. L’un des principaux obstacles est le regard des autres. Dans un monde où la sexualité est souvent vue comme un pilier de l’épanouissement, ceux qui s’en détournent peuvent se sentir jugés ou incompris. « On me demande souvent si je suis heureuse comme ça, comme si c’était impossible », soupire-t-elle.
Pourtant, les études montrent que le bonheur ne dépend pas nécessairement d’une vie sexuelle active. Une enquête menée par l’Institut national d’études démographiques (INED) en 2023 révèle que 15 % des Français de plus de 50 ans n’ont pas eu de rapports sexuels au cours des cinq dernières années, et beaucoup se disent satisfaits de leur vie.
Vers une Nouvelle Liberté ?
Pour cette femme, renoncer au sexe a été une manière de se réapproprier sa vie. Loin d’être une décision prise à la légère, ce choix reflète une volonté de vivre en accord avec ses valeurs et ses besoins. « Je ne ferme pas la porte à l’amour ou à une relation future, mais pour l’instant, je suis bien comme je suis », conclut-elle.
Son parcours invite à réfléchir sur les injonctions qui pèsent sur notre rapport à la sexualité. Et si le véritable épanouissement résidait dans la liberté de choisir, qu’il s’agisse de dire oui ou non ? À une époque où tout semble possible, l’abstinence volontaire pourrait bien être une nouvelle forme d’affirmation de soi.
Pour aller plus loin :
- Prenez le temps de réfléchir à ce que la sexualité représente pour vous.
- Consultez un professionnel de santé pour toute question sur les IST.
- Explorez d’autres formes d’intimité : amitiés, passions, projets personnels.
Ce témoignage, à la croisée de la santé et de la société, montre que les choix intimes sont souvent le reflet de parcours complexes. Ils nous rappellent que l’épanouissement ne suit pas un modèle unique, mais se construit dans l’écoute de soi.