Alors que la Syrie tourne une page de son histoire avec la chute de Bachar al-Assad, les dirigeants du pays cherchent à renouer des liens avec la communauté internationale. Un appel téléphonique entre le nouveau leader syrien Ahmad al-Chareh et le président des Émirats arabes unis Mohamed ben Zayed Al-Nahyane témoigne de cette volonté de rapprochement, malgré une certaine méfiance persistante.
Reconstruire le pays et assurer la stabilité régionale
Selon une source proche du dossier, les deux dirigeants ont discuté des moyens de renforcer les relations bilatérales entre leurs pays. L’objectif affiché est de « soutenir le peuple syrien, protéger l’intégrité de son territoire » et « œuvrer ensemble pour assurer la stabilité et le développement de la région ».
En effet, après plus de treize ans d’une guerre destructrice, la Syrie est en ruines et a cruellement besoin d’aide pour se reconstruire. Les nouveaux décideurs syriens se tournent donc naturellement vers les pays du Golfe, espérant obtenir un soutien financier et diplomatique.
Les deux parties ont insisté sur l’importance de la coordination continue et de l’intensification des efforts pour soutenir le peuple syrien.
Communiqué de l’agence officielle syrienne Sana
Une visite significative à Abou Dhabi
Cette conversation téléphonique fait suite à la visite début janvier du chef de la diplomatie syrienne Assaad al-Chaibani à Abou Dhabi. Il s’agissait de son premier déplacement aux Émirats depuis le renversement de Bachar al-Assad, dans le but explicite de renforcer les liens entre les deux pays.
Des signes de méfiance malgré la main tendue
Cependant, selon des informations rapportées par une source émiratie, Abou Dhabi observe avec une certaine méfiance les nouveaux dirigeants syriens, notamment en raison de leurs affiliations islamistes. En effet, le nouveau pouvoir à Damas est dominé par une coalition menée par le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC) de M. Chareh, considéré comme un mouvement islamiste radical.
Un haut responsable émirati s’était dit « inquiet » des affiliations islamistes du nouveau pouvoir à Damas.
Une source proche du dossier
Attachés à leur politique de tolérance zéro envers l’Islam politique, les Émirats arabes unis craignent également une influence excessive de la Turquie, principal allié des nouvelles autorités syriennes, selon des analystes.
Les Émirats, pionniers dans la normalisation avec la Syrie
Malgré ces réserves, les Émirats arabes unis figurent parmi les premiers pays arabes à avoir rétabli leurs liens avec la Syrie. Dès 2023, ils ont soutenu le retour de la Syrie de Bachar al-Assad sur la scène arabe, alors que le pays en avait été écarté pendant la guerre déclenchée en 2011 suite à la répression brutale de manifestations prodémocratie.
Aujourd’hui, dans un contexte post-Assad, Abou Dhabi semble vouloir poursuivre sur cette voie de la normalisation avec Damas, tout en restant prudent vis-à-vis des nouvelles autorités en place. Un exercice d’équilibriste délicat qui traduit la complexité des enjeux géopolitiques dans la région.
Un long chemin vers la paix et la stabilité
La discussion entre les dirigeants émirati et syrien marque une étape importante dans le processus de normalisation des relations entre les deux pays. Toutefois, le chemin vers une paix durable et une stabilité retrouvée en Syrie reste semé d’embûches.
La méfiance persistante envers les nouvelles autorités syriennes, les jeux d’influence régionaux et la tâche titanesque de reconstruction du pays laissent présager des défis de taille pour l’avenir. Il faudra sans doute encore de nombreux efforts de dialogue et de coopération pour parvenir à un apaisement durable dans cette région meurtrie par des années de conflit.
Le peuple syrien, épuisé par la guerre, aspire plus que jamais à tourner la page et à se reconstruire. La communauté internationale, et notamment les pays arabes, aura un rôle clé à jouer pour l’accompagner sur cette voie, en privilégiant la diplomatie et en œuvrant de concert pour la stabilité et le développement de la région.