ActualitésSociété

Rennes Plonge dans la Violence : Un Jeune Homme Exécuté

Une Twingo criblée de balles, un jeune homme de 25 ans exécuté en pleine nuit au Blosne. Depuis vendredi, Rennes enchaîne les fusillades : Villejean, rue de Champagne, un fusil abandonné près d’une école… La ville autrefois tranquille bascule dans une violence qui rappelle les pires règlements de comptes. Mais qui est vraiment visé, et jusqu’où cela va-t-il aller ?

Il est presque minuit quand les premières détonations déchirent le silence du quartier du Blosne, à Rennes. Dans l’allée de la Lucerne, une petite Twingo banalement garée devient soudain le théâtre d’un drame implacable. À l’intérieur, un jeune homme de 25 ans gît sans vie, touché par une dizaine de projectiles. Ce qui aurait pu ressembler à une soirée ordinaire de décembre bascule en quelques secondes dans l’horreur pure.

Rennes n’est plus la ville tranquille que l’on croyait

En quelques heures à peine, la capitale bretonne s’est retrouvée projetée dans une réalité qu’elle pensait appartenir à d’autres grandes métropoles. Une exécution en règle, des témoins terrifiés, des douilles jonchant le bitume et surtout une question qui brûle toutes les lèvres : comment en est-on arrivé là ?

Ce dimanche 7 décembre 2025, la stupeur domine encore. Les habitants du Blosne, habitués à une certaine forme de tranquillité relative, décrivent une nuit cauchemardesque. « J’ai entendu quatre ou cinq coups, très rapprochés », raconte un riverain encore sous le choc. « Puis une voiture qui a démarré en trombe, qui est revenue deux fois comme pour être sûr… »

Une scène de crime digne d’un film noir

Les images prises par les policiers sur place sont glaçantes. La Twingo, une vieille génération reconnaissable entre mille, présente des impacts sur presque toutes les vitres. Les projectiles ont traversé l’habitacle de part en part. Le pare-brise arrière est littéralement pulvérisé. Autour du véhicule, les techniciens en identification criminelle relèvent une dizaine de douilles de différents calibres. Preuve, s’il en fallait une, que les tireurs n’ont rien laissé au hasard.

Le procureur de la République de Rennes a rapidement qualifié les faits de « meurtre en bande organisée ». L’enquête est confiée à la Division de la Criminalité Organisée et Spécialisée. Un signe que les autorités prennent l’affaire très au sérieux et soupçonnent déjà un règlement de comptes lié au trafic de stupéfiants.

« Ici, le trafic est partout. On se fait agresser pour un regard de trop. Il y a quelques années, ils avaient trouvé un vrai arsenal dans une tour… »

Un habitant de l’allée de la Lucerne, anonyme

Un week-end sous haute tension

Mais l’exécution du Blosne n’est que la partie émergée d’un iceberg particulièrement inquiétant. Depuis vendredi soir, Rennes vit au rythme des détonations. À Villejean, quartier historiquement sensible, plusieurs fusillades ont été signalées en moins de 48 heures.

Samedi soir, vers 21 heures, c’est entre la rue du Nivernais et la dalle Kennedy que les coups de feu ont retenti. Un secteur connu pour abriter un point de deal particulièrement actif. Les riverains, lassés, filment désormais les interventions policières depuis leurs balcons. Les vidéos circulent, montrant des silhouettes encagoulées fuyant à toute vitesse.

La veille déjà, trois détonations avaient été entendues dans le même secteur. Et comble de l’inquiétant : un fusil de chasse a été retrouvé abandonné à quelques mètres seulement d’une école maternelle. Un détail qui glace le sang des parents d’élèves.

Des appartements touchés, des familles terrifiées

Rue de Champagne, toujours à Villejean, les impacts de projectiles ont été relevés dans un appartement du deuxième étage. Par chance, il était inoccupé au moment des faits. Mais l’idée qu’une balle perdue aurait pu toucher un enfant endormi donne des sueurs froides à tout le quartier.

Ces tirs à répétition posent une question cruciale : s’agit-il d’une guerre entre bandes rivales pour le contrôle des points de deal, ou assiste-t-on à une montée en puissance plus globale de la violence armée dans la ville ? Les enquêteurs travaillent actuellement sur les deux hypothèses, sans exclure qu’elles puissent être liées.

