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Relaxe d’un père qui soignait son fils handicapé au cannabis

En Polynésie, un père qui cultivait du cannabis pour soigner l'autisme et l'épilepsie sévères de son fils a été relaxé par la justice. Une décision rarissime qui relance le débat sur l'utilisation médicale du cannabis. Mais ce père de famille n'avait-il pas d'autre choix pour soulager son enfant ?

Ariimatatini Vairaaroa, un père de famille polynésien, a été relaxé vendredi par le tribunal de Papeete. Son crime ? Avoir cultivé du cannabis dans son jardin pour en extraire de l’huile, afin de soulager son fils de 10 ans, autiste et épileptique sévère. Une décision de justice rarissime, saluée comme un “grand moment” par son avocat.

Un père acculé, prêt à tout pour son enfant

Le petit garçon, aujourd’hui âgé de 10 ans, souffre de lourds handicaps consécutifs à un vaccin reçu lorsqu’il avait 9 mois. Autisme, épilepsie sévère, il subissait jusqu’à 20 crises par jour selon ses proches, sans qu’aucun traitement ne parvienne à le soulager. Désespéré, son père raconte :

On a regardé sur Internet. J’ai vu des parents dans mon cas qui plantaient du cannabis. C’est ce que j’ai fait. Mais il y a la loi. On est dans l’illégalité. Pendant un mois, il n’a plus fait de crise. On dormait.

Ariimatatini Vairaaroa, père de famille

Mais en mai 2022, les gendarmes ont découvert près de 110 plants de cannabis dans son jardin. Inculpé, le père de famille affirme devant le tribunal avoir agi par amour pour son fils, et sans autre solution.

Le cannabis médical, seul espoir

L’huile de CBD (cannabidiol), substance non psychotrope du cannabis, est connue pour ses vertus anti-épileptiques et apaisantes, notamment pour les enfants atteints de formes sévères d’autisme ou d’épilepsie. Mais si de nombreux pays comme les États-Unis, le Canada ou l’Allemagne l’ont déjà autorisée, elle reste illégale en France et en Polynésie.

Pour l’avocat du père de famille, Me Thibaud Millet, les poursuites engagées sont “indignes” et “inhumaines”, ayant conduit à une “rupture de soins” pour l’enfant malade. Il dénonce une législation “complètement inadaptée” :

C’est scandaleux de ne pas pouvoir soigner des malades pour lesquels il existe de produits sur le marché mondial qui sont interdits en Polynésie française (…) On oblige ces parents à soigner dans la clandestinité.

Me Thibaud Millet, avocat

Une décision de justice historique

Fait rarissime, le procureur lui-même s’est désolidarisé de l’accusation à l’audience, déclarant que s’il “avait eu à connaître la situation” de ce père, il “n’aurait pas engagé de poursuites”. Reconnaissant malgré tout le délit, il a requis une simple dispense de peine.

Mais le tribunal est allé plus loin, prononçant la relaxe pure et simple d’Ariimatatini Vairaaroa, au motif de “l’état de nécessité” et de la situation “irrépressible” à laquelle il était confronté. Une décision qualifiée d'”historique” et de “grand moment de justice” par son avocat.

Un jugement qui relance le débat

En Polynésie, le débat sur l’autorisation du cannabis thérapeutique est ouvert depuis plusieurs années. Le président du territoire, Moetai Brotherson, s’est déclaré favorable à une évolution de la loi. La consommation récréative de cannabis est par ailleurs déjà très répandue sur les îles.

Ce jugement pourrait faire jurisprudence et accélérer une réforme de la législation sur les stupéfiants. En plaçant l’intérêt supérieur de l’enfant malade au-dessus de l’application stricte de la loi, la justice polynésienne montre la voie. Combien de familles devront encore soigner leurs proches dans la clandestinité avant que la loi n’évolue ?

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