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Relaxe de 3 frères pour la dispersion d’un barbecue géant au fusil à pompe

Nantes : la rocambolesque affaire du barbecue géant dispersé au fusil à pompe connaît son épilogue judiciaire. Trois frères suspectés relaxés au bénéfice du doute. Retour sur une soirée de chaos et la fragilité de l'accusation.

Un an après le chaos, l’affaire du barbecue géant des Dervallières violemment interrompu à coups de fusil à pompe a connu son dénouement lundi 2 décembre 2024 au tribunal correctionnel de Nantes. Les trois frères mis en examen pour ces faits d’une rare violence ont finalement été relaxés au bénéfice du doute.

Une soirée festive qui vire au cauchemar

Flashback au 4 août dernier. Plus de 200 personnes sont réunies en fin de journée dans un parc au cœur du quartier sensible des Dervallières à Nantes pour célébrer un anniversaire autour d’un barbecue XXL. Mais les nuisances liées à ce grand raout attisent progressivement les tensions avec le voisinage jusqu’à l’éclatement d’une rixe.

La situation dégénère rapidement. Une véritable scène de chaos s’installe avec la dispersion violente de la foule par plusieurs individus, dont l’un armé d’un fusil à pompe qui fait feu à trois reprises. Le bilan est lourd : huit blessés par balle et arme blanche, des véhicules endommagés, un climat de terreur.

Trois frères dans le viseur de la justice

Deux semaines après les faits, trois frères bien connus de la justice sont mis en examen, soupçonnés d’être les auteurs des violences. Ghayth, 29 ans, animateur associatif déjà condamné 16 fois, est désigné comme le probable tireur au fusil à pompe, une arme qu’il possédait légalement au titre d’une licence de tir sportif.

Mohamed et Khalil, ses aînés de 31 et 34 ans, sont quant à eux poursuivis pour violences à l’arme blanche. Ils affirment être intervenus dans la bagarre pour récupérer des couteaux et éviter des blessures. Une version contredite par les graves blessures par arme blanche de certaines victimes.

Une enquête lacunaire, des zones d’ombre persistantes

Malgré plusieurs éléments accablants, comme l’arsenal d’armes découvert au domicile de Ghayth, l’enquête balistique n’a pas permis de prouver formellement sa culpabilité comme tireur. Des incohérences et imprécisions émaillent les auditions des témoins, souvent réticents à coopérer.

Même constat pour Mohamed et Khalil, dont les versions sur le déroulé de la soirée divergent. Le dossier d’instruction comporte de nombreuses zones d’ombre et pistes non exploitées, comme ce mystérieux tireur évoqué par un frère sans le nommer. Un homme par ailleurs jamais entendu par les enquêteurs.

Soyez exigeants ! On multiplie les occasions de faire un très beau raté judiciaire. Vous n’avez rien dans ce dossier, si ce n’est une hypothèse, et certainement pas assez d’éléments d’accusation pour entrer en voie de condamnation.

– Maître Benoît Poquet, avocat de Ghayth

La relaxe au bénéfice du doute

Face à ces lacunes, le tribunal correctionnel a donc choisi lundi de prononcer la relaxe des trois frères, au grand soulagement de leurs proches présents à l’audience. Une décision prise «au bénéfice du doute, ayant considéré qu’il n’existait pas suffisamment d’éléments probatoires» selon la présidente du tribunal.

Cette relaxe vient clore plus d’un an de procédure judiciaire mais laisse un goût amer aux victimes. L’enquête n’a pas permis d’identifier avec certitude les auteurs de ces violences, encore moins de démanteler un trafic d’armes souterrain. Quant aux trois frères, ce nouveau passage devant la justice ne sera sans doute pas le dernier au vu de leur lourd casier.

Les Dervallières, un quartier sous haute tension

Au-delà du volet judiciaire, cette affaire met en lumière une fois de plus la situation explosive du quartier des Dervallières, gangrené par la délinquance chronique et les trafics en tous genres. Les interventions musclées de ces «justiciers» autoproclamés face aux nuisances témoignent d’une dangereuse dérive.

Le quartier semble parfois livré à lui-même, délaissé par des services publics et une police débordés et sous-dotés. Les rivalités et règlements de comptes y sont légion, sur fond de trafic de drogue prospère et d’une économie souterraine bien implantée.

La dispersion ultraviolente de ce barbecue géant est symptomatique d’une zone de non-droit où la loi du plus fort s’impose régulièrement. Un constat alarmant qui appelle une réponse globale alliant prévention, répression et rénovation urbaine en profondeur. Faute de quoi les Dervallières risquent de s’enfoncer toujours plus dans la spirale de la violence.

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