Chronologie des faits (vendredi 5 au dimanche 7 décembre 2025)

  • Vendredi soir : 3 coups de feu signalés à Villejean
  • Samedi matin : découverte d’un fusil de chasse près d’une école
  • Samedi soir : nouvelle fusillade rue du Nivernais / dalle Kennedy
  • Dimanche 23h30-minuit : exécution mortelle allée de la Lucerne (Blosne)
  • Lundi matin : impacts découverts rue de Champagne

Un profil de victime qui interroge

La victime, un homme de 25 ans né au Maroc et résidant en France depuis plusieurs années, a été formellement identifiée par ses proches. Connu des services de police pour des faits liés au trafic de stupéfiants, il était considéré comme un acteur secondaire du milieu rennais. Rien, a priori, qui ne justifiait une exécution aussi spectaculaire.

Cette disproportion entre le profil supposé de la victime et la violence de l’attaque laisse les enquêteurs perplexes. Était-ce un message envoyé à l’ensemble du réseau ? Une erreur sur la personne ? Ou le signe que les règles du milieu ont brutalement changé ?

Rennes, nouvelle plaque tournante ?

Ce qui frappe dans cette affaire, c’est la rapidité avec laquelle la violence armée semble s’installer dans une ville qui, il y a encore quelques années, échappait largement à ce type de phénomènes. Les observateurs locaux pointent plusieurs facteurs :

  • Le développement exponentiel des points de deal dans les quartiers sud et ouest
  • L’arrivée de réseaux plus structurés, venus parfois d’autres régions
  • La concurrence accrue sur le marché de la cocaïne et du cannabis
  • Une moyenne d’âge des acteurs qui baisse dangereusement

Des habitants plus anciens se souviennent qu’il y a dix ans, trouver une arme à feu à Rennes relevait de l’exploit. Aujourd’hui, les saisies se multiplient : kalachnikovs, armes de poing, munitions en grande quantité. Le sentiment d’impunité semble avoir changé de camp.

Une population excédée

Dans les cafés du centre-ville, on parle désormais de « marseillisation » de Rennes. Le terme est excessif, mais il traduit une angoisse bien réelle. Les parents s’inquiètent pour leurs adolescents. Les personnes âgées n’osent plus sortir après 20 heures dans certains quartiers. Même les élus, d’ordinaire prudents, commencent à hausser le ton.

« On nous avait promis la tranquillité bretonne », ironise une grand-mère à la sortie du marché des Lices. « Aujourd’hui, on a peur de prendre le bus le soir. »

Et pendant ce temps, les réseaux sociaux s’enflamment. Les vidéos de fusillades tournent en boucle. Certains y voient une forme de glorification. D’autres, au contraire, un cri d’alarme désespéré.

Que peut faire la police ?

Les forces de l’ordre, elles, sont sur le pont. Renforts nationaux, unités spécialisées, surveillance accrue : tout est mis en œuvre pour éviter que la situation ne dégénère davantage. Mais les moyens humains restent limités face à une délinquance qui se professionnalise à vitesse grand V.

La question de la vidéosurveillance revient sans cesse. Certains quartiers en sont encore cruellement dépourvus. D’autres, pourtant équipés, voient les caméras régulièrement sabotées. Un cercle vicieux qui complique le travail des enquêteurs.

Quant à la justice, elle peine parfois à suivre. Les peines prononcées, même lourdes, ne semblent plus impressionner grand monde dans certains milieux.

Vers une prise de conscience collective ?

Cette série de fusillades pourrait marquer un tournant. Pour la première fois depuis longtemps, la classe politique locale, toutes tendances confondues, semble prête à mettre la sécurité au cœur des débats. Les prochaines élections municipales s’annoncent déjà sous haute tension.

Dans les quartiers touchés, des collectifs de riverains se constituent. Ils exigent plus de présence policière, mais aussi et surtout des solutions sociales durables. Car si la répression est nécessaire, elle ne suffira pas à elle seule à éteindre l’incendie.

Ce drame du Blosne, au-delà de son caractère tragique, pose une question essentielle : jusqu’où une société accepte-t-elle de voir ses villes basculer dans la violence avant de réagir vraiment ? Rennes, avec son image de ville jeune, dynamique et culturelle, se retrouve aujourd’hui face à un miroir peu flatteur. Et la réflexion ne fait que commencer.

En attendant, une Twingo criblée de balles reste sous scellés dans une cour de la police judiciaire. Symbole d’une nuit où tout a basculé. Et peut-être d’un avant et d’un après pour toute une ville.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.