Avez-vous déjà eu l’impression que votre smartphone, cet objet indispensable du quotidien, est un terrain de jeu où deux géants se disputent le contrôle ? Au Royaume-Uni, l’autorité de la concurrence, la CMA, a décidé de s’attaquer aux pratiques d’Apple et de Google, accusés de dominer le marché des smartphones et tablettes. Avec un nouveau régime réglementaire entré en vigueur en janvier 2025, les projecteurs sont braqués sur les systèmes d’exploitation iOS et Android, ainsi que sur leurs boutiques d’applications. Mais quelles sont les implications pour les utilisateurs et les développeurs ? Plongeons dans cette bataille pour plus de concurrence et de choix.
Un marché dominé par deux géants
Le marché des smartphones est aujourd’hui un duopole. D’un côté, Apple avec son écosystème fermé iOS et son App Store. De l’autre, Google avec Android et le Play Store, qui équipe la majorité des appareils hors Apple. Ensemble, ils contrôlent presque 100 % du marché britannique, laissant peu de place à la concurrence. Cette domination, selon la CMA, limite le choix des consommateurs et freine l’innovation. Mais comment en est-on arrivé là ?
Les systèmes d’exploitation et les boutiques d’applications sont devenus des portes d’entrée incontournables pour les utilisateurs et les développeurs. Chaque application, chaque achat in-app passe par ces plateformes, qui imposent leurs règles et prélèvent des commissions souvent jugées élevées. La CMA souhaite changer la donne en imposant des règles plus équitables.
Un nouveau régime pour plus de concurrence
En janvier 2025, le Royaume-Uni a introduit un cadre réglementaire inspiré du Digital Markets Act européen, visant à limiter les abus de position dominante des grandes entreprises technologiques. Dans ce contexte, la CMA propose de désigner Apple et Google comme sociétés stratégiques sur le marché. Ce statut, s’il est confirmé après consultation publique d’ici le 22 octobre 2025, leur imposerait des obligations spécifiques pour encourager la concurrence et offrir plus de choix aux utilisateurs.
Il faut davantage de concurrence et un choix accru pour les entreprises et les particuliers au Royaume-Uni.
Communiqué de la CMA
Cette initiative ne signifie pas que les deux entreprises ont agi de manière illégale, mais qu’elles occupent une position si dominante qu’elle nécessite une régulation. L’objectif ? Rendre le marché plus ouvert, transparent et innovant.
Des mesures concrètes pour changer les règles du jeu
La CMA a proposé plusieurs mesures pour bousculer l’écosystème actuel. Voici les principales pistes envisagées :
- Sortir des boutiques officielles : Permettre aux utilisateurs d’effectuer des achats en dehors des App Store et Play Store pour éviter les commissions imposées par Apple et Google.
- Transparence accrue : Obliger les plateformes à rendre leurs processus d’évaluation des applications plus clairs, afin que les développeurs comprennent pourquoi une application est acceptée ou refusée.
- Accès aux fonctionnalités clés : Offrir aux développeurs un meilleur accès aux outils et fonctionnalités des appareils, notamment pour Apple, accusé de verrouiller certaines capacités essentielles.
- Portefeuilles numériques : Réduire les restrictions imposées par Apple sur les portefeuilles numériques tiers, favorisant ainsi plus de choix pour les paiements mobiles.
Ces propositions visent à desserrer l’étau des deux géants sur le marché. Par exemple, permettre des achats hors boutiques officielles pourrait réduire les coûts pour les développeurs et, par ricochet, pour les consommateurs. Mais ces changements ne se feront pas sans résistance.
La réponse des géants : entre défense et collaboration
Google a rapidement réagi, qualifiant la proposition de la CMA de décevante et injustifiée. Selon un responsable de l’entreprise, le système Android et le navigateur Chrome, tous deux open source, favorisent déjà l’innovation et la sécurité pour les utilisateurs. Google affirme vouloir collaborer avec la CMA, mais défend son modèle actuel, qui repose sur une large accessibilité de son code aux développeurs.
Android et Chrome, en étant open source, permettent d’assurer un grand choix, la sécurité et l’innovation pour les utilisateurs.
Responsable de Google
De son côté, Apple n’a pas encore réagi publiquement. Cependant, l’entreprise est connue pour défendre farouchement son écosystème fermé, qu’elle justifie par des questions de sécurité et de qualité pour ses utilisateurs. La bataille s’annonce donc complexe, avec des enjeux qui dépassent les frontières britanniques.
Un précédent dans la recherche en ligne
Ce n’est pas la première fois que la CMA cible Google. Fin juin 2025, l’autorité a proposé de désigner l’entreprise comme société stratégique dans le domaine de la recherche en ligne, en raison de la domination écrasante de son moteur de recherche. Si cette désignation est confirmée, Google pourrait être contraint d’afficher un écran de choix pour les moteurs de recherche ou de garantir un classement plus équitable des résultats.
| Secteur | Mesure proposée | Impact attendu |
|---|---|---|
| Smartphones | Achats hors boutiques officielles | Réduction des commissions, plus de choix |
| Smartphones | Transparence dans l’évaluation des apps | Équité pour les développeurs |
| Recherche en ligne | Écran de choix pour les moteurs | Concurrence accrue entre moteurs |
Ces mesures montrent une volonté claire de la CMA de s’attaquer aux pratiques des géants technologiques dans plusieurs secteurs clés. Mais quelles pourraient être les conséquences pour les utilisateurs britanniques et au-delà ?
Quels impacts pour les utilisateurs et les développeurs ?
Pour les utilisateurs, ces régulations pourraient se traduire par plus de choix et des prix potentiellement plus bas. Par exemple, en contournant les boutiques d’applications, les développeurs pourraient proposer des abonnements ou des achats in-app à des tarifs plus compétitifs. Cependant, cela pourrait aussi compliquer l’expérience utilisateur, avec des systèmes de paiement moins centralisés.
Pour les développeurs, l’ouverture des plateformes pourrait offrir plus de liberté. Un accès simplifié aux fonctionnalités des appareils, comme les capteurs ou les systèmes de paiement, permettrait de créer des applications plus innovantes. Mais cela pourrait aussi engendrer des défis, notamment en termes de sécurité, si les boutiques d’applications perdent leur rôle de gardien.
Un mouvement mondial pour réguler la tech
Le Royaume-Uni n’est pas seul dans cette croisade. L’Union européenne, avec son Digital Markets Act, impose déjà des règles similaires à Apple, Google et d’autres géants comme Meta. Ces régulations visent à briser les monopoles numériques et à encourager un marché plus équitable. Mais face à des entreprises aussi puissantes, la mise en œuvre reste un défi.
La consultation publique, qui se termine le 22 octobre 2025, sera déterminante. Les réactions des utilisateurs, des développeurs et des entreprises elles-mêmes pourraient influencer la décision finale de la CMA. Une chose est sûre : le paysage numérique est en train de changer, et les smartphones, au cœur de nos vies, sont au centre de cette transformation.
Vers un avenir numérique plus ouvert ?
La proposition de la CMA marque une étape importante dans la régulation des géants technologiques. En ciblant Apple et Google, le Royaume-Uni envoie un signal clair : la domination sans partage n’est plus acceptable. Mais les défis sont nombreux. Entre la résistance des entreprises, les enjeux de sécurité et les attentes des consommateurs, l’équilibre sera difficile à trouver.
Alors, à quoi ressemblera le marché des smartphones dans cinq ans ? Verrons-nous une explosion de nouvelles boutiques d’applications, des portefeuilles numériques plus variés, ou une fragmentation de l’expérience utilisateur ? Une chose est certaine : les décisions prises aujourd’hui façonneront notre rapport à la technologie de demain.